Chapitre 5 (1/2)

1K 145 6
                                    

Mon cœur se met à battre à toute vitesse et je sens mon corps se tendre alors qu'il se rapproche un peu plus de moi. Je ne veux pas qu'il me touche, je ne veux pas qu'il m'approche ! Il y a quelque chose de malsain dans son regard, quelque chose qui me terrifie... Mais il le fait, je sens ses doigts parcourir ma peau moite et saisir ma nuque et mon bassin avant de me hisser dans ses bras. Je voudrais protester, mais rien n'y fait, mon corps vient de rendre les armes. La fièvre m'a finalement rattrapé et mes bras retombent lourdement dans le vide.

            Je ne vois rien pendant un moment, j'ai du mal à respirer. J'ai l'impression de mourir. La douleur dans mon bras a disparu et c'est peut-être ça le pire, car je sais que ce n'est pas normal. La douleur est l'apanage des vivants, sentir son corps souffrir c'est vivre ! J'aurais dû rester dans le repaire de la meute, j'aurais dû me contenter de l'odeur désagréable de la pièce et du lit inconfortable. Mon corps aurait sûrement lâché là-bas aussi, mais au moins je serais allongée, en sécurité au lieu de me faire kidnapper par je ne sais quel monstre.

            Car c'est un monstre n'est-ce pas ? Il n'y a que ça ici, des monstres, des monstres et encore des monstres...

            Je sors de ma léthargie en entendant le bruit sourd des pas de mon ravisseur sur un parquet vieillissant. Le bois grince et proteste à son passage alors qu'il gravit une à une les marches d'un interminable escalier. La lumière vacille, m'aveuglant par moments pour me replonger dans le noir l'instant d'après. Ou alors ce sont mes yeux qui ne parviennent pas à rester ouverts.

            Une porte s'ouvre en grinçant et une odeur nauséabonde de café m'assaille les narines. Je déteste le café... Pourquoi faut-il que je meure avec cette fichue odeur dans le nez ? Le destin se fiche donc de moi jusqu'au dernier instant ?

            Mon esprit vacille un moment, il lutte pour me maintenir consciente, mais je perds la bataille. Puis sans que je ne comprenne trop comment, je me retrouve étendue sur quelque chose de confortable, un canapé. J'ouvre les yeux et vois l'inconnu tirer une chaise métallique jusqu'à moi, mais tout est flou, je ne distingue rien et ça me rend dingue. Il s'assoit dessus, et m'examine un moment en silence. J'aimerais le voir, comprendre pourquoi il reste là à me regarder mourir sans rien faire. J'aimerais savoir pourquoi il m'a ramassé dans la rue pour me ramener ici. Chez lui, probablement.

— Tu es dans un sale état petite chose, c'est à cause de ça ? demande-t-il en soulevant mon bras.

            Je gémis en sentant ses doigts s'enfoncer avec brutalité dans ma plaie et je le vois sourire. La douleur semble avoir réveillé mon corps, car ma vision se précise un instant et je distingue son visage. Il ressemble davantage à une peinture qu'à un homme. Son visage est trop délicat, trop parfait pour appartenir à quelqu'un de réel. J'ai donc ma réponse... Un vampire. Il n'y a que ces créatures qui sont capables d'être à la fois si belles et si effrayantes. Les seuls qui usent de leurs charmes pour séduire leurs proies.

— C'est un oui ?

            Je ne réponds rien, j'en suis incapable, mon corps et ma tête ne communiquent plus, je ne suis plus qu'un pantin désarticulé qu'il peut torturer à sa guise. Il tire sur mon bras pour le poser sur ses genoux et s'empresse de défaire le bandage qui le recouvre. J'aperçois alors les bouts de chairs suturés à la va-vite avec dégoût. Ma peau est devenue marron, voire noire par endroits et un liquide jaunâtre s'échappe des extrémités boursouflées de la plaie. Quant à l'odeur qui surplombe rapidement celle du café, elle m'aurait probablement donné envie de vomir si j'avais eu quelque chose dans le ventre.

            Il grimace en observant la plaie et je ne peux m'empêcher de faire de même. Je comprends tout de suite mieux pourquoi je suis dans cet état. Ma peau est nécrosée et l'infection ne se limite plus à la blessure, elle a atteint mon système sanguin. C'est mon corps entier qui s'infecte et qui pourrit de l'intérieur !

Let's dieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant