Je me souviens de ce jour où le monde a basculé, le jour où pour la première fois, le surnaturel a fait son entrée dans le réel. J'étais avec mon petit frère, Rémy, il y a cinq ans de cela, à l'époque où nous nous battions encore pour la télécommande de la télévision dans de longues luttes acharnées qui finissaient généralement par une crise de larmes. Sauf ce jour-ci, parce que pour la première fois, aucun de nous n'avait voulu changer de chaîne quand on interrompit notre programme pour un reportage sur une série d'attaques à Londres. Ce n'était pas un acte terroriste, non, c'était simplement un groupe de lycanthropes et de vampires qui ravageait tout sur leur passage. Les images étaient sombres à cause de la nuit, mais pas assez pour cacher à nos yeux d'enfants le massacre qui se déroulait dans les rues.
Suite à ça, nos parents nous avaient interdit l'utilisation de la télévision pendant plusieurs mois, à moins qu'ils soient présents pour vérifier qu'aucun contenu « violent » ne viendrait déranger nos cerveaux d'enfants. Rémy avait été fasciné par la perspective que de telles créatures puissent exister et il avait finalement trouvé d'autres moyens de se renseigner. Pour ma part, c'était la peur qui l'avait emporté et dès lors que le gouvernement avait décidé de chasser et d'enfermer ces créatures, j'avais enterré leur existence dans un coin de ma tête pour continuer à vivre sans constamment regarder par-dessus mon épaule. Ça avait marché pendant un temps, ces créatures étaient peu nombreuses et nos forces de l'ordre avaient été efficaces, il était rare de croiser le chemin de l'une de ces choses. Elles n'existaient réellement qu'au travers de nos écrans, derrière la caméra d'un parfait inconnu à l'autre bout du monde.
Les médias en parlaient beaucoup, à tel point qu'ils avaient rapidement réussi à faire de ces êtres surnaturels un effet de mode. Plus on en parlait, et moins on en voyait, plus les gens se désintéressaient de leur existence. Bien sûr, ce n'était pas le cas de tout le monde, comme mon petit frère, beaucoup vouaient une admiration sans borne à ces monstres. Enviant tour à tour leurs forces, leurs vitesses ou encore leur immortalité, et rêvant secrètement d'être l'un d'entre eux. Du moins jusqu'à ce qu'ils se souviennent comment finissent ces créatures : chassées, tuées, emprisonnées comme de vulgaires animaux. A quoi bon être immortel si on finit enchaînés pour l'éternité ?
Il arrive encore aujourd'hui que certains parviennent à s'échapper. Ils sont alors immédiatement chassés et exécutés sans autre forme de procès. Après tout, ils ne sont pas humains, ils n'ont aucun droit et encore moins celui d'être jugés équitablement. C'est assez rare en général, mais ce qui l'est beaucoup moins, c'est l'apparition de nouveaux loups-garous et autres métamorphes. Leur différence provient directement de leur héritage génétique et il arrive que certains adolescents jusque-là tout à fait humains, mais ayant un quelconque lien de parenté avec un métamorphe, développent ce gène d'eux-mêmes. La bête fait alors de nombreuses victimes... Certaines survivent, mais après avoir été mordues, il ne reste plus grand-chose à faire pour eux. C'est un aller simple pour l'une de ces prisons surnaturelles. J'ai longtemps pensé que c'était cruel de punir des gens innocents uniquement parce qu'ils avaient été contaminés. Mais a-t-on vraiment le choix ?
Non... Bien sûr que non, c'est à ce prix que la société parvient encore à fonctionner. Il faut se débarrasser des monstres et de leur engeance, même si pour ce faire, c'est de moi dont on se débarrasse.
VOUS LISEZ
Let's die
ParanormalCertaines personnes naissent avec des destins extraordinaires, ils sont, dès la première minute de leur vie, voués à quelque chose de grand. Mave ne fait pas partie de ces gens, à dire vrai, la banalité est un mot qui lui convient très bien. Du moi...