Chapitre 13

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J'arrive dans la rue déjà essoufflée, ce qui résume assez bien mes maigres capacités physiques. Pourtant cela ne m'empêche pas de me lancer dans une folle course visant à retrouver Logan avant Ash. J'essaye d'éviter de penser à l'impossibilité physique qu'une telle chose arrive et continue à courir sans me soucier, ni des ombres qui grandissent dans les rues à mesure que le soleil se couche, ni à l'affolement de mon cœur qui pulse dans mes tempes. Je cours dans Osen alors que la nuit s'apprête à tomber sans la moindre protection, et ça avec le charmant fumet d'humain qui attise toutes les convoitises. Finalement, je suis probablement suicidaire.

Je ne connais pas bien la route et je dois plusieurs fois revenir sur mes pas lorsque je crois reconnaître une rue. Ces incessants retour en arrière me font perdre un temps fou, mais lorsque ce n'est pas la façade décrépie d'un bâtiment ou les tags qui ornent les différents arrêts de bus qui retiennent mon attention et me font hésiter, ce sont les groupes de gens qui se profilent dans la rue qui me contraignent à faire un détour. Je suis couverte de sueur autant à cause de ma course que de ma peur et je commence sérieusement à douter de pouvoir un jour retrouver mon chemin. Logan va se faire tuer et tout ça à cause de moi, parce que j'ai fait la bêtise de faire confiance à une sangsue paranoïaque !

J'entends un grognement étrange à ma gauche et décide d'emprunter une petite ruelle qui mène directement sur la rue voisine afin de le contourner. Il n'est jamais bon d'aller dans la direction des grognements. Il y fait sombre et une odeur effroyable s'échappe des bennes à ordures probablement abandonnées là en même temps que le reste de la ville lors de l'évacuation de la population. Je prends mon courage à deux mains, ou du moins ce qu'il en reste et accélère le pas. C'est dans ce genre de ruelle qu'on se fait massacrer dans les films d'horreur et je n'ai aucune envie que ma mort soit un tel cliché. Je suis presque sortie d'affaire quand le bout de la ruelle est soudainement obstrué par un groupe de trois enfants. L'obscurité m'empêche de discerner nettement leurs visages mais un autre classique des films d'horreur m'intime de faire demi-tour au plus vite. Nous sommes à Osen, il n'y a absolument aucune chance que ces gosses, qui ne doivent même pas dépasser le mètres vingt, soient de simples et innocents enfants. Je tourne donc les talons, bien décidée à détaler, mais deux autres gamins se trouvent déjà dans mon dos et je vois sans mal leurs sourires éclatants dans la nuit.

— Bonsoir, chantonne une petite fillette blonde aux joues rondes en avançant vers moi, coupant court à ma fuite. Qui est le méchant que tu essayes de fuir ?

— Je ne fuis pas, rétorqué-je en jetant un regard en arrière pour mesurer la distance qui me sépare de la rue principale et la menace que représente les trois gamins qui en bloquent l'accès.

S'il s'agissait de simples enfants, je n'aurais aucun mal à filer, mais soyons honnête, il y a peu de chance que ce soit le cas.

— Les humains fuient toujours quelque chose, ajoute son voisin en avançant suffisamment pour que je discerne la crasse qui macule sa peau noire et ses cheveux.

Dans un monde normal, j'aurais eu pitié de ces enfants et de l'état déplorable dans lequel ils se trouvent. Je leur aurais payé un fast-food et j'aurais cherché à les sortir de la rue. Le hic, c'est qu'Osen n'a rien à voir avec un monde normal et la seule chose que je cherche c'est un moyen de me défendre. Évidemment, il n'y a ni batte de baseball, ni démonte pneu abandonnés dans la ruelle, seulement un tas de sacs poubelles puants et quelques rats morts.

— Pas moi, je cherche un vampire.

La gamine qui me fait face glousse et j'entends ses petits copains dans mon dos l'imiter.

— Tu as perdu ton vampire ? ricane-t-elle. Nous pouvons t'aider à le trouver si tu le souhaites.

C'est ça oui, quelle idée fantastique... Je l'examine avec plus d'attention afin de déterminer à quel genre de créature j'ai affaire, mais je dois rapidement abandonner. Ce n'est pas un vampire et je doute qu'il s'agisse d'une meute miniature de loups-garous, ce qui signifie que ça pourrait être absolument n'importe quoi et que je n'ai aucun moyen de deviner quel genre de danger me menace. La seule chose qui est certaine c'est que son sourire est flippant et que je n'ai aucune envie de m'attarder ici en compagnie de ces enfants du diable qui en veulent sans nul doute à ma vie.

Let's dieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant