Chapitre 19

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Le fracas d'une porte qui claque me réveille en sursaut et j'enfouis mon visage fatigué dans l'oreiller en grognant. Je sais très bien qu'Ash l'a fait exprès, déjà parce qu'il est capable d'être aussi discret qu'un fantôme, mais aussi parce qu'il n'utilise presque jamais la porte d'entrée. C'est donc d'un pas lourd qu'il entre dans la chambre, claque une nouvelle fois la porte et s'approche de la fenêtre pour ouvrir en grand les rideaux que j'avais pris soin de fermer. Le soleil inonde soudainement la pièce et m'arrache un énième grognement.

— Maudit vampire ! Referme ça immédiatement j'essaye de dormir !

— Il est dix-sept heures, ce n'est plus l'heure de dormir, on a des choses à faire.

Ce « on » commence sérieusement à me taper sur le système.

— Figure-toi que je suis morte la nuit dernière et que ça n'a absolument rien de reposant, alors ferme ses rideaux avant que je n'aille chercher mon pieu.

Si seulement j'en avais un... Loin d'être impressionné par ma menace, il tire sur ma couverture, entrainant au passage mon corps autour de laquelle elle est enroulée, et je me retrouve au sol avec une vive douleur dans l'épaule.

— Aie... soupiré-je en me recroquevillant. Tu n'es qu'une brute Dracula.

— Allez, debout petite chose, ne me force pas à utiliser un jet d'eau froide pour te réveiller.

— Cruel vampire sadique, grommelé-je en me redressant mollement, les muscles encore endoloris.

Il ne prend même pas le temps d'attendre que je me mette debout toute seule et me soulève du sol avant de me balancer sur son épaule comme un vulgaire sac de farine. Ce à quoi je réponds en me débattant vainement. J'ai beau le frapper et lui tirer les cheveux comme une démente, il ne bronche même pas.

— Qu'est-ce que tu as fait de tes terminaisons nerveuses ? maugréé-je en abandonnant la partie et en le laissant me trimballer jusqu'au salon.

J'ouvre de grands yeux en découvrant cinq robes somptueusement hors de prix, étendues sur le canapé. J'ai suffisamment eu de mal à me payer celle que je portais à la soirée d'Eris pour savoir que ce genre-là, ne se trouve pas dans le centre commercial du coin et ne peut clairement pas se payer avec les maigres ressources d'une étudiante. Le vampire me pose en face d'elles et les désigne d'un signe de tête impatient.

— Choisis en une.

Je le dévisage, tourne la tête vers les cinq bouts de tissus et pivote de nouveau vers lui.

— C'est quoi ? Mon nouveau pyjama ? Tu en as marre que je te pique tes fringues ? demandé-je en tirant machinalement sur le T-shirt blanc dont je me suis servie pour dormir.

— Quoi ? Mais non, c'est pour que tu sois présentable lorsqu'on ira voir la Toile. Les vieux vampires sont légèrement tatillons concernant les apparences.

— Et le ménage, rappelé-je en jetant un regard entendu à la pièce impeccable qui était, il y a quelques heures encore, le vestige d'une nuit particulièrement éprouvante.

Je me penche vers la première robe qui croise mon regard et caresse du bout des doigts le tissu écarlate. C'est difficile d'imaginer exactement sa forme alors qu'elle est étalée de cette manière, mais pas besoin d'être devin pour deviner qu'elle risque de laisser entrevoir beaucoup plus de peau que nécessaire.

— Ecoute, c'est sympa d'avoir pensé à moi, mais honnêtement je préfère rester sagement ici pendant que tu iras régler tes comptes avec tes vieux copains. En plus ce genre de choses ça ne va qu'aux filles dans les magazines, je serais ridicule là-dedans.

Let's dieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant