28

33.7K 2.2K 97
                                    

Me sentant comme trahie, je me mise à trembler de rage. C'est un cauchemar. Oui, cette Bella est un véritable cauchemar. 

Telle une furie, je m'approche de Tina qui est en pleine discussion avec Bella et une fois devant elle, la fusille du regard. Magnifiqua dissimule un sourire victorieux, mais alors que je m'apprête à parler, un coup de fusil résonne dans notre dos. 

J'ai beau avoir l'habitude d'entendre ce bruit, je ne pourrai jamais empêcher ce spasme de me prendre l'estomac. Mon premier reflex est de jeter un coup d’œil au terrain de foot. Calebe, paniqué, se fond dans la foule et disparaît. 

-Calebe ! je hurle en m'approchant du terrain.
-Thalya, c'est bon, il est rapide, il doit déjà être loin, intervient Tina en agrippant mon poignet. 

Elle a raison, je ne dois pas l'inciter à me rejoindre. Il est rusé et doit très bien savoir où se cacher. Je reste immobile, tendant l'oreille à l'affût du moindre coup de feu. 
Et lorsqu'un deuxième coup résonne de nouveau, je réussis enfin à le localiser. Les mystérieux visiteurs armés approchent du terrain alors que ce dernier se vide à vue d’œil. 

Il ne reste plus que Tina, Bella et moi, au fond de la place. Les dernières personnes à quitter le terrain ne sont que quelques hommes de Cassio, armes en main.

-Tenez, prenez, et ne restez pas là ! s'exclame l'un d'eux en s'approchant de nous. 

Il me tend une arme, un 9mm et, brandissant la sienne face à lui, sort du terrain. Je charge l'arme, me retourne vers Bella et Tina et lance un regard inquiet envers mon amie. Bella tend une arme à Tina qu'elle vient juste de sortir de sa ceinture et en charge une dans ses mains. 
J'aurai bien levé les yeux au ciel mais ce n'est pas le moment de se la jouer gamine. 

-Suivez moi ! je m'écrie en sortant du terrain. 

La longue rue menant à la sortie de la Favela est vide. Plus aucune personne ne traîne dehors et ça en est presque inquiétant. 

Plus bas au loin, je distingue une dizaine d'homme, armés jusqu'au cou, à la recherche de la moindre personne assez malheureuse pour être dehors. 

-Par là, dis-je en longeant les murs des casas. 

Bella et Tina à mes trousses, je dévie notre course dans une petite ruelle étroite et après m'être assuré que les murs des casas sont bien proches, je fais enfin ce que je voulais toujours faire. Adan le fait toujours lorsqu'il vient me parler. 

Je cale un pied sur le mur droit, l'autre sur le mur gauche, et pour ne pas être encombré, je place le 9mm entre mes dents. Je plaque mes deux paumes sur les deux murs et me mis à escalader jusqu'au toit, par la force de mes bras et de mes jambes. Une fois sur le toit d'une des deux casas, Tina m'imite et je lui tends ma main pour la hisser à mes côtés. 
Bella place son arme entre ses dents, comme moi, et se hisse sans difficulté en haut de la casa, d'une classe si évidente que j'en reste bouche-bée. 
Je l'aurai cru moins souple.

Cependant, dans son regard, je recèle de la peur et de l'anxiété. D'après ce que je sais, c'est une grande gangster, mais c'est toujours impressionnant et effrayant une course poursuite dans les favelas.
Si je n'aurai pas eu cet excès d'adrénaline, j'aurai eu moi même la chaire de poule. 

Sans perdre une seconde, je récupère mon arme et nous nous mettons en route. Marchant prudemment sur les toits, j'intime à Tina et Bella de ne faire aucun bruit. 

-Ouvrez bien l’œil, si vous en voyez un, prévenez moi, dis-je en tendant l'oreille. 

Toute trace d'arrogance a disparu du visage de Bella qui a présent, est complètement paniquée. Je sais parfaitement ce qu'elle ressens, et sans même m'en rendre compte, j'esquisse en son égard, un sourire compatissant et qui se voudrait rassurant. Elle me regarde étrangement, comme si le fait que je sois sympa soit complètement irréel. 

-Ils sont là ! chuchote Tina alors que nous nous apprêtons à sauter d'une casa à une autre. 

Silencieuse et avec mes mains, je dis à Tina et Bella de se baisser le plus possible. Quant à moi, je m'allonge complètement sur le toit, les deux m'imitent sans perdre une seconde. Je tends mon arme le plus prés possible du groupe d'homme. Ils sont environ 10. Je ne les ai jamais vu dans le coin et chacun d'eux est en possession d'une mitraillette. Mais qui sont-ils ? Que font-ils ici ? Alors que je m'apprête à tirer sur l'un d'eux, un des hommes parle. 

-On ne devrait pas partir ? On a fait assez de dégâts puis on est pas nombreux. 
-Tais toi panelheiro ! Ils n'étaient pas aussi nombreux pour tuer Rafael, que deux, tu t'en rends compte ? 

Mon cœur se soulève. Je lance un regard inquiet à Tina et Bella puis tout en silence, me montre du doigt. Ce sont donc les hommes de la favela de Salvador de Bahia, les hommes de Rafael, et ils viennent se venger. Les «deux» fait référence à Cassio et moi. Je suis sur liste noir. Selon eux, ma tête sera bientôt barré d'une croix rouge, mais ils pensent mal. 

-Comment elle s'appelle déjà ? demande l'un d'eux. -Thalya da Silva. 
-Et elle n'a pas de famille cette pute ? 
-Je ne sais rien d'eux. J'ai juste des informations sur son frère, Thomaz, il bosse pour le fils de pute. 

Mon cœur trésaille lorsque je réalise que le fils de pute en question, c'est Cassio. Jamais ils n'auraient osé parler comme ça en sa présence. D'ailleurs, que fais t-il ? Il m'avait dit qu'il avait à faire en dehors de la favela, mais quand est-ce qu'il revient ?

Ce n'est pas à 3 seulement que nous arriverons à buter ces hommes ! 

C'est alors qu'au loin, plus en bas, un important groupe d'homme s'avance au pas de course. Parmi eux, je reconnais Thomaz et Polo. Un spasme me prend l'estomac tandis que les hommes de Rafael se retournent, alertés par les bruits. 

Les hommes de Cassio entrent dans le champ de vision des hommes de Salvador de Bahia et ces derniers chargèrent leurs armes. Ils les brandirent face à eux, tout en reculant afin de se cacher derrière des fins murets. 

-Para Rafael ! s'écrit l'un des hommes tandis que les balles se mirent à fuser.

La Favela du Crime - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant