Let's die

Chapitre 38

Quand Declan ouvre de nouveau la porte de la chambre je me tasse instinctivement sur moi-même et il m'adresse un sourire encourageant. Lui au moins restera auprès de moi, et ce simple constat suffit à remettre un peu de plomb dans mon corps chétif. Je n'aurais pas supporté de me retrouver soudainement livré à moi-même. Ils prennent tous place autour de moi, Tryg sur le lit, Logan et Declan sur le canapé et Ash sur la chaise de bureau, les coudes nonchalamment posés sur le meuble derrière lui. Il me scrute et me détaille avec une telle intensité que je sens le peu de courage qu'il me reste me filer entre les doigts.

L'idée qu'il parte, qu'il m'abandonne, me pétrifie.

Alors je me tourne d'abord vers Tryg.

— Je vais rentrer chez moi, déclaré-je. Je n'ai plus besoin de ton aide et toi tu es libre de partir. Ta liberté vaut bien plus que la maigre protection que j'ai à t'offrir.

— Ça reste à prouver, répond-t-il avec un clin d'œil.

Il hoche tout de même la tête pour m'inviter à continuer. Alors je ferme une seconde les yeux pour me concentrer et lorsque je les ouvre de nouveau, les petits filaments argentés qui me lie à lui danse sous entre nous. Je les balaie de la main et ils se désagrègent en douceur, emportant dans leur sillage les marques noires dont il nous avait affublé.

Si Logan et Ash écarquillent les yeux devant ma démonstration, Declan, lui, se contente de hocher la tête comme pour confirmer quelque chose qu'il savait déjà. 

— C'est toi qui as fait ça ? s'étonne Logan en jetant un regard interdit à Tryg. Je pensais que seul celui qui crée le marché pouvait l'effacer ?

— Elle ne l'a pas effacé, elle l'a rompu, le corrige la fée.

J'acquiesce.

— Je peux probablement faire de même avec ta malédiction, je pourrais faire disparaître le loup si tu me le demandes. Mais j'ignore ce que cela te coûtera vraiment. Lorsque j'ai brisé la malédiction des vampires, ils en sont morts...

— C'était donc toi, intervient alors Ash d'une voix glacée. Comment ?

— Le pacte que j'ai passé avec cet ange, il allait de paire avec un pouvoir. Celui de dénouer les liens, quel qu'ils soient, les pactes, les malédictions, les marchés et je ne sais quoi encore. J'ai commencé à le comprendre lorsque Melanthe m'a demandé de la délivré des pactes démoniaques qui étaient gravés sur sa porte. Puis j'ai tué ces vampires par accident et j'ai saisis l'ampleur de ce don. Ils se sont écroulés parce que je leur ai demandé... Rien de plus.

Un souvenir que je ne risque pas d'oublier de sitôt.

— Les loups ne sont pas des cadavres ambulants, le libérer ne le tuerait probablement pas, lâche Declan pour détourner la conversation.

— Peut-être pas, mais...

— C'est non, me coupe soudainement Logan. Je ne veux pas redevenir humain. J'aime bien ce que je suis maintenant, et après tout ça, je ne peux pas simplement faire une croix sur tout ce qui s'est passé et retourner vivre chez mes parents. J'ai tué, et j'ai adoré ça, admet-t-il d'une voix blanche. L'excitation de la chasse, le combat, la mise à mort, toute cette violence, j'y ai pris goût. Je ne peux plus revenir en arrière.

Je ne peux pas dire que sa réponse m'étonne. J'ai vu à quel point il se plaisait à l'idée de devenir un loup et comment plus tard il se délectait d'en être un. Je regrette seulement ce que cela implique.

— Dans ce cas, il faut que tu partes. Tu ne peux pas rentrer, ils sauront ce que tu es et s'ils en doutent, il sera facile pour eux de le vérifier. Ils te renverront là-bas ou ils te tueront.