Chapitre 28 ✅: Théa.

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Vendredi, Home Revival, 12h32...

Après le départ de lord Alfred et de Ruth Carrey, Théa décida de monter à l'étage afin de discuter à l'écart avec Danielle Peters - la pensionnaire arrivée la veille - pendant que les autres cousaient des vêtements sous les directives de la gouvernante.

- Est-ce que vous vous plaisez ici ? s'enquit la grande brune en allant se tenir aux côtés de son interlocutrice.

Toutes les deux regardaient le jardin, les mains appuyées sur la structure du balcon.

- Évidemment, répondit-elle, cet endroit est magnifique, paisible.

- Vous me rassurez.

- Merci encore pour tout ce que vous faites, Mlle Théa. Je n'aurais jamais cru pouvoir profiter d'une seconde chance comme celle-ci au cours de ma lamentable vie.

- Votre vie n'est pas lamentable, cessez de la dénigrer. Comme la plupart des personnes sur votre route, vous avez fait face à des difficultés et vous avez commis des erreurs. Ce n'est pas pour autant que tout est perdu ou que votre bilan est déplorable.

Son interlocutrice lui accorda un mince et timide sourire reconnaissant avant de s'exprimer :

- Lorsque Millicent m'a parlé de votre association, j'ai écouté ses explications comme un appel vers l'avenir. J'ai bondi sur cette opportunité comme si c'est elle que j'attendais depuis longtemps, et... j'ai l'intention de persévérer jusqu'au bout sur cette voie. Mais je me questionne encore sur ce que j'ai pu faire de particulier ou de bien durant ma vie pour avoir droit à tout ceci.

- Ne soyez pas dure envers vous-même. Comme acte admirable, je peux prendre pour exemple le fait que vous vous soyez mise à travailler très jeune. À votre âge, j'étais constamment accrochée aux jupes de ma mère tandis que, de votre côté, vous participiez déjà aux dépenses de vos tuteurs dans la maison.

- Je n'avais pas le choix, je sentais que j'étais un poids. Je me suis jetée sur les premières besognes qui rapportaient des sous pour gagner ma place là-bas.

- Vous étiez très éveillée.

- Euh... oui, peut-être. En tout cas, cela ne m'a pas empêché de quitter le travail le plus rentable que j'avais jamais eu - celui de serveuse de bar - pour plonger la tête baissée dans un mariage qui s'est terminé tristement.

- Le salaire gagné était dérisoire, malgré tout, je suppose.

- Ah oui, des clopinettes. Mais je me débrouillais très bien avec les pourboires des clients... Même si je n'aurais pas pu me payer un cottage ou une maisonnette avec ça au bout de quinze ans.

C'était une triste réalité à laquelle faisaient face la plupart des gens travailleurs des banlieues, ils ne vivaient pas mais survivaient juste avec leurs maigres revenus jusqu'à ce que la mort survienne. Certains choisissaient de ce fait de jouir au jour le jour en se persuadant que cela ne changerait rien à leur sort dans les jours derniers ; ils sombraient alors dans la débauche, faisaient des enfants ici ou là pour les abandonner par la suite, se droguaient et faisaient taire leurs rêves aux tréfonds de leur personne, puis se séparaient de tout scrupule quand des gens vicieux demandaient des services amoraux en échange de sommes d'argent rares dans les environs.

- On ne peut pas vous en vouloir d'avoir quitté cet emploi dès que la première proposition décente de mariage s'est présentée. Dans ce milieu, et en règle générale, la plupart des clients ne sollicitent que les galipettes d'une nuit.

- Vu sous cet angle...

- La proposition de cet homme apparaissait donc comme une aubaine à saisir absolument. Et soyons honnêtes, qu'attendait-on de vous autre que le mariage ?

Les Rebelles De Londres [Histoire Terminée Et Éditée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant