Chapitre 61: Ruth, Alfred, June.

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Résidence du duc de Longwood, une semaine plus tard, 10h37...

Sept jours exactement s'étaient écoulés depuis que Ruth avait reçu une balle dans l'épaule. Celle-ci avait repris connaissance le surlendemain, pour découvrir des visages emplis de larmes qui débordaient de soulagement. June et Iris l'avaient serrée si fort que l'infirmière veillant sur elle, avait dû les écarter avec fermeté et gentillesse. Claire et Christelle avaient éclaté en sanglots sans cesser de se confondre en mots touchants. La convalescente les avait remerciées, puis toutes ces femmes avaient ri de bon cœur. Adrian était entré dans la pièce à ce moment-là, et sa sœur avait été saisie par l'expression peinte sur son visage. La tendresse, la joie et l'amour qui l'illuminaient avaient paru si immense qu'elle s'était demandé si ce n'était point un autre homme.

Tous les gens présents s'étaient écartés afin qu'il puisse atteindre sa sœur. Le jeune homme avait caressé le visage décontenancé de sa cadette d'une main dénuée d'assurance, l'avait doucement enlacée et elle avait répondu à cette étreinte fraternelle, qui lui avait procuré un bonheur unique et difficile à décrire. Ruth avait alors eu la certitude qu'il l'aimait profondément et qu'il été terrifié à l'idée qu'elle ne se remette pas de sa blessure.

Adrian n'était plus l'étrange frère désagréable, égocentrique et glacial qui l'avait retrouvée, et avec lequel elle avait plusieurs fois eu de la peine à s'exprimer avec confiance. Il était devenu un frère à part entière qui - même s'il pouvait se montrer difficile - l'aimait, l'écoutait, souhaitait son épanouissement et lui accordait maintes libertés tout en veillant à sa sécurité.

À l'heure actuelle, assise dans son lit et soutenue par plusieurs oreillers, des draps la couvrant jusqu'à la taille, Ruth en chemise d'intérieur feuilletait un roman d'aventures. Grace aux fenêtres grandement ouvertes et aux rideaux repoussés sur les côtés, la lumière du soleil baignait ses appartements. Elle était détendue ce matin et avait hâte de recevoir certaines visites.

- Je me réjouis de voir que tu contenues sur la bonne lancée de terminer tes repas, commentait son frère aîné en pénétrant dans la pièce. Comment vas-tu ?

- Bonjour Adrian, sourit-elle. Je vais bien, et toi ?

- Pareil, voire bien mieux que toi. Depuis que tu es hors de danger, je n'ai guère à me plaindre de la vie.

- Je vais finir par m'habituer à cette nouvelle amabilité, et ce ne serait point avantageux pour ta réputation de lord antipathique.

- Il faudrait encore que des gens soient prêts à témoigner que j'aie ce côté.

- Les employés qui sont témoins de tes douces attentions à mon égard n'oseraient pas, mais qu'en est-il des nobles ?

L'air indifférent, le brun haussa les épaules et avança afin de s'asseoir dans une haute chaise sur le côté, en lui faisant face. Sa sœur l'observa sans mot dire.

- Comment était la nuit ? As-tu eu de nouveaux élancements ?

- Oui, mais rien de bien grave. On a ôté le pansement pour vérifier comment la cicatrice évolue et il n'y a rien eu d'inquiétant. Tu n'as pas à t'en faire, Adrian. D'ailleurs je ne devrais plus avoir à garder le lit pendant toute une journée.

- Je préfère néanmoins que tu y restes pour ne pas abuser de tes forces.

- Je ne suis pas une délicate oie blanche.

- C'est sans doute la même chose que tu disais et pensais déjà lorsque tu as pris des risques au courant des derniers mois.

- Je suis désolée.

Les Rebelles De Londres [Histoire Terminée Et Éditée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant