Mon mascara m'échappe des mains et atterrit dans l'évier. Je le récupère en pestant, je n'ai franchement pas besoin de ça maintenant. Etre maladroite est une chose, mais être maladroite alors qu'on a déjà plus d'une heure de retard frôle la malédiction. J'ai promis à mes amis d'arriver à l'heure pour une fois, mais visiblement ce n'est pas aujourd'hui que je vais changer mes habitudes.
Pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé. J'ai tout fait pour être prête à temps ! J'ai simplement oublié d'ajouter à l'équation un frère stupide qui s'est amusé à monopoliser la salle de bain pendant près d'une heure. Je suis convaincue qu'il l'a fait uniquement dans le but de m'énerver. Je l'ai entendu s'asseoir contre la porte et attendre que je m'en aille. Douze ans et je suis presque sûre qu'il ne passera pas une treizième année avant que je ne me décide enfin à l'étrangler.
Finalement, je me retrouve à courir dans tous les sens pour rattraper mon retard, prendre une douche, m'habiller, me maquiller, une véritable course contre la montre. Je n'ai pas le choix, ce soir est une soirée importante, voire même la plus importante de l'année. Eris Hairild organise chaque année une fête gigantesque chez elle, dans l'immense palais qui lui sert de maison. Toute la faculté est invitée, c'est « le » rendez-vous de l'année et ce pour une bonne raison : sa maison se trouve au milieu de nulle part, au centre d'une forêt qui appartient à sa famille. L'alcool y coule à flots et la musique résonne sur des kilomètres et ça, sans qu'aucun flic ne débarque jamais.
Mes amies vont probablement me tuer en s'apercevant que je suis une fois de plus à la bourre, mais tant pis, je ne peux pas me permettre d'y aller sans maquillage ! Une fois prête, je fais un petit tour sur moi-même devant la glace pour vérifier que ma robe tombe correctement.
C'est le cas, c'est parfait ! Elle est splendide, chic sans en faire trop, idéale pour être au top sans passer pour une diva. En réalité, je suis loin d'en être une, je suis plutôt du genre discrète dans mon genre, mais j'aime me faire belle pour des soirées comme celle-ci. C'est important pour ne pas se faire marcher dessus par le système. L'apparence est trop importante de nos jours pour se permettre de la négliger totalement, elle fait tourner le monde, rend les gens populaires ou à l'inverse impopulaire. C'est le cas au collège, au lycée et ça l'est toujours à l'université même si c'est moins flagrant. En vérité, je crois que ça reste toujours le cas, tout le monde juge constamment son voisin en fonction de ce qu'il voit. La crise qu'a provoquée les créatures surnaturelles n'a rien changé à ça, c'est dans la nature humaine de chercher un moyen de se démarquer. C'est stupide, ces créatures nous ont justement prouvé que l'apparence n'est qu'un vaste mensonge. Ils semblent humains et pourtant ils ne le sont pas... Lors des mois qui ont suivi le coming-out, beaucoup ont subitement découvert que leur gentil voisin si propre sur lui et si gentil était en réalité l'une de ces choses. Je secoue la tête, chassant les histoires horribles que j'avais vu défiler à la télé ces derniers mois et me concentre sur ce qui a vraiment de l'importance : cette soirée.
Après avoir lissé le tissu jaune et soyeux de ma robe, je noue une petite ceinture en cuir à ma taille, attrape ma pochette et descends en catastrophe les escaliers.
− Papa ! On y va, dépêche ! hurlé-je en arrivant dans l'entrée.
Mon frère passe devant en moi en m'adressant un regard méprisant et je dois prendre sur moi pour ne pas lui sauter à la gorge.
− Tu ne risques pas de draguer qui que ce soit habillée comme ça, on dirait un citron.
− Le jour où j'aurais besoin de l'avis d'un microbe dans ton genre, je te le demanderai, en attendant vas donc jouer à tes jeux débiles et oublies moi.
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Let's die
ParanormalCertaines personnes naissent avec des destins extraordinaires, ils sont, dès la première minute de leur vie, voués à quelque chose de grand. Mave ne fait pas partie de ces gens, à dire vrai, la banalité est un mot qui lui convient très bien. Du moi...