Ash ne relève même pas les yeux vers elle, il se contente de passer une main sur ma joue pour en dégager une mèche et il s'empare de ma main avant de se diriger vers le couloir. Là, une double porte s'ouvre en face de nous et trois hommes en sortent. Je reconnais aussitôt Evan parmi eux, ainsi que l'autre Alpha qui était venu nous chercher à l'entrée de la ville. J'ignore son nom, ou alors je l'ai simplement oublié, mais il est semblable à mes souvenirs, grand, blond et doué d'un regard réfrigérant qui me file les jetons. J'ai appris à faire confiance à Evan et aux membres de sa meute, du moins ils ne me terrorisent plus, mais mon courage s'arrête là. Ce dernier relève justement la tête dans ma direction et je devine à la manière qu'il a de remuer le nez, que c'est encore une fois mon odeur qui m'a trahi. Son regard s'assombrit légèrement lorsqu'il tombe sur Ash, et ce dernier se met soudainement à me broyer la main.
— Je croyais qu'on avait réglé la situation, gémis-je en tirant pour récupérer l'usage de mes doigts.
Ash me lâche, et observe Evan suivre les autres loups en silence. J'en déduis que s'il ne me répond pas c'est parce que la sangsue blonde et sa jumelle brune nous épient sans grande discrétion. Ou alors, il n'a simplement pas envie de répondre, ce qui le connaissant est tout à fait envisageable. Dans ces moments-là, je sais que ce n'est pas la peine d'insister. Je le suis donc jusqu'à la pièce que viennent de quitter les trois loups, légèrement inquiète de les trouver ici alors qu'il m'avait pourtant semblé clair que vampire et Loup ne faisaient pas bon ménage. Anica avait parlé de meutes qui seraient soumises à la Toile, se pourrait-il que Evan et les deux autres Alpha puissent s'être mis au service de ces vampires ?
J'espère bien que non, parce que si Ash a comme projet de contrarier la Toile, cela voudrait dire qu'il aura non seulement des problèmes de vampires à gérer, mais aussi trois meutes de loup-garou sur le dos. Quant à moi, et bien je serais au milieu du conflit s'il ne m'a pas déjà supprimée d'ici là et finirais probablement six pieds sous terre une bonne fois pour toute.
La pièce dans laquelle nous entrons n'est pas très grande et contrairement au reste du bâtiment, elle est assez peu décorée. Un unique lustre en métal est disposé au plafond, et une série de fauteuils nous fait face sur une petite estrade probablement utilisée lors de petites représentations privées. Sur chacun d'entre eux, un vampire est assis et leur immobilité dérangeante rend l'atmosphère particulièrement inquiétante. Ash aussi à définitivement abandonner l'idée de respirer ce qui me met encore plus mal à l'aise. Ce réflexe paraît tellement naturel pour moi, que voir autant de genre le négliger me trouble bien plus que je ne l'aurais cru.
Mon regard balaye rapidement les six vampires qui nous font face, mais je n'ai pas le temps d'observer quoi que ce soit que l'un d'entre eux nous fonce littéralement dessus. L'instant d'après, elle s'agrippe à Ash et pousse un gémissement de plaisir en enfouissant son visage dans le cou du vampire. Il ne se dégage pas, il ne proteste même pas, il se contente de jeter un regard las au reste de l'assemblée.
— Rhys, Amore mio ! te revoilà enfin.
Elle recule suffisamment pour que je discerne son visage et je manque de m'étouffer. Elle est tout bonnement... sublime. Ses yeux sont d'un vert profond, sa peau d'une pâleur irréelle met d'autant plus en valeur ses lèvres roses et pulpeuses et ses cheveux d'un noir de jais. Ses traits sont fins, délicats, d'une symétrie parfaite, et son corps... Je crois que même moi je me damnerais pour un corps pareil. Ash ne partage de toute évidence pas mon avis sur la question vu le mépris évident qui suinte de son regard lorsqu'il finit enfin par le poser sur elle.
— Antonia, la salue-t-il d'une voix atone.
Loin d'être vexée par l'accueil de son ancien amant, elle se frotte d'autant plus à lui en riant d'un air enjoué qui détonne avec l'ambiance générale de la salle.
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Let's die
ParanormalCertaines personnes naissent avec des destins extraordinaires, ils sont, dès la première minute de leur vie, voués à quelque chose de grand. Mave ne fait pas partie de ces gens, à dire vrai, la banalité est un mot qui lui convient très bien. Du moi...