Epilogue Nora

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Ma mère court dans tous les sens en s'assurant que les invités vont bien. Je ne l'ai jamais vue être aussi stressée de ma vie, même la veille de grosses opérations. Là c'est différent, elle n'est pas dans un bloc opératoire, elle n'est pas en train de sauver une vie, non là c'est bien pire. Elle s'occupe du mariage de Lizzie. C'est la troisième fois que ma sœur s'enferme dans les toilettes en proclamant que sa vie est un désastre et qu'elle ne veut plus se marier. J'y suis allée la première fois, ma mère la deuxième et mon père vient de sortir de la cabine en soupirant. Ma sœur est dramatique et la pression qu'elle s'est mise cette dernière année autour de tout ça redescend aujourd'hui. Il lui suffira de voir Sean l'attendre devant l'autel pour réaliser qu'elle est enfin là où elle a toujours voulu être.
Je viens de demander à June d'arrêter de courir partout pour éviter qu'elle ne tombe et salisse sa robe avant la cérémonie. Elle est supposée s'occuper des alliances et Lizzie va littéralement faire une syncope si elle arrive avec les mains pleines de terre en portant le coussin en soie.
Deux mains se posent sur mes hanches.
— Comment va ta sœur ?
Je découvre mon petit ami, habillé d'un magnifique costume gris qui lui va à ravir. La cravate est parfaitement nouée.
— Comme quelqu'un qui va se marier j'imagine, dis-je simplement.
Scott chasse une mèche bouclée de devant mon visage. Nous sommes toutes passés par la coiffeuse personnelle engagée par Lizzie, je n'ai pas tellement l'habitude d'avoir les cheveux détachés mais encore moins de les avoir bouclés.
— Ne le dis pas à ta sœur, mais tu es la plus belle de toutes.
Je souris et viens l'embrasser tendrement.
 Voilà maintenant dix mois que Scott et moi nous sommes rencontrés. Dix petits mois qui semblent pourtant avoir eu une plus lourde importance sur ma vie que mes dernières années réunis. Je suis inscrite en école de journalisme depuis septembre, c'est à deux heures de la maison. Je rentre chaque week-end pour voir Scott et ma famille. Il a continué son cursus dans l'université où il était l'an dernier. Ce n'était pas toujours évident de ne pas pouvoir se voir autant que nous le voulions mais nous étions tout de même chanceux d'avoir nos week-ends entiers pour profiter l'un de l'autre. C'est d'ailleurs le bon moment pour annoncer que...
— Maman dit que tu dois attacher June sur une chaise, intervient Sacha.
Je fronce les sourcils.
— Ok, elle n'a pas exactement dit ça ! Mais il faut la tenir en place pour qu'elle ne se salisse pas.
Je rétorque que je fais mon possible, mais qu'elle est toujours intenable quand elle est avec Roméo et que je n'arrive pas à la gérer.
— Je croyais que c'était toi qui devais t'occuper des enfants d'ailleurs ! Fis-je remarquer.
Ma sœur râle et se remet à courir après June.
— Mes parents doivent probablement me chercher, lance Scott, je vais les voir j'arrive. 

