Chapitre 55 : Julien, Théa, June.

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Londres, cathédrale Saint-Paul, jeudi à l'aube naissante...

Huit hommes étaient réunis derrière le grand édifice dit saint. Julien était avec ses témoins qui étaient le marquis d'Hastings et lord Maxwell, son frère quant à lui s'était fait accompagné par le vicomte de Bayham et Sir Dylan Farrow. Un médecin équipé d'une trousse complète de secours était en train de patienter dans un angle reculé, tandis que celui qui tenait le rôle d'arbitre consultait sa montre de gousset au milieu de la future scène de duel.

Depuis le traitement impitoyable que le jeune avocat avait infligé à son frère, une semaine ne s'était pas encore écoulée, et celui-ci en portait les marques. La chevelure dorée retenue dans un catogan, vêtu beaucoup plus sobrement que d'habitude, l'aura étrange, Edmond Beverley avait le visage assez enflé et bleui par endroit - essentiellement la mâchoire, le coin des lèvres, le nez et l'œil -, son épaule et son bras gauches reposaient dans une solide attelle et il tenait fermement un pistolet dans sa main valide. En fait, il n'avait guère été prévu dans le programme de Julien que cet affrontement ait lieu si vite, mais son aîné avait tellement insisté qu'il s'était résolu à adhérer. Il ne savait pas ce que son frère avait en tête, mais ça lui importait peu, car plus rapidement il en aurait fini avec cette affaire mieux il se sentirait pour avancer. Si Alfonse et Marie Rogers étaient bien au courant de l'avancée de la date, ce n'était pas le cas de Théa. Elle allait lui en vouloir, mais Julien se sentait plus tranquille ainsi. La jeune femme qui avait déjà mal pris l'idée du duel, aurait bien été capable de venir s'interposer s'il lui avait donné tous les détails.

- Tu n'y es guère allé de main morte, commentait lord Alfred à voix basse auprès de lui. Ce cher Edmond a le visage arc-en-ciel.

- Les séquelles de notre échange auraient été moins visibles s'il avait raisonnablement attendu jusqu'à samedi, marmonna le brun en vérifiant que son arme fonctionnait correctement.

- Qu'a-t-il en tête d'après toi ? questionna son ami en enfonçant ses mains dans les poches de son manteau.

- Je l'ignore, mais si c'est inspirer ma pitié qu'il espère, il perd juste son temps.

- Je ne peux qu'approuver. Après le coup abjecte qu'il a manigancé, on peut difficilement le plaindre.

- Alfred, si seulement tu avais vu le visage de Théa... Elle faisait la forte, mais était terrifiée. Malgré toutes ses explications, je peine toujours à comprendre comment elle a pu s'échapper. Son courage m'a laissé sans voix.

- En effet, elle a été très brave et chanceuse.

- Avec toutes les femmes qui sont disposées à se donner à lui avec ou sans épaisse contrepartie, il a fallu qu'il décide de s'imposer à une qui le rejette de plein droit. Cette pensée me répugne et me donne envie de le frapper encore plus que la fois dernière.

- Je te soutiens. Sa manière de voir les choses et d'y réfléchir est loin d'être saine s'il a fallu qu'il aille aussi loin pour satisfaire sa convoitise d'une femme.

- J'ai toujours méprisé les idées qu'il nourrissait envers le sexe opposé, mais en général j'évitais de m'en mêler tant qu'il utilisait son pouvoir et son statut dans la limite du raisonnable. Mais cette fois, il est allé trop loin.

- C'est le moins que l'on puisse dire. Même venant de lui, s'en prendre à une jeune femme sans défense est un acte inattendu qui m'a révolté, et que je considère comme étant inacceptable.

- Moi aussi je ne m'attendais pas à cela de lui. Il m'a extrêmement déçu.

- C'est ton frère après tout, je ne peux que te comprendre. Quoi que l'on dise, il y a une limite aux défauts sur lesquels on est prêt à fermer les yeux. C'est pénible.

Les Rebelles De Londres [Histoire Terminée Et Éditée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant