Notre groupe n'a pas attendu un autre avertissement de Melanthe avant de s'engouffrer sous l'étrange arche de ronces et de fleurs. J'ai même cru entendre le hurlement d'un loup avant de passer à mon tour sous cet entrelacs de tiges, d'épines et de pétales. Mais lorsque je me retourne pour apercevoir la menace, l'arche a disparu. Il n'y a plus qu'un chemin noueux qui traverse une étrange forêt. Il n'y a pas un arbre, pas une plante, pas le moindre buisson qui s'accordent avec son voisin. Certains semblent tout droit venus du sommet d'une montagne tandis que d'autres plus tropicale paraissent sortis d'Amazonie. Et au milieu, indifférent au chaos, des parterres de fleurs typiques de celles que ma mère utilise pour décorer le jardin, évoluent en toute liberté entre fougère, palmier et conifères.
Cet endroit ferait hurler les biologistes du monde entier tant sa simple existence relève de l'impossible. En vérité, il n'existe peut-être même pas vraiment, ce n'est qu'un sort, un passage décoré selon les goûts d'une sorcière à la main verte, rien de plus.
— Ne traînons pas, lance alors Declan pour me ramener sur terre.
Il à l'air d'avoir repris un peu du poil de la bête, Logan ne lui sert plus de béquille bien qu'il se tienne non loin de lui au cas où. J'acquiesce et me place en queue de file tandis qu'Ash prend la tête du groupe. Tryg le suit en sifflotant joyeusement, suivi de Logan qui étrangement fuit mon regard. Je soupire. J'ignore ce que j'ai encore bien pu dire, mais si même lui décide de m'en vouloir, je ne sais plus quoi faire.
— Je te remercie Mave, lâche le Berserk en calant son rythme sur le mien.
Le chemin est à peine assez large pour que nous tenions tous les deux sans avoir à piétiner la multitude de fleurs qui encadrent notre route. Je hausse un sourcil, j'ignorais qu'il tenait tant à quitter Osen. Ash et Tryg sont recherchés et Logan veut probablement rejoindre sa famille, mais Declan... et bien je ne sais pas grand-chose sur lui. Mise à part qu'il se transforme en ours fantomatique géant à cause d'une malédiction dont j'ignore aussi bien les grandes lignes que les plus petites et qu'il raffole de miel. Pure hasard ou coïncidence hilarante ? Je délibère encore...
— De quoi au juste ?
— Pour tout à l'heure, dans la rue. Je ne comprends pas bien ce que tu as fait, mais sans toi, je serais encore... prisonnier.
Ce dernier mot fêle quelque chose dans sa voix.
— Qu'est-ce que c'était au juste ? Cette créature... Ce n'était pas toi.
Sur ce point au moins je suis sûre de moi. J'ai suffisamment vu Logan sous forme de Loup pour savoir reconnaître l'homme derrière la bête. Or derrière cet ours, il n'y avait rien de plus que la violence et le vide.
Il hoche doucement la tête, se masse la nuque en grognant et fini par me répondre d'une voix grave :
— Non, ce n'était pas moi effectivement... Les Berserks ne sont pas des métamorphes, ce n'est pas moi qui change, c'est cette chose qui me recouvre.
— Pourquoi ?
— Parce qu'elle a été créée pour se battre, pour tuer et détruire tout ce qui entrave son chemin. Elle répond à l'appelle du sang, des combats et de la violence. Je n'ai aucun contrôle sur elle, je ne peux ni l'empêcher d'agir, ni diriger ses attaques, elle tue sans distinction.
— Pourtant elle ne m'a rien fait à moi, souligné-je.
Il marque un temps d'arrêt, fronce les sourcils et allonge le pas pour me rejoindre.
— J'ignore pourquoi. Je ne comprends même pas comment elle est parvenue jusqu'à toi sans détruire la moitié de la ville au passage, on aurait dit qu'elle te cherchait. J'avoue qu'il y a un tas de choses incompréhensibles autour de toi gamine. La seule chose dont je suis certain, c'est que si tu es capable de chasser la bête, alors ma place est près de toi. Si tu acceptes de prendre le risque bien sûr... Tes amis avaient raison de refuser mon aide, les Berserks ne sont pas reconnus comme étant des compagnons très fiables. Il suffit parfois d'un rien pour que la bête prenne le dessus.
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Let's die
ParanormalCertaines personnes naissent avec des destins extraordinaires, ils sont, dès la première minute de leur vie, voués à quelque chose de grand. Mave ne fait pas partie de ces gens, à dire vrai, la banalité est un mot qui lui convient très bien. Du moi...