Kiva prend la place de mon petit ami, une sucette toujours à la bouche. Elle porte une robe pour la deuxième fois en moins d'un an, je me croirais dans une simulation.
— Canon, lançais-je en souriant.
Elle lève les yeux.
— Si j'avais débarqué avec un pantalon je crois que ta sœur aurait été capable d'annuler le mariage.
Elle n'en rajoute pas, le code vestimentaire était clair. Les femmes devaient toutes porter des jupes ou des robes.
— Lizzie est plutôt vieux jeu... Admis-je.
— Ou casse-pied, corrige Kiva.
Je lui accorde.
— Tu t'es déjà dit que Lizzie et Danna auraient pu parfaitement s'entendre.
Je ris en comprenant le sous-entendu au sujet de Danna qui est tout aussi diva et pointilleuse que ma sœur mais réalise aussi qu'elle n'a pas totalement tort.
— Oh, est-ce que tu crois que ta mère aurait le temps de voir avec moi pour mon stage ? Tu sais... Il commence cet été et...
Je ne suis pas certaine que ma mère pense à ça, tout de suite. Mais j'imagine que Kiva peut toujours tenter.
— Oui, elle doit être là-bas vers...
Je ne termine pas ma phrase.
— Vers ton beau-père ! Ce n'est pas un gros mot tu sais.
Je roule les yeux et la regarde se moquer de moi en s'éloignant pour retrouver ma mère. Ça me fait vraiment drôle de penser au fait que ma mère ait rencontré quelqu'un. Je suis heureuse pour elle, sincèrement et il est très gentil. Mais je ne suis pas encore à ce niveau-là, de l'appeler « beau-père » non j'ai besoin de temps. Je remercie d'ailleurs mon père de nous avoir épargné sa chère petite amie. Contrairement au nouvel amoureux de maman, elle, est imbuvable. Et je suis bien contente de ne pas avoir à passer un week-end sur deux avec elle comme June et Sacha.
— Nora tu es splendide ! S'exclame Monsieur Jones en s'approchant de moi.
Kate et lui sont tous les deux assortis d'une tenue grise et vert menthe qui leur va à ravir. Scott me fait les gros yeux, signe que c'est le moment de leur annoncer. J'attendrais le lendemain du mariage pour le dire à ma famille, aujourd'hui c'est Lizzie la vedette.
— J'ai été prise dans mon école à New-York ! M'exclamais-je.
J'ai postulé il y a quelques mois sans grandes convictions, c'est une école réputée et assez demandée. J'ai reçu la réponse hier matin. Je suis prise et je commence dans trois mois. Le visage de Kate s'illumine, elle savait que je voulais désespérément entrer dans cette école.
— Oh c'est formidable, s'exclame-t-elle, tu vas vraiment faire une journaliste extraordinaire.
Elle se tourne ensuite vers Scott.
— J'espère que tu n'es pas trop triste mon chéri, New-York n'est pas si loin après tout, le rassure sa mère.
Scott me regarde en souriant et se racle la gorge.
— Justement, je pars avec elle.
Oliver et Kate se regardent, la surprise pouvant se lire sur leurs visages.
— On en a parlé quand elle a postulé, j'ai dit que je la suivrais sans hésitation. J'ai demandé à être transféré d'université ce matin, je dois recevoir la réponse dans la semaine mais il n'y aura normalement aucun problème d'après la secrétaire.
Kate nous prend tous les deux dans les bras en répétant à quel point c'est une bonne nouvelle.
— Il faut qu'on cherche un appartement et qu'on aille acheter des meubles ! Réalise Oliver.
Ils se mettent alors tous les deux à parler de tout ce qu'ils doivent faire pour préparer notre départ. Scott me regarde, soulagé qu'ils prennent tous les deux si bien la nouvelle. Il était angoissé à l'idée que ses parents pensent qu'ils veuillent juste les quitter. Mais le voilà rassuré. Nous voilà rassurés tous les deux. 
Kiva nous rejoint à nouveau, le bâton de sucette dans la main.
— Ta mère est débordée, je passerai chez vous demain après-midi, quand tout sera calmé.
Je pose ma tête contre l'épaule de Scott, regardant tous les invités ici pour Lizzie. Scott et moi n'avons pas pour projet de nous marier, du moins pas avant un très long moment. Alors j'imagine que la prochaine pour qui nous serons tous réunis pour un jour aussi spécial sera Sacha.
— J'ai hâte de voir Sacha habillée d'une belle robe blanche rejoindre l'homme de sa vie à l'autel dans quelques années, comme Lizzie va le faire aujourd'hui.
Je vois déjà ma petite sœur avancer avec une longue traîne blanche sous laquelle se cachera une paire de converse. Kiva pouffe de dire et place son bâton de sucette entre les dents.
— Un homme ? Pitié, il faudrait être aveugle pour ne pas voir que ta sœur est de l'autre bord.
Je cligne rapidement des yeux et tourne la tête vers Sacha qui râle encore après les enfants. Je n'avais jamais pensé une seconde à ça en vérité.
— Tu crois ?
Kiva hoche la tête, certaine de ce qu'elle avance.
— Laisse lui encore un an ou deux avant qu'elle ne s'en rende compte elle-même et tu verras.


Elle me tapote sur l'épaule et s'éloigne à nouveau. Je reste aux côtés de Scott à qui je tiens fermement la main. Il se tourne vers moi et repousse ses cheveux blonds en arrière, chaque fois que je le regarde j'ai l'impression de tomber un peu plus amoureuse de lui.
— La cérémonie ne commence que dans quarante-cinq minutes, fait-il remarquer en caressant le coin de ma bouche avec son pouce.
Je lève les sourcils en comprenant immédiatement ce qu'il veut dire.
— Est-ce que tu sous entendrais qu'on se faufile discrètement dans une pièce qui ferme à clé pour faire l'amour ?
Scott la joue faussement choqué et explique qu'il n'avait pas de pensées si obscènes. Je lui tape gentiment sur le torse et me mets sur la pointe des pieds pour l'embrasser amoureusement.
— Je t'aime, lui dis-je, aujourd'hui et pour toujours.



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