Petites histoires

22 (Hisoka x Kuroro)

Pour toi, P3psyRabbit 💕
J'espère que cette OS te plaira mon chat, je t'aime fort 💕

***

Il franchit le seuil, pousse l'une des nombreuses bouteilles jonchant le sol du pied. Il lève la tête et le voit, assis devant la table de leur cuisine, une nouvelle bouteille d'alcool à moitié vide dans la main. Il s'approche et l'attrape.

- Ça suffit, tu as assez bu pour aujourd'hui.

- Rends-moi ça !

L'homme est dur, agressif, il n'est pas lui-même, cela fait longtemps qu'il a arrêté de l'être, longtemps que son compagnon assiste, impuissant, à sa chute, tentant du mieux qu'il peut de l'aider, de le sauver, mais rien n'y fait. Son regard est vide, perdu, hagard, il tend la main, cherchant à saisir son bien.

- Je t'ai dit non, Kuroro, ça suffit ! Il faut que tu ailles te reposer.

- Et moi... JE T'AI DIT DE ME RENDRE ÇA !

Il se lève brusquement et assène un violent coup au visage de son homme. Celui-ci recule, vacillant, chancelant, sidéré. Jamais il n'avait levé la main sur lui, jamais. Le magicien n'en revient pas.

Kuroro regarde ses mains, atterré, mais qu'a-t-il fait ? Il se laisse tomber sur la chaise et commence à pleurer. Hisoka le rejoint, passe son bras sur ses épaules et le soutient tandis qu'il l'amène dans leur chambre à l'étage.

Il le couche et veille, le rassurant quand les cauchemars deviennent trop intenses, l'aidant à se rendormir.

Il n'en peut plus de cette vie. Cela fait des mois maintenant, voire plus, il a arrêté de compter. Des mois que Kuroro boit, tous les jours, qu'il finit dans le même état. Des mois qu'il doit s'en occuper le soir et travailler la journée. Il ne vit plus pour lui, il n'existe que pour sauver son amant.

Leur couple, autrefois si solide, si aimant, a fané, emporté par les flots d'alcool, noyé par l'indifférence du voleur. Hisoka a beau chercher, se voiler la face, le défendre, lui trouver des excuses il sait que cette situation est en train de le tuer, qu'il l'a oublié, qu'il ne pense plus qu'à lui. Mais il n'arrive pas à le laisser, car il l'aime toujours, un amour désespéré ; il veut le sauver.

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*****

Le temps a passé, mais pas l'addiction du chef des araignées. Son compagnon ne sait plus quoi faire, son homme est devenu violent, il a appris à bloquer ses coups, à anticiper ses réactions, mais même s'il ne l'a touché qu'une seule fois, le geste reste le même, tout comme l'intention.

Il a essayé, il a fait de son mieux, mais il ne peut plus. Il s'est vu dépérir, maigrir, angoisser, pour le sauver. Mais lui ne pense qu'à l'utiliser. Son sourire qui ne quittait jamais ses lèvres s'est éteint, la lumière dans ses yeux aussi, et ses bras ont finalement été recouverts de cicatrices.

Il ne peut pas continuer, il a tout donné, mais ça n'a pas suffi. Il s'est détruit, mais personne ne lui sauvera la vie.

Alors il a finalement décidé de partir, de le laisser, même si la culpabilité le ronge, il n'a plus le choix. C'est ça ou mourir. Donc il s'en va, il s'en va en lui disant au revoir, en lui disant à quel point il l'aime, à quel point il est désolé, et à quel point il doit s'en aller sous peine d'y rester. Il s'en va en laissant les larmes tracer de fins ruisseaux sur ses joues. Il s'en va, c'est fini.

Kuroro fixe la porte, il ne comprend pas ce qu'il vient de se passer. L'alcool lui embrume l'esprit, si bien qu'il n'y voit plus clair depuis bien longtemps. Il ne comprend pas pourquoi, mais il sait que quelque chose de grave vient d'arriver, qu'il a fait une énorme erreur, qu'il faudrait qu'il ouvre la porte et se précipite pour le rattraper. Mais il ne bouge pas, il dodeline de la tête avant de s'effondrer sur la table.

Il se réveille en sursaut, le cauchemar encore en mémoire, un cauchemar où Hisoka partait, laissait tombé. Il regarde autour de lui, paniqué, pourquoi son compagnon ne l'a-t-il pas rassuré ? Pourquoi ne l'a-t-il pas réveillé ? Et à ce moment, il se rend compte qu'il est encore sur la table, que personne ne l'a couché, et la scène de la veille lui revient en mémoire. Ses yeux s'écarquillent alors qu'il commence à comprendre, l'angoisse chassant les résidus d'alcool, le début de migraine et lui ramenant sa lucidité, disparue depuis une éternité. Il comprend tout, il revoit tout, toutes les choses horribles qu'il a faites, tout ce qu'Hisoka a supporté sans jamais broncher, avant de craquer. Il hurle et fracasse la table. Il tourne la tête vers une bouteille, il aimerait oublier, mais il sait que s'il fait ça maintenant, il ne le reverra jamais.

Il sort de leur maison en courant, se demandant où il peut bien être, cherchant dans sa mémoire un indice, mais il n'y arrive pas. Tous ses souvenirs sont flous, il ne sait même plus pourquoi il a commencé à boire, il a oublié la cause de tous ces déboires, il a effacé leur histoire. Ce constat le bouleverse, le transperce, il ne se souvient plus de leur passé, de leur premier baiser, de leurs rêves, de leurs endroits favoris, rien. Ou si, quelques bribes ici et là, des passages, mais si vagues.

Il erre sans but, ses pas le conduisant, comme par automatisme, au pied d'un saule pleureur, devant le lac miroitant. Les larmes continuent d'inonder ses joues. Cet endroit, c'était le leur, c'est là qu'ils s'étaient avoués leurs sentiments et partagés leurs rêves, c'est ici qu'ils avaient décidé de mêler leur destin. Mais à présent, il était seul, seul à pleurer sous le saule pleureur.

Kuroro se concentre, cherche dans les tréfonds de son esprit une piste, une simple piste, mais rien. Pendant ce temps, son corps l'avait amené devant une vaste étendue d'eau cristalline. Un majestueux saule dominait les rives, il s'en approche, les souvenirs revenant à la surface. Il tend alors l'oreille et entend les sanglots, des sanglots qui traduisent tant de douleur, de nostalgie, qu'ils lui détruisent le cœur, car il sait à qui ils appartiennent.

Il s'avance, contourne l'arbre puis le voit, recroquevillé, la tête dans les mains. Il s'approche, et le prend dans ses bras. Hisoka relève la tête, surpris, sur la défensive. Mais en le voyant, tout son être se détend.

Il pense rêver, alors il se laisse aller dans les bras de celui qu'il aime.

Kuroro le sert contre lui. Il sent alors à quel point il a maigri, il voit ses cernes et les cicatrices. Aucun mot ne peut décrire la manière dont il s'en est voulu, la culpabilité qui l'a envahi.

Il s'est effondré, en larmes, en demandant pardon au ciel et à la terre pour ses crimes, en implorant le pardon du magicien. Celui-ci a alors compris.

Il lui a relevé la tête, et a accepté ses excuses. Mais il n'a pas oublié pour autant, regagner sa confiance prendra du temps, mais Kuroro est prêt à tout pour y arriver.

Le voleur a plongé son regard dans celui du magicien, avant de sceller leurs lèvres avec passion et regrets. Il l'a embrassé, désespérément, amoureusement et Hisoka a répondu à son baiser avec hésitation et douceur.

Les deux hommes ont retrouvé leur équilibre passé, cette aventure les avait marqués mais ils s'en étaient relevés plus forts et amoureux que jamais.