Résidence du duc de Longwood, 16h36...
Moins d'une heure plus tôt, alors qu'il était en pleine conversation avec un allié de son père à la chambre des lords, les deux hommes avaient été interrompus par un gamin ayant un message urgent à transmettre à Adrian, de la part de son épouse. Ce dernier s'était alors excusé auprès de son interlocuteur compréhensif et s'était esquivé, pour récupérer le billet et interroger le garçon à propos. Le messager ne lui avait fourni aucune information et le noble l'avait laissé partir afin de prendre connaissance de ce que disait June.
Le choc de la découverte l'avait cloué sur place. Écrites noir sur blanc, les phrases l'informaient qu'un individu avait tiré sur Ruth et qu'elle avait été ramenée dans sa chambre à la résidence après avoir reçu les premiers soins, ce, en entendant que le médecin de la famille l'examine. Comment cela avait-il pu se produire ? La nouvelle était invraisemblable ! La poitrine soudainement contractée par l'inquiétude et la douleur, il avait sauté dans sa berline en ordonnant au cocher de lancer les chevaux à grande vitesse. Ce qui avait été fait. Une fois arrivé à destination, il avait gravi les différents escaliers et rejoint les appartements de sa sœur en trombe, sans se soucier du regard des domestiques.
C'est ainsi qu'il avait découvert Ruth inconsciente dans son lit, le visage extrêmement pâle ; tandis que Hastings - qu'il était surpris de voir-, June et Christelle - la camériste - étaient installés dans la pièce. Aucun d'eux n'avait osé le regarder droit dans les yeux, bien qu'ils s'étaient redressés à son entrée. L'initiative première de Adrian avait été d'approcher sa sœur pour caresser son visage familier, afin de percevoir sa chaleur qui le rassura sur le fait qu'elle soit bien vivante. Ensuite, lorsqu'il s'était tourné et avait exigé qu'on lui explique ce qui s'était passé, tous avaient eu une expression coupable et s'étaient abstenu de répondre. Furieux de ce silence, le brun avait ordonné sur un ton puissant et impérieux qu'ils sortent, et était resté seul avec sa jeune sœur après que les autres eurent obtempéré.
- Puis-je l'examiner, milord ? interrogea le praticien présent depuis quelques minutes.
Le concerné sortit brusquement de ses pensées. Paraissant on ne peut plus frêle dans la chemise de nuit ample et les draps qui la couvraient, la blessée toujours inconsciente fronça les sourcils et geignit de souffrance.
- Bien sûr, répondit le jeune homme d'une voix hésitante.
Comme il s'était assis au bord du lit de Ruth, il quitta cette place et se dirigea lentement à reculons vers la porte afin de respecter sa pudeur.
- Pensez-vous qu'elle s'en sortira, docteur ? reprit-il.
- Je ne puis répondre sans avoir vérifier par moi-même la gravité de sa blessure.
- Très bien.
- Je ferai vite et je vous rendrai compte.
- C'est compris.
Sur ce, le noble sortit enfin et alla patienter dans le couloir, le dos appuyé contre un mur, le visage levé vers le plafond et le souffle pénible. Adrian se retenait de rejoindre ceux qui avaient plus d'informations que lui sur ce qui était arrivé. Il ne sentait très mal, déboussolé, impuissant. Des cris sourds de sa sœur lui parvinrent, sûrement dus à l'inspection de sa plaie.
Après un temps qui lui semblait interminable, le battant s'ouvrit à ses côtés et le docteur réapparut avec sa mallette de soin. Le frère de la patiente se redressa afin de lui faire face, desserrant le nœud de cravate de sa chemise.
- Comment va-t-elle ? questionna le frère soucieux.
Le praticien âgé ajusta le cadre de ses verres sur son nez et eut une expression neutre.
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Les Rebelles De Londres [Histoire Terminée Et Éditée]
Fiction HistoriqueAngleterre 19eme siècle, Londres... Lady Iris, comtesse de Rothwell, est une jeune veuve que la vie n'a pas épargnée. trahie, blessée et rejetée par des personnes en qui elle avait mis sa confiance, elle a développé un cœur de glace selon la rume...