Chapitre 26

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Mes larmes n'ont pas duré longtemps, la fatigue s'est chargée de me calmer. Pourtant lorsque je m'écarte enfin du vampire, mon visage est humide et son T-shirt l'est tout autant. Je pince les lèvres, légèrement honteuse et agacée. Franchement, il n'y a que moi pour venir pleurnicher comme une gamine dans les bras d'un type qui a avoué vouloir me tuer il y a moins de quarante-huit heure de ça. Ce n'est certes pas pour aujourd'hui, mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir envie de me gifler. Je sais ce qu'il est, je sais à peu près ce qu'il veut et je sais surtout que la confiance que j'ai placée en lui est totalement factice, et pourtant... Pas moyen d'éprouver le moindre dégoût envers lui. Envers moi, en revanche c'est une autre histoire.

— Désolée, je ne voulais pas...

Etaler morve et larmes sur toi ? Apprécier la sécurité de tes bras ?

— Pleurer.

— Ce n'est rien, tu as parfaitement le droit, la nuit a été compliquée.

Si seulement il ne s'agissait que de cette nuit, j'aurais peut-être les nerfs assez solides, mais ça durait depuis cette maudite fête. Toute cette peur qui s'accumule et imprègne ma chair et mes os jusqu'à me rendre complètement dingue. J'essuie du revers de la main mon visage et détourne les yeux pour lui éviter la vision pénible de mes yeux rougis et boursouflés.

— Je voulais aussi te remercier, ajoute-t-il d'une voix étrangement rauque.

— Je ne vois pas pourquoi ? Sans moi on ne se serait jamais retrouver dans cette situation...

Il hausse les épaules.

— Antonia n'aurait jamais ordonné l'assassinat de Colin sans être certaine qu'elle pourrait nous le mettre sur le dos. Tu lui as peut-être facilité les choses en découvrant les corps, mais ce n'est certainement pas ta faute. J'aurais dû me douter qu'elle ne lâcherait pas l'affaire si facilement, j'imaginais à tort que les lois d'hospitalité de la Toile nous protégerait le temps d'une soirée.

— D'accord, admettons, alors pourquoi tu me remercies ? Je n'ai rien fait lorsqu'elle t'a attaché...

Mon cœur se pince douloureusement à ce souvenir. Je revois encore l'état second dans lequel les chaînes l'avaient plongé, la fureur, le désespoir, la douleur... et ensuite son corps mutilé. Combien de temps étais-je restée inconsciente ? Pendant combien de temps l'avait-elle torturé pour obtenir son consentement ?

— Rien ? répète-t-il en cueillant délicatement mon visage dans le creux de sa main pour le faire pivoter dans sa direction. Tu aurais pu partir lorsque tu t'es réveillé, tu aurais pu trouver ton loup et disparaître. Pourtant tu es resté, tu as pris le risque de me détacher.

Son autre main retourne mes paumes sur lesquelles les traces des chaînes sont encore visibles là où le produit corrosif qui les recouvrait a attaqué ma chair.

— Je sais exactement ce que tu as dû faire pour me détacher, combien ça a dû te coûter alors que tu étais blessé et après ça tu as quand même pris le risque de me donner ton sang.

—  Il n'y a plus de risques lorsqu'on ne peut pas mourir, rétorqué-je dans un souffle, perturbée par l'intensité de son regard.

— Ça tu n'en sais rien et même si c'était le cas, la douleur, elle, est bien là à chacune de tes morts. J'aimerais seulement comprendre pourquoi ?

Peut-être parce que cette malédiction de malheur m'a retourné la tête ou bien parce que je ne supporte pas de voir quelqu'un souffrir de cette manière ? Peut-être que c'est simplement mon instinct de survie qui est hors service ? J'ignore pourquoi ! C'était juste impensable de le laisser là, aux mains de cette garce, empalé sur un mur comme un vulgaire bout de viande.

Let's dieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant