Chapitre 52 : June, Théa, Julien.

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Londres, restaurant Rogers...

Assise dans l'habitacle du fiacre qu'elle avait emprunté, par la fenêtre, lady June observait depuis un bon bout de temps le portail de la famille Rogers. Il lui semblait à présent, que tous les clients et employés étaient déjà partis car l'établissement portait la mention « fermé ». C'était donc le bon moment de se présenter.

Vêtue très modestement en chemisier et jupe noires, avec un bonnet de bonne sur la tête pour dissimuler sa chevelure de feu, un bagage lourd à la main - qui contenait ses affaires - , la jeune femme descendit du véhicule. Elle remercia le cocher qui avait bien voulu la conduire jusqu'ici et patienter, moyennant une somme raisonnable. Ce dernier lui souhaita une excellente soirée et elle se déplaça à pas hésitants jusqu'à l'entrée de la maison de Théa. Respirant profondément, la lady se résolut à toquer, le cœur contracté de nervosité ; puis se morigéna mentalement avant de tirer sur le cordon qui faisait tinter la clochette intérieure. Une voix agréable ne tarda guère à se faire entendre.

- J'arrive ! cria madame Rogers. Qui est-ce ?

L'intruse n'osa pas répondre. Le judas fut ouvert et elle croisa le regard vert de la propriétaire des lieux.

- June ? murmura celle-ci dans un hoquet de surprise.

La concernée esquissa un sourire embarrassé. Les loquets furent rapidement désactivés et la petite barrière fut bientôt ouverte. La quadragénaire apparut, superbe dans une élégante robe gris-bleu aux manches semi longues, les cheveux coiffés en chignon haut. La jeune aristocrate fut jaugée de la tête aux pieds, l'inquisition se se terminant sur le sac posé à ses pieds.

- C'est vraiment vous ?

C'était plus un constat qu'une question.

- Je... Bonsoir Madame, balbutia la fugueuse. Puis-je entrer ?

Son interlocutrice l'observa encore avec incrédule avant de sourire gentiment.

- Bonsoir, lady June, dit-elle. Oui, vous... pouvez bien évidemment entrer.

Rassurée, June voulut se baisser pour récupérer son sac, mais son hôtesse la devança et pivota pour traverser la cour. La jeune noble suivit Marie après avoir fermé le portail et poussé les loquets.

Des minutes plus tard, la belle aristocrate était installée dans un grand salon à l'étage, il était magnifiquement décoré avec des teintes qui renvoyaient une aura chaleureuse. La restauratrice lui faisait face, l'expression curieuse, bienveillante et... résignée ?

- Je sais que vous ne m'attendiez guère, Madame.

- En effet, pour une surprise, c'en est une. Néanmoins, elle n'est pas désagréable.

- Oh, vous êtes gentille de le dire. Merci.

- Je vous en prie.

- J... Tout à l'heure, vous m'avez appelée simplement p... par mon prénom.

- Veuillez m'en excuser, je me suis reprise.

- Oh, non. Ne le faites point, s'il vous plaît. Cela ne m'a pas déplu, mais m'a donné l'impression d'être accueillie en terre connue.

- Vraiment ?

- Oui, je vous assure, admit la jeune lady en rougissant et en tripotant nerveusement le tissus de sa jupe.

- Alors, je le referai. June... C'est cela ?

- C'est parfait, merci.

Son interlocutrice sourit, les yeux brillants d'intensité.

Les Rebelles De Londres [Histoire Terminée Et Éditée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant