Chapitre 3

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Je vois un mur énorme se dresser devant nous, il est presque aussi grand que certains buildings de la ville. Il semble avoir été posé là, au beau milieu de la route, comme une pièce rajoutée qui ne colle pas avec le décor. Le bus s'arrête à quelques mètres de lui devant une porte métallique et le chauffeur se lève pour nous crier de descendre. Au début, personne ne bouge. Alors il attrape l'arme qu'il a à la ceinture et la pointe dans notre direction.

— J'ai dit : sortez !

Quelqu'un se met à pleurer et je reconnais la fille qui était entrée la première. Ses longs cheveux blonds sont en pagaille, elle semble exténuée. Nous le sommes tous d'ailleurs. Je doute que qui que ce soit ait réussi à dormir cette nuit et nous sommes tous blessés. C'est inhumain de nous transporter dans cet état, nous aurions dû voir un médecin ! Ça me dégoûte, ces flics ne nous voient déjà plus comme des humains. Nous ne sommes plus que des monstres à leurs yeux, ils se fichent pas mal qu'il y a encore vingt-quatre heures nous n'étions que des étudiants insouciants comme n'importe lequel de leurs gosses.

Teddy se lève à son tour, suivi de près par le sportif dont j'ignore toujours le nom. Il se retourne vers moi et me fait signe de les rejoindre. Décidément, il n'est pas décidé à me lâcher celui-là. Je détourne le regard, prends une grande inspiration et me décide enfin à me lever, de toute manière je n'ai pas vraiment le choix. J'ai déjà un bras en lambeau, je n'ai aucune envie d'ajouter une blessure par balle à ma collection.

Une fois dehors, un vent glacial me gifle et je frissonne. Je suis toujours en robe, enfin si on peut appeler ce bout de tissu sanguinolent comme ça. Elle ne ressemble plus à rien et je sens qu'elle est déchirée dans mon dos. Pourtant, je ne suis pas la plus à plaindre, le sportif et l'une des filles sont encore en maillot de bain. J'avais vu un des flics donner un plaid à cette dernière, mais un autre l'avait forcée à l'abandonner en rentrant dans le bus. Elle tremble de tous ses membres, autant à cause du froid que de la peur j'imagine.

Je lève les yeux vers le sommet du mur, et constate qu'il est démesurément haut. Aucune des créatures surnaturelles vivants à l'intérieur n'a d'ailes, alors pourquoi s'embêter à construire un mur aussi grand ? Enfin il me semble, mes connaissances dans ce domaine sont assez limités. J'aurais peut-être dû être plus attentive aux monologues de mon frère lorsqu'il bavait à leur sujet comme s'il rêvait de devenir l'un d'entre eux.

— Ils sautent, me répond Teddy en haussant les épaules comme si c'était la chose la plus évidente qui soit. Les vampires peuvent faire des bonds de plusieurs centaines de mètres, et les loups-garous sont d'habiles grimpeurs. Quant aux autres, je ne sais pas trop, mais il faut probablement au moins ça pour les retenir enfermés.

— Ça et quelques autres petites choses, ajoute son nouvel ami en désignant les tourelles positionnées au sommet.

C'est étrange de voir de tel machine ici, j'aurais jurer que ce genre d'armement lourd n'avait sa place qu'à la guerre. Plusieurs hommes émergent d'un bâtiment adjacent et avancent vers nous armes en main. Leurs équipements ne trompent personne, ils ne font pas partie de la police, ce sont les gardes d'Osen. D'anciens chasseurs reconvertis en geôliers pour surnaturels. Leurs regards sont plus méfiants que ceux des flics, on sent qu'ils ont l'habitude de ne pas se fier à l'apparence de leur cible. Ce qui est plutôt sage lorsqu'on sait qu'un gamin à peine plus épais que moi s'était transformer en monstre sanguinaire de deux mètres de haut, avant de réduire en charpie des centaines d'étudiants. Ils nous jaugent rapidement, l'œil alerte, puis nous pousse vers le portail.

— Des louveteaux ? demande l'un d'eux en avisant ma plaie.

— Oui, répond le chauffeur, une soirée qui a mal tourné.

Let's dieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant