51 (Denki x Sero)

81 5 3
                                    

Et voilà pour toi, SawakoSadako3 😉
Désolée pour le retard de deux jours, je n'avais pas de connexion donc je n'ai pas pu le poster. J'espère qu'il te plaira ! 😊
Cet OS ne se passe pas dans l'univers de My Hero Academia

***

Verdun,
le 23 juin 1916

Savez-vous ce que c'est être amoureux ? Savez-vous ce que c'est, aimé ? Moi, je ne le savais pas, et bientôt, je ne le saurai plus. Mais ce que je sais, c'est que c'est une chose qui mérite qu'on se batte pour elle. Elle le mérite davantage que les frontières, davantage que l'argent, davantage que le pouvoir. Et pourtant, pour toutes ces raisons, je vais le perdre, ce précieux trésor.

Pardon, je m'égare. Je disais donc, savez-vous ce que c'est ? Il y a peu de temps, je n'aurais pas pu vous l'expliquer, puis, je l'ai rencontré, et tout a changé. Aujourd'hui, je peux décrire l'amour et chacune de ses nombreuses facettes.

On peut aimer avec tendresse, aimer avec chaleur, aimer avec douceur. Ou bien, on peut aimer avec passion, aimer avec ardeur, aimer avec ferveur. Moi, j'ai aimé de toutes ces manières, et plus encore.

J'ai tendrement aimé ma mère, chaleureusement aimé mon père. J'ai aimé ma sœur avec douceur et mes amis avec ardeur. J'ai aimé mon frère avec ferveur et mon amant avec passion. Mais bientôt, je n'aimerai plus.

Bientôt, je n'aimerai plus, parce que je serai au front, là-bas, et que cette fois, je ne reviendrai pas. Je ne pourrai pas revenir.

Mon amant, je l'ai rencontré ici, et malgré toutes mes prières, je l'ai enterré ici aussi.

C'est lui qui m'a appris ce que signifiait les mots aimer, adorer et choyer.

Mon amant, je l'ai rencontré en février, lorsque j'ai été muté sur ce front, dans le froid de l'hiver. Nous avons commencé à parler en nous disputant nos rations, râlant parce que celle de l'autre semblait plus importante que la nôtre. Plus tard, nous nous sommes revus, et nous avons discuté, calmement, posément. Loin des horreurs des combats sur les champs de bataille, loin de la peur et de l'angoisse. Nous avions l'impression d'être de retour chez nous, dans la paix et la joie. Nous étions assis côte à côte à regarder le ciel dans des tranchées humides et glacées. Et pourtant, dans ce lieu insolite, ce lieu synonyme de tant de malheurs, nous avons ri et nous avons souri. Nous avons retrouvé un semblant de liberté.

Plus les jours ont passé, plus nous nous sommes rapprochés, jusqu'au jour de notre premier baiser.

Certains penseront que nous étions fous, comment leur en vouloir ? Nous étions ici pour nous battre, ici pour mourir, ici pour se sacrifier pour la gloire de notre pays. Mais nous, nous nous aimions. Nous nous aimions, et nous nous aimions encore.

Nous nous aimions au point de penser à déserter, au point de rêver de voyages, au point d'espérer un jour se marier une fois que cette saloperie de guerre serait terminée. Nous nous aimions au point de réfléchir à partir, ensemble, loin de tout ça.

Mais ça n'a pas suffi. Ça n'a pas suffi puisqu'il y a deux jours, on m'a ramené son corps. Un corps meurtri, détruit, bafoué par la vie. Un corps méconnaissable.

Et lorsque je l'ai vu, j'ai su. J'ai su que bientôt, mon tour viendrait à moi aussi. Alors j'ai décidé d'écrire, pour perpétuer sa mémoire, ma mémoire, pour rendre hommage à l'homme qui m'a tout appris.

Cet homme se nommait Hanta. Hanta Sero. Il était joyeux, plein de fougue et de rêves, drôle, attachant, et amoureux de la vie à en mourir. Il disait toujours qu'il fallait se lever le cœur léger puisqu'on ne savait jamais ce que cette journée nous réservait. Il continuait de croire, même après deux ans, qu'il ne fallait pas perdre espoir, que bientôt, la vie nous sourirait et que nous serions récompensés pour notre courage. Il aimait la nature et il aimait les animaux. Il aimait rire et il aimait sourire. Il aimait rendre les gens heureux et il aimait les aider. Il était altruiste et il débordait de joie de vivre, à tel point que c'en était contagieux. La veille de sa mort, il m'a dit en souriant de ne pas m'inquiéter, qu'il avait foi en la vie et qu'il savait qu'elle serait juste dans son jugement. Puis, il m'a embrassé. Le lendemain, il était mort.

Il était jeune, il était vif, il était joyeux, il aimait la vie, et ça l'a tué.

Il a défendu la vie et sa beauté jusqu'à la fin, il a adoré l'existence et sa pureté jusqu'à son trépas, et moi, je l'ai aimé jusque dans l'au-delà.

Je ne peux pas en dire autant que lui sur cette "vie". Je ne peux la vanter comme il aimait tant le faire, ni l'aimer comme il le voudrait. Je ne le peux pas, parce que pour moi, cette vie n'a fait que me le prendre malgré son amour démesuré pour elle.

Alors, maintenant que je vous ai parlé de lui, de nous, de notre lien, savez-vous ce que c'est, aimé ? Ou faut-il que je vous parle de la douleur de le perdre pour que vous compreniez ? La douleur... Eh bien, c'est simple, c'est comme si on vous arrachait votre cœur, qu'on vous coupait de votre oxygène, que toute notion de lendemain n'était plus qu'une souffrance atroce plutôt qu'un espoir d'amélioration. C'est comme si vous vous tombiez dans un gouffre sans fond et que vos ailes avaient été brûlées. Comme si vous sombriez dans des abysses et que vous aviez perdu votre bouée. C'est comme s'il manquait une partie de vous et que pourtant, vous étiez encore en vie. C'est horrible. C'est dur. C'est affreux.

Avez-vous compris maintenant ? Je l'espère. Et la guerre ? Savez-vous ce que c'est, la guerre ? Cette guerre qu'on vous vante dans ces journaux, qu'on enjolive dans les histoires pour enfants. Mais, avez-vous la moindre idée de sa véritable horreur ? Non, je ne pense pas.

La guerre, ce n'est qu'une immense boucherie où les homme sont envoyés se faire tuer pour l'intérêt de quelques hommes de pouvoir. La guerre, ce n'est que le massacre de milliers de vies innocentes pour gagner un léger bout de territoire. La guerre, c'est l'envoi à la mort de centaines de personnes seulement pour des querelles futiles entre des gens qu'ils ne rencontreront jamais et qui sont supposés détenir le savoir.

La guerre, c'est la mort. C'est le désespoir. Et c'est la peur.

Et cette guerre m'a pris mon homme, et bientôt, elle prendra un fils et un frère.

Le jour se lève, je vais bientôt devoir partir. Je n'ai plus peur de mourir, j'ai peur de manquer à mes proches, c'est tout.

J'espère vous avoir appris certaines choses, et j'espère surtout que vous vous souviendrez de Hanta et moi comme deux jeunes hommes vigoureux victimes de la folie et de la soif de pouvoir de quelques-uns.

Adieu, et même si je ne vous ai jamais rencontrés, j'ai foi en vous et en ce que la vie vous réserve.

Avec toute mon affection,
Denki Kaminari

Petites histoiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant