Chapitre 23

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Une fois de retour dans la salle de bal, notre petite escorte nous guide jusqu'à l'une des salles adjacentes où la musique résonne si fort que j'ai du mal à entendre les ordres qu'ils donnent. Peu importe, ce n'est certainement pas à moi qu'ils s'adressent de toute manière et à voir la tête que tire Ash, il n'apprécie pas beaucoup ce qu'on lui dit. La foule ne nous porte pas la moindre attention, trop accaparée par leur danse, l'alcool et le sang qui coule à flot au milieu de la piste. Il a beau faire sombre ici, la lumière bleue des spots qui balayent la salle par intermittence me permet tout de même de discerner plusieurs dizaines d'humains parmi eux. Ils tendent leur bras et leur cou à qui veut bien le prendre, indifférents aux crocs qui se plantent çà et là, et aux mains baladeuses de leurs propriétaires. Ce spectacle a quelque chose d'hypnotique et de franchement dérangeant pourtant j'aimerais mieux être sur cette piste de danse plutôt que là où je me trouve, encerclée par une horde de vampires hostiles.

Nous longeons les murs jusqu'à une porte discrète qui se fond parfaitement dans la nuit. Lorsqu'elle se referme derrière nous, la musique disparaît aussitôt, seules les vibrations des basses nous parviennent encore. Bizarrement ce silence me rend anxieuse car il signe la fin de la soirée. Plus de musique, plus de bal, juste un gros tas d'ennuis sous la forme d'une dizaine de gardes vampires dont le regard glisse un peu trop souvent sur mon cou. Instinctivement, je me rapproche d'Ash et il s'empresse de passer un bras autour de ma taille d'un geste possessif qui fait ricaner plusieurs d'entre eux.

La pièce n'est pas bien grande et ne dispose malheureusement d'aucune fenêtre. Notre seule issue repose dans la porte que nous venons de passer car je suppose que la seconde, celle qui nous fait face, mène directement vers Antonia. Même si Ash parvenait à se débarrasser de tous ces vampires, ce qui est soit dit en passant, assez peu probable, nous n'aurions aucune chance de quitter le théâtre par la grande porte avec tous les gardes et les vampires de la Toile qui rodent dans le coin. L'arrivée d'Antonia met rapidement fin à mes réflexions stériles, il est trop tard pour s'enfuir.

Deux de ses gardes lui ouvrent la porte, le regard résolument baissé pour éviter de croiser le sien. Elle entre d'un pas chaloupé dans la pièce, sa robe émeraude dansant autour de ses hanches avec un grâce surnaturelle et un immense sourire aux lèvres. Ses cheveux bruns forment une masse sophistiqué à l'arrière de son crâne, et pas une seule mèche rebelle ne vient gâcher le tableau. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, la nature ne dessine pas de traits si parfait à la naissance. Magnifique... et foutrement terrifiant. Si j'hésitais jusque-là à déterminer qui des loups où des vampires sont les plus flippants, j'ai maintenant ma réponse. Il faut être sacrément tordue pour avoir l'air aussi enjouée après avoir manigancé un massacre.

— Rhys ! Entre donc mon amour, je crois que nous devons avoir une petite conversation.

Il ne bouge pas, et se contente de l'assassiner du regard jusqu'à ce que deux vampires viennent le séparer de moi pour l'emmener dans l'autre pièce. Il proteste à peine, mais je le vois jeter plusieurs regards dans ma direction, à la fois furieux et inquiet. Je brûle d'envie de lui emboîter le pas tout en sachant pertinemment qu'il ne vaut mieux pas, mais l'idée de rester seule ici me semble tout aussi dangereuse que celle d'entrer dans la tanière de cette garce. L'un de ses hommes se glissent jusqu'à elle et après lui avoir chuchoté je ne sais quoi à l'oreille, son regard vert accroche le mien. Elle hoche finalement la tête, le visage légèrement déformé d'une grimace et une main s'écrase soudainement dans mon dos pour me pousser à mon tour vers l'autre pièce. La question est donc réglée, va pour la tanière du monstre. Lorsqu'elle pivote pour suivre Ash,  j'écarquille les yeux en découvrant les trois triangles imbriqués à la base de sa nuque. Comme pour la chose qui a tué les vampires, le symbole semble avoir été marqué au fer rouge, boursouflant et mutilant la peau pâle du vampire. J'ignore toujours ce que ça peut bien vouloir dire, mais la simple présence de ce symbole me rend soudainement anxieuse. Quelque chose de vraiment mauvais se trame ici, et si je n'étais pas déjà terrifiée par la situation, j'aurais probablement cédé à la panique.

Let's dieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant