Jeudi, Home Revival, 17h34...
Avant de rentrer chez elle, Iris s'était promis d'avoir un échange avec trois de ses pensionnaires. Il s'agissait en premier de Cassidy Heley, la quadragénaire avancée qui ne pouvait se mêler aux autres pour l'instant, à cause des séquelles physiques dues aux violents coups de son concubin. La comtesse toqua doucement à la porte derrière laquelle était réfugiée la femme, et celle-ci lui donna la permission d'entrer.
- Bonsoir Mme Heley, sourit la blonde en fermant dans son dos. Comment allez-vous ?
Deux oreillers soutenant son dos et sa nuque, son interlocutrice était assise le long d'un lit, vêtue d'une modeste robe grise, et les draps remontés jusqu'à la taille. Les cheveux coiffés en simple queue de cheval, elle tenait un livre en main et semblait lasse.
- Bonsoir Mme Iris, répondit-elle. Pour quelqu'un qui a frôlé la mort de trop près, je ne peux pas me plaindre de ma situation.
Le regard bienveillant, Iris prit place au bord du lit voisin.
- Vous me semblez avoir le cur bien lourd.
- C'est possible, mais sachez que je suis très reconnaissante d'être ici. Merci.
- Voyons, c'est un plaisir de vous accueillir. Votre reconnaissante ne vous ôte guère le droit d'avoir des préoccupations.
- Hum.
- Puis-je connaître la cause de votre souci ? Nous sommes là pour vous aider à aller mieux. N'hésitez pas à vous exprimer.
- Je ne sais que dire.
- Commencez quelque part, je suis certaine que vous trouverez les mots.
- C'est à propos de ma fille.
- D'accord. Qui y-a-t-il ?
- J'ai honte, confia-t-elle avec une profonde tristesse dans la voix. J'ai tellement failli auprès d'elle en tant que mère, que j'ai du mal à la regarder dans les yeux. Je n'ai pas su la protéger, et par ma faute elle a toujours dû porter le rôle d'adulte, de fille protectrice.
- Elle vous aime.
- C'est justement là où se trouve le problème. Morgane m'aime beaucoup trop. D'aussi loin que je me souvienne dans notre vie, je passais constamment avant elle.
Iris acquiesça pour l'encourager à continuer.
- Comme si c'était moi la fille et elle la mère. Elle était toujours prête à faire des sacrifices pour moi. Sotte et égoïste que j'étais, je prenais cela comme un dû et je n'hésitais pas à m'appuyer sur elle. Le tout sans comprendre qu'elle-même souffrait beaucoup.
- Votre fille semble en effet être dotée d'une force de caractère exceptionnelle. Pour parvenir à se reconstruire après ce qu'elle a dû subir, il faut énormément se faire violence.
- Oui. Je suis très fière d'elle. Et j'ai l'impression de ne pas être en droit d'être sa mère. Une fille comme elle, je ne la mérite pas.
- Ne dites pas ce genre de choses. C'est très grave.
- Pourtant, c'est ce que je ressens. J'ai honte d'avoir une énième fois dû lui demander de m'aider.
- Se soutenir entre mère et fille est normal et légitime.
- Sauf qu'en général, la balance ne doit pas être déséquilibrée. Je m'appuie depuis trop longtemps sur elle, alors qu'elle-même a déjà suffisamment de fardeaux.
- Si elle vous soutient et se montre tout le temps présente pour vous, c'est qu'elle vous aime énormément et est consciente que ses efforts valent la peine. De plus, elle doit savoir et sentir que vous l'aimez.
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Les Rebelles De Londres [Histoire Terminée Et Éditée]
Historical FictionAngleterre 19eme siècle, Londres... Lady Iris, comtesse de Rothwell, est une jeune veuve que la vie n'a pas épargnée. trahie, blessée et rejetée par des personnes en qui elle avait mis sa confiance, elle a développé un cœur de glace selon la rume...