L'eau est encore brûlante lorsque, guidée par les indications de la sorcière, je parviens à la salle de bain. Cette dernière n'a rien à voir avec la minuscule pièce dont disposait Declan, elle est immense, pourvue aussi bien d'une baignoire en marbre que d'une grande douche à l'italienne. La vasque d'un lavabo au blanc immaculé fait face à un immense miroir dirigé droit vers la baignoire. L'ensemble est peuplé d'un nombre invraisemblable de plantes en tout genre. Je n'en reconnais aucune, ce qui n'a rien d'étonnant vu ma passion pour la botanique.
J'abandonne sans regret mes vêtements tachés et déchirés dans la poubelle marquée d'un post-it rose signé d'une flèche. Une pile de serviettes m'attend sur le bord d'une commode, accompagné d'un petit tas de vêtements soigneusement pliés. Décidément, elle a tout prévu et je ne sais pas dire si cela me dérange ou non. D'un côté, la perspective de me glisser dans cette eau fumante et de me débarrasser de cette soirée à coup de savon me convient plutôt bien. De l'autre, je ne peux m'empêcher de devenir méfiante devant tant d'attention visant à coup sûr à endormir ma vigilance.
J'opte pourtant pour le bain et remet ma « vigilance » sur les épaules de mon vampire. Après tout, il est là pour ça, il peut bien se charger de la sorcière le temps que je me lave non ? Comme prévu, il me faut bien vingt minutes pour que mon corps se détende tout à fait et que je retrouve ma peau pâle derrière la couche d'hémoglobine. Le sang de Ash semble avoir continué son œuvre car mon bras est désormais recouvert d'une peau neuve et fragile. La douleur, elle, n'a pas tout à fait disparu, mais elle ne m'empêche pas de m'en servir pour attraper la bouteille de shampoing et noyer mes cheveux dans une montagne de mousse à l'odeur de camomille et d'orange.
Pourtant, lorsque j'entends une porte claquée au rez-de-chaussée, je me résigne à sortir du bain. S'il s'agit de mes amis, j'ai besoin de savoir comment ils vont. Même si étrangement, je ne suis plus si inquiète que ça pour Declan. Si je me fie à ce que disent Tryg et Ash sur lui, il n'a rien à craindre. Une fois sèche j'enfile la robe que m'a laissé Melanthe qui pour mon plus grand malheur est sensiblement trop semblable à la sienne. Blanche, outrageusement légère et pourvu de trop peu de dentelles pour couvrir convenablement mes cuisses. Soit elle a oublié que j'étais plus grande qu'elle, soit elle s'en fiche. Je soupire, coiffe rapidement mes cheveux, surprise de les trouver si doux sous mes doigts et me glisse hors de la salle de bain. Aussitôt l'étrange odeur de fleur qui flotte dans la maison surplombe celle laissée par mon shampoing.
— Pas la peine de hausser le ton Rhys, ce n'est pas avec toi que j'ai passé un pacte, je ne te dois rien du tout. Laisse donc à cette pauvre fille le temps de se remettre de cette nuit avant de lui imposer notre présence.
— Je veux simplement être sûr que l'une de tes maudites plantes ne l'a pas bouffé, siffle le vampire.
— Et bien tend l'oreille crétin, et tu auras ta réponse.
Le son ne mes pas dans l'escalier me semble soudainement beaucoup plus bruyant mais je fais mine de pas m'en soucier lorsqu'Ash apparaît dans l'entrée. Ses yeux s'agrandissent lorsqu'il pose les yeux sur moi. Je lève les miens au ciel et bénie l'eau brûlante d'avoir rougis ma peau pour qu'il ne voit pas à quel point son regard suffit à mettre le feu à mes joues.
— Ils sont arrivés ? demandé-je pour détourner l'attention.
— Il manque seulement Declan, m'informe Tryg en rejoignant le vampire.
Je descends les quelques marches qui me séparent du hall et rejoins le salon où m'attendent Logan et Melanthe. Sans être particulièrement grand, l'endroit semble pourtant spacieux, lumineux et bien plus accueillant que celui du Berserk. La quantité de plantes qui poussent ici est impressionnante. J'ignore même où certaines d'entre elles trouvent leurs racines tant elles s'étendent du sol au plafond avec indifférence vis-à-vis de la gravité.
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Let's die
ParanormalCertaines personnes naissent avec des destins extraordinaires, ils sont, dès la première minute de leur vie, voués à quelque chose de grand. Mave ne fait pas partie de ces gens, à dire vrai, la banalité est un mot qui lui convient très bien. Du moi...