84 (Hisoka x Irumi)

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Hey, techniquement, oui, je suis en retard, mais les OS vont maintenant sortir les vendredis, les samedis ou les dimanches parce que c'est trop compliqué pour moi sinon. J'espère que vous comprendrez. À part ça, vous allez bien ? Je l'espère ! Et j'espère aussi que cette histoire vous plaira ! 😊

***

- Il ne faut pas aimer, cela te mettrait en danger.

Simple phrase tournant en boucle dans son esprit, envahissant sa vie, contrôlant ses envies. Pourtant, il aurait vraiment aimé que ça ne se passe pas ainsi, mais c'est la seule chose qu'on lui a appris. Il lève les yeux, observant l'homme se tenant à la fenêtre de l'appartement.

Il est beau. Il peut essayer comme il le peut de ne pas s'y intéresser, en revanche, il ne peut contredire le fait que cet homme est indéniablement beau avec son dos tout en muscles, sa taille fine, sa peau laiteuse et ses cheveux ondulant sur sa nuque. Assis comme il l'est sur le rebord de la fenêtre, les yeux dans le vide, cigarette à la main, portant un simple pantalon blanc, il semble tout droit sorti d'un tableau empreint de mélancolie.

L'homme laisse son regard parcourir les courbes de ce corps qu'il connait aussi bien que les siennes et pourtant, il a l'impression de les redécouvrir à chaque coup d'œil. Allongé sur ce lit, le drap remontant jusqu'à son cou, tourné vers la fenêtre illuminée par les lueurs des reverbères, il se demande quelle est la raison des insomnies constantes de son.. Partenaire ? Amant ? Un mélange des deux sans doute, mission ensemble, nuit qui suit, rien de plus, rien de moins, pas d'attache, pas de sentiments. Alors, pourquoi s'inquiète-t-il pour lui ? Peut-être car il le sent chaque nuit quitter le lit une fois qu'il pense qu'il est endormi avant de s'asseoir à cette fenêtre, une jambe appuyée contre son torse, la fumée de sa cigarette se perdant dans l'entrebaillement. Et à chaque fois, ses prunelles d'or liquide, ces prunelles dans lesquelles il se perd chaque soir contre sa volonté, toujours joueuses, rieuses, paraissant heureuses, se vident petit à petit de toute cette comédie, restant simplement vides, complètement vides, presque tristes. Et son visage aussi, il ôte ce sourire qu'il porte tout le temps, et alors, son expression se fait si mélancolique et sérieuse, même douloureuse. Et pour la première fois, cet être sans cœur semble vulnérable avec ses cheveux tombant dans son cou et non dressés comme à leur habitude, son corps ne revêtant pas son costume, et son visage sans maquillage cessant de jouer son personnage.

Et en le voyant ainsi chaque nuit, se posant mille et une questions sur la raison de son air, l'assassin s'est senti doucement s'adoucir, attendri par cette facette que lui seul avait vu de cet homme, facette qu'il n'était pas supposé voir. Et malgré tout ce qu'on lui a enseigné, cette haine envers les sentiments qu'on lui a inculquée, il ne peut s'empêcher de tomber amoureux jour après jour de cet homme bien plus brisé que ce qu'il veut bien montrer. Et au petit matin, cet excellent comédien se lève, revêt son haut et tous ses accessoires, endosse son personnage, un sourire crispé se dessinant sur son visage, comme si jouer ce rôle lui coûtait bien plus qu'il ne voulait l'accepter. À cet instant, Irumi se relève et les iris dorés s'imprègnent immédiatemment de cet air taquin, le sourire joueur se dessine sur les lèvres, s'étire, et la voix narquoise s'élève. Tout cela en quelques secondes à peine. Et l'assassin sent toujours son cœur se serrer devant cette métamorphose, devant l'enterrement de celui que le magicien est vraiment.

Ils parlent, comme si de rien était car en théorie, il n'est pas censé le voir se lever toutes les nuits. Alors ils discutent, de tout et de rien, le clown provoque gentiment l'assassin, et tous les deux savent que leur relation n'est plus la même, qu'ils sont bien plus proches qu'avant, et aucun des deux ne sait dire si c'est pour le meilleur ou le pire. Ils savent simplement qu'ils s'aident mutuellement à attraper quelques étincelles de bonheur, à s'éloigner de leur quotidien de peur, repoussant légèrement leur malheur, leur douleur. Et ça leur fait du bien.

Les jours passent, tranquilles, et les mêmes habitudes se mettent en place, chaque jour et chaque nuit, devenant leur routine, un train de vie qu'ils apprécient, enfin, dont ils affectionnent une partie. Cette partie où ils discutent, ressemblant plus à des amis qu'à des partenaires de crimes, chose qu'ils sont pourtant, partant chaque soir pour assassiner quelqu'un ayant été désigné par leurs employeurs avant de revenir dans cet appartement et de laisser libre court à leurs pulsions, car oui, pas de sentiments, seulement des envies écoutées avec passion.

Mais plus le temps défile, plus les deux hommes voient les différences, leurs sourires se dessinant d'eux-mêmes sur leurs lèvres quand ils s'aperçoivent, leur rire devenant sincère face à leurs petites provocations, les soirs se peuplant peu à peu de discussions, occultant leurs désirs autrefois si pressants. Le magicien est le premier à comprendre, malgré leur accord, ils ont violé la règle d'or. Il ne pensait pas cela possible, entre lui, le magicien fou et puissant, et son amant, l'assasin insensible et ne laissant transparaître aucune émotion. Comment cela avait-il pu arriver ? Il n'avait même pas remarqué l'instant où l'homme aux aiguilles s'était mis à sourire, trahissant ainsi sa métamorphose, et aujourd'hui, cela lui semblait si familier d'observer ces lèvres dessinant un sourire léger.

Et puis, une nuit, alors que le magicien était assis sur sa fenêtre, laissant son regard se perdre dans les brumes d'un passé qu'il tente de faire disparaître, deux bras ont entouré son torse nu, l'enlaçant dans une étreinte réconfortante. Et à cet instant, contre toute attente, il a posé sa main sur la peau pâle l'encerclant et l'a pressée doucement. Il sent les cheveux lisses glisser le long de son dos, le menton de son partenaire appuyer sur son épaule. Il savoure ce contact et cette chaleur, pour la première fois depuis si longtemps, il laisse parler son cœur.

Tout à coup, il tourne la tête et s'empare des lèvres de son amant, mais pas comme avant, non, avec amour, avec tendresse, avec douceur, toutes ces choses qu'il s'était interdit depuis si longtemps. L'assassin répond à son baiser, il s'empare de ses mèches roses tandis que le magicien parcourt son dos, sa taille, ses bras. Ils s'embrassent, rien de plus, rien de moins, et ils sont amoureux, un miracle pour chacun des deux.

Et enfin, l'homme à la chevelure de jais se détache.

- Qu'est-ce qu'on est en train de faire ?

- De s'aimer, je crois.

Le magicien sourit, et pour la première fois, son compagnon voit son véritable sourire, simple, doux, tendre. Il est heureux et laisse ses lèvres s'étirer à leur tour.

- Alors, dis-moi, pourquoi sembles-tu si triste chaque soir ?

L'expression de l'homme se modifie, se teintant de mélancolie, simple nostalgie.

- Ça, c'est une autre histoire, mais je ne suis pas encore prêt à la raconter.

L'assassin lui sourit tendrement, il comprend et il sait attendre, ainsi, un jour peut-être s'ouvrira-t-il à lui. Mais pour le moment, il veut seulement profiter de l'instant sans se soucier de ces tourments.

Une nouvelle aventure les attend et ils ont hâte de la découvrir ensemble.

Petites histoiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant