Chapitre 32

816 110 20
                                    

La tension est palpable et pour une fois je ne peux pas accuser Logan d'en être la cause. En vérité, Ash ne lui prête presque aucune attention. Seule la raideur de son corps et la manière dont sa mâchoire se contracte le trahissent. S'il le pouvait, il égorgerait Logan dans la seconde, mais pour le moment toute son attention est tournée vers moi.

— Il faut qu'on parle, dit-il.

— Elle est occupée, réplique mon ami.

Logan se retourne de nouveau vers moi, le regard rempli d'espoir dans l'attente que je confirme. J'inspire. Je risque de le décevoir, mais comment lui faire comprendre que j'ai davantage besoin d'en découdre avec Ash que de continuer à flirter avec lui ? Ses dernières révélations sont déjà suffisamment troublantes. Je ne suis pas sûre d'avoir envie d'en entendre plus, surtout s'il persiste à me balancer ses sentiments au visage comme s'il y avait une chance que ça attise les miens.

— Nous avions fini, lâché-je d'une voix égale.

Je tente d'ignorer la déception prévisible que ses grands yeux cobalts me renvoient et recule pour mettre un peu de distance entre nous.

— Tu n'es pas obligé si tu n'en as pas envie, insiste-t-il.

— C'est bon Logan, on se retrouve tout à l'heure, va t'habiller avant de choper la mort.

Il hésite une seconde en humant l'air et s'il sent la peur et l'appréhension que je dégage, il se décide pourtant à m'obéir. Parler avec Ash est toujours un moment stressant, mais je ne compte pas me défiler pour autant.

Le vampire se décale légèrement pour laisser le champ libre à mon ami, mais là encore, son regard ne me quitte pas une seconde. Il suit des yeux la marque de Tryg qui parcourt ma main et mon bras avant de disparaître sous les manches de mon pull. Puis il s'attarde sur les tâches de terre qui le maculent et finit sa course sur mon visage, probablement encore rougis par mon rapprochement avec Logan.

— Tu es venu t'excuser ? demandé-je sèchement.

Pas question de le laisser mener cette conversation comme il en a l'habitude. Je suis peut-être faible, crédule et je ne sais quoi d'autre encore, mais il est hors de question que je lui serve de victime indéfiniment. S'il veut traumatiser quelqu'un, il va devoir passer son chemin, j'ai assez donné.

— Oui, non... Je...

Il grogne et je dois me retenir de hausser les sourcils face à ce bégaiement pour le moins inhabituel.

— Je suis désolé pour ce que j'ai fait, et ce que j'ai dit, mais je... je t'ai déjà expliqué que ce lien rendrait mes réactions imprévisibles.

Je siffle et retrousse les lèvres malgré moi.

— À d'autres ! Ce lien est censé te pousser à me désirer, pas à me tuer. Celui que tu m'as montré, c'était toi, pas la version malmenée par une malédiction. Admets-le pour une fois au lieu de toujours tout me mettre sur le dos comme si c'était moi qui t'avais poussé à planter tes foutus crocs dans ma gorge la première fois.

Il se renfrogne, plus tendu que jamais, mais finit tout de même par hocher la tête.

— C'est vrai. Je suis comme bon nombre de gens dans cette ville, légèrement agressif et impulsif, mais pour ma défense, ça ne serait jamais arrivé si tu ne m'avais pas provoqué.

J'ignore où je trouve le courage de me ruer vers lui pour me planter là, à quelques centimètres de son corps pétrifié. Peut-être dans le fait que Tryg et Logan sont là, quelque part, probablement en train d'épier notre conversation. Ou peut-être simplement parce que la mort ne m'effraie plus autant qu'avant. Mais je me retrouve là, le souffle court et le corps tremblant de rage.

Let's dieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant