Chapitre 14

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Le retour à l'appartement se fait à une vitesse irréelle si bien que ma nausée ne fait qu'empirer et que je me retrouve toute tremblante à tituber jusqu'au canapé pour m'y effondrer. Il nous a directement fait entrer par la fenêtre qui était restée ouverte, parce qu'après tout pourquoi utiliser une porte quand on peut simplement sauter jusqu'au troisième étage ? J'enfonce ma tête dans l'un des coussins et pousse un grognement frustré. Cette situation commence sérieusement à être pesante et maintenant que je sais de quoi est capable le vampire, je ne peux pas m'empêcher d'en avoir un peu plus peur que la veille. Je savais qu'il avait suffisamment de force pour faire d'une simple humaine comme moi ce qu'il voulait, mais de là à enfoncer un loup-garou dans un mur ? Teddy, si tant est que ce loup soit bel et bien le jeune homme de mes souvenirs, n'avait même pas pu se défendre !

— Est-ce que ça va ? demande-t-il après un moment.

Je relève doucement la tête et le découvre, toujours planté devant la fenêtre. Ses yeux me scrutent d'une drôle de manière, comme s'il cherchait à être en colère mais que quelque chose l'en empêchait.

— Impec, personne n'est mort, alors c'est une bonne soirée j'imagine.

Il grogne et finit par se jeter sur sa machine à café comme un drogué en manque de caféine. Oh drogué, il l'est, mais ce n'est certainement pas de caféine dont il a besoin. J'ai senti son corps trembler tout le long du chemin et encore maintenant, il ne parvient pas à tenir en place. Tant pis pour lui, je ne suis pas d'humeur à l'aider sur ce terrain-là ce soir.

— Je vais me coucher, lâché-je alors que l'odeur dérangeante du café m'arrive aux narines.

Je pousse sur mes bras pour me relever, mais je n'ai pas le temps de décoller les fesses du canapé qu'il se dresse subitement devant moi.

— Non.

Je fronce les sourcils. Alors comme ça monsieur veut parler ? Il peut bien aller se brosser, j'ai mon compte pour la journée.

— On parlera de tout ça demain, j'ai besoin d'une douche et de sommeil et toi... toi tu as besoin d'aller faire un tour et dégorger quelques innocents.

Sa bouche se courbe malgré lui, mais il se reprend vite et tire un fauteuil pour s'asseoir face à moi. Je sens à sa posture que cette discussion ne lui plait pas, mais il prend sur lui et armé d'une tasse de café, il me dévisage. Son regard me dérange, il n'a plus rien à voir avec l'indifférence à laquelle il m'a habituée et encore moins avec son petit côté espiègle. Il est sérieux, inquiétant et infiniment plus intense... Je me tortille, mal à l'aise et détourne le regard dans l'espoir assez vain d'échapper à ses iris ambrés et affamés.

— J'attendais que le loup sorte du repère de la meute lorsque tu es arrivée, lâche-t-il d'un ton faussement calme qui me hérisse le poil. Tu étais avec un homme. Un Berserk si mon nez ne me trompe pas.

Il n'a pas besoin de crier, la manière qu'il a de détacher chaque syllabe trahie son irritation.

— Oui, Declan. Il m'a débarrassé d'un groupe de fées enragées.

Il hausse un sourcil étonné et ses yeux dévient sur les plaies que j'ai aux bras ainsi que sur le bandage rougi qui orne mon poignet.

— Pourquoi ?

— Il est sympa je crois, c'est tout... ricané-je en haussant les épaules. Ou alors c'est un psychopathe qui se trouvait dans son bon jour.

— Tu n'aurais jamais dû te retrouver dehors... Sais-tu au moins ce qu'est un Berserk ?

Non, je ne sais pas et dans l'immédiat je m'en fiche royalement. Il pourrait bien se transformer en licorne que ça me serait parfaitement égal.

— Non, mais j'imagine que tu ne me le diras pas, n'est-ce pas ? Donc si on passait au véritable nœud du problème ? Tu ne voulais pas tuer Logan parce qu'il pouvait hypothétiquement te retrouver. Tu voulais le tuer parce que tu me considères comme ta propriété et qu'il venait jouer sur tes plats de bandes.

Let's dieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant