La Favela du Crime - Tome 1

30

Partie 30

-Putain de merde ! s’énerve t-il en plaquant sa main contre la table.

Voilà dix bonnes minutes que je suis avec Cassio, dans la petite casa en haut des escaliers. Après qu'un de ses hommes lui ai fait récit de la fusillade, il a ordonné qu'on me ramène à lui. Et depuis tout ce temps, je suis debout face à lui, paralysée, incapable d'articuler ne serais-ce qu'un mot. Pour être énervé, il l'est vraiment. Il n'a pas l'air de rigoler sur ce genre de chose.

-Putain ! répète t-il une nouvelle fois, j'aurai jamais dû te confier ça ! Tu m'as coûté deux hommes connasse !

Je baisse la tête au sol. Il a raison. Par ma faute, deux hommes sont mort... Quoi ? Par ma faute ? Mais qu'est-ce que j'ai fais exactement ? C'est lui qui a tué Rafael, pas moi ! Et comme s'il lisait dans mon esprit, Cassio s'empresse d'ajouter :

-Si tu aurais mené à bien ta mission, on en serait pas là ! Puta ! Tu m'expliques pourquoi ces fils de pute ont ton nom ?

-Je ne sais pas, je me contente de répondre, fautive comme tout.

-Tu sais pas ?! Elle sait pas ! Bon bah t'es innocenté, c'est bon, tu peux partir, déclare t-il en me montrant la porte d'un signe de main.

Je le fixe, incrédule et lève un sourcil. C'est tout ?! Le silence règne interminablement et je finis par me résoudre à faire volte-face et à ouvrir la porte de la casa.

-Referme cette porte ! Putain tu joues à quoi ? s'écrit Cassio dans mon dos.

Paniquée, je ferme rapidement la porte et me retourne. En même temps, j'aurai dû me douter que ça n'allait pas être aussi facile.

-T'es encore plus conne que j'le pensais. Tu croyais vraiment que tu pouvais t'en aller ? Comme ça ? dit-il en claquant des doigts.

-Mais tu viens de me dire que... je commence, perdue.

-Ferme ta gueule ! Tu me rends fou !

Je me tais illico presto. Mon Dieu, il me fait peur quand il est énervé comme ça ! Bon, d'accord, il me fait constamment peur. Mais je dois avouer que là, c'est un petit peu beaucoup plus effrayant ! Ses yeux clairs sont perçant et luise d'une haine incommensurable. Sa mâchoire qui, en tant normale est parfaitement bien dessinée, est complètement serrée. Si serrée que je me demande même comment fait-il pour ouvrir la bouche. Mais je dois avouer que comme ça, dans un tel état, il est au summum de sa beauté. C'est étrange à dire, n'est-ce pas ? Mais c'est indéniable : Cassio est beaucoup plus canon lorsqu'il est énervé.

-Qu'est-ce que je vais faire de toi ? demande t-il en se posant sur la table.

Un silence lourd et pesant s'installe durant lequel Cassio ne quitte pas mon regard. Un spasme me prend l'estomac et je tressaille.

-Répond moi Thalya. Qu'est-ce que je vais faire de toi ? se réitère t-il, d'une voix qui se voudrait calme et posée.

Mon prénom sortant de sa bouche est si beau à entendre que j'en oublierai presque sa question. Je lève les sourcils en réalisant à quel point mes pensées sont confuses en sa présence et me racle la gorge.

-Je ne sais pas...

-Tu ne sais jamais rien, souffle t-il, ennuyé.

De nouveau, ce silence oppressant prend place et je fixe le sol.

-Et arrête de te tenir comme une enfant. Tu es loin d'en être une. Au contraire, tu sais très bien ce que tu fais, ajoute t-il en m'analysant de la tête au pied.

Je remarque alors qu'effectivement, il a raison. Les pieds joints, ma posture est droite. J'ai la tête baissée et les bras dans le dos. Malgré moi, j'esquisse un minime sourire et croise mes bras sur ma poitrine après avoir adopté une posture plus naturelle.

-Tu sais très bien ce que tu fais, mais malheureusement pour toi, tu le fais mal, complète t-il.

Je me retiens de justesse de lever les yeux au ciel et croise son regard si clair et pourtant sombre.

-Pour te punir, tu sera chargée de récupérer le prochain colis de poudre demain matin. Dans la rue Solana Beche juste derrière le Bob's, annonce t-il en se levant de sur la table.

Récupérer un colis ? En quoi cette histoire représente une quelconque punition ? Quant au Bob's, de quel Bob's parle t-il au juste ? Ce Fast Food est présent à chaque coin de rue de Rio !

-Quel Bob's ? je demande alors.

-Celui sur l'avenue principale de Copacabana, juste à côté du Palais.

Dans ma tête, je tente de retenir les informations. Le Bob's à côté du Palais de Copacabana, sur l'avenue principale. Rue Solana Beche, derrière le Fast Food.

-Qu'est-ce que je dois faire ? je demande après quelques minutes de réflexions.

-A 10 heure tapante, un homme t'attendra, il s'appelle Paulo. Il te donnera un sac et à l'intérieur, il y a la drogue.

-Je dois prendre le sac et rentrer ? C'est tout ?

-C'est aussi simple que ça, poursuit Cassio.

-Je ne lui donne rien en échange ? Enfin...

-Tout est déjà réglé, c'est un colis bihebdomadaire. Il ne s'attendra pas à te voir, dis lui juste que tu es avec moi.

Perplexe, je fronce les sourcils. C'est ça ma punition ? Mais c'est tellement simple ! Où est le piège bon sang ?!

-Ne t'en fais pas, ricane Cassio, l'homme ne te fera aucun mal.

-D'accord, dis-je, une once de méfiance dans la voix.