prologue ✅ .Vol.1

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Angleterre, Londres 1854, résidence du comte de Rothwell, 15h09...

Une belle femme d'âge mûr, blonde et élancée, ayant le port d'une reine, franchit la porte principale de la maison sans prêter attention au majordome qui se penchait poliment en lui ouvrant la porte. C'était la marquise de Hasting. Cette dernière franchit le couloir à pas mesurés et se dirigea sans tergiverser dans la grande serre qu'entretenait personnellement sa fille. Une fois devant la porte, elle frappa quelques coups, mais personne ne lui répondit. Elle tourna alors la poignée et entra sans aucune procédure avant de refermer derrière elle.

Sa fille lui tournait le dos. Elle était vêtue d'une simple robe verte à manches longues, et une grande écharpe recouvrait ses cheveux blonds en dissimulant son visage. Lady Iris de Rothwell arrosait ses plantes dans cet espace lumineux et ne semblait pas avoir réalisé que sa mère était entrée.

- Iris, fit la marquise. Ça fait deux mois que vous ne sortez plus de la maison, vous ne venez même plus me rendre visite. Que se passe-t-il ?

La jeune femme de vingt-quatre ans, qui n'était pas aussi élancée que sa mère, déposa son arrosoir à ses pieds et se redressa sans se tourner.

- J'avais interdit toute visite, même la vôtre, mère. Je ne comprends pas ce qui vous amène ici, dit-elle posément.

- Retournez-vous avant de me parler, c'est la moindre des choses. Je suis encore votre mère en plus d'avoir un titre plus élevé que le vôtre, Iris.

- La réputation de la famille, les titres de noblesse, c'est tout ce qui a toujours compté pour vous. Si seulement j'avais été aussi rebelle que mon frère Alfred, cela m'aurait épargnée bien des choses.

- Alfred est un homme en plus d'être votre frère aîné de trois ans, cela n'a pas de sens que vous vous compariez à lui. Vous n'êtes qu'une femme et vous n'y pouvez rien.

- C'est là le problème, « je suis une femme » ; et cela justifie tout n'est ce pas ?

- Vous êtes encore en colère à cause de la dernière discussion que nous avons eue, je présume.

- Peut-être bien. Vous m'aviez demandé de fermer les yeux sur les infidélités de mon mari, puisque ma place auprès de lui était garantie grâce à l'héritier que je lui ai donné.

- Iris ce n'est pas un conseil si tragique, beaucoup de femmes vivent avec les infidélités de leurs époux sans problème et s'en sortent assez bien.

- Vos paroles me sidèrent, mère, répliqua la jeune femme dans un rire incrédule. Vous le dites avec tant d'aisance, de naturel, comme si c'était normal de tolérer de tels agissements. Savez-vous au moins comment je me suis sentie lorsque j'ai su qu'il m'avait trahie ? Je me suis perçue comme sans valeur, humiliée, rabaissée. Tout cela alors que ce n'est pas moi qui devrais avoir honte, mais lui ! Or la société pardonne tout aux hommes et condamne les femmes en tout.

- Vous avez toujours été trop intelligente pour votre propre bien, ma chérie et trop peu conformiste. Arrêtez de vouloir toujours tout remettre en question. Les choses sont ainsi faites, elles ne changeront pas et vous devez l'accepter.

Iris se retourna à demi, bien qu'on ne pouvait voir son visage à cause de l'écharpe qui la couvrait jusqu'au nez.

- Êtes-vous frileuse ou avez-vous développé une allergie pour certaines de ces plantes, Iris ? s'enquit la marquise.

La jeune femme haussa ses épaules d'un air indifférent, puis, fit complètement face à sa mère et plongea son regard triste dans le sien. Cette expression, elle l'avait acquise un an après avoir épousé Alexis de Rothwell, ce bon parti qui lui avait paru le plus charmant des hommes... mais qui s'était révélé être l'un des pires.

Les Rebelles De Londres [Histoire Terminée Et Éditée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant