La Favela du Crime - Tome 1

05

Sur le chemin du retour, je regarde ma montre, il est 18 heures. J'ai salué Oliver sans même lui avoir parlé du rendez-vous avec Cassio à 20 heures. Je n'avais pas envie qu'Oliver se rajoute, qu'il lui arrive des problèmes à lui aussi. De toute manière, Rafael a donné l'argent et il est mort, alors pourquoi Cassio s'en prendrait-il à moi? Trente minutes plus tard, j'arrive enfin à la casa. Ma mère me saute dessus en me bombardant de questions.

- Désolée mamãe, j'étais... chez une amie, mentis-je alors, on faisait un devoir pour l'école.

- Tu aurais pu me prévenir, j'étais morte d'inquiétude, il commençait à faire tard! répondit-il en soupirant.

- Désolée.

Si seulement tu savais dans quelle merde je me suis mise mamãe! Que je dois retrouver le plus grand et dangereux trafiquant de drogue de tout Rio ce soir...

Il était à présent 19h, nous étions à table et je ne savais pas encore comment j'allais faire pour réussir à sortir sans que ma mère me voit. Pendant une demi-heure, je cherchais une solution. La nuit tombe et ma mère ne me laissera jamais sortir pour quoi que ce soit. Je lève la tête vers elle et la vois commencer à fermer les yeux.

- Tu devrais aller t'allonger, mamãe, dis-je alors.

-Tu as raison, répond-t-elle en se redressant, occupe toi de Yasmin et Calebe.

Comme j'étais rentrée tard, ma mère avait refusé que je ramène Yasmin, cette dernière est donc restée un jour de plus. Ma mère part se coucher. Dix minutes plus tard, elle dormait à poings fermés.

- Je vous laisse seuls, dis-je aux enfants, ne dites rien à mamãe, d'accord?

- Tu vas où? me demande mon frère.

- J'ai... des problèmes à régler Calebe, promettez moi de ne rien dire.

- Promis! disent-ils au bout de quelques secondes de silence.

- Je rentrerai tôt! ajoutai-je en quittant la casa.

Je ferme la porte en m'assurant en même temps que l'arme et l'argent sont bien là puis je reprends ma marche. A huit heures moins cinq, j'arrive enfin sur l'Avenida da Republica. C'est la première fois que je vois cette rue de nuit, elle est encore plus animée que durant la journée. Il y a des lumières partout, des enfants regardant par la fenêtre et la majorité des gens sur la place sont des hommes. A vrai dire, il doit y avoir deux-trois femmes mais ce sont plutôt des filles de joie, si vous voyez ce que je veux dire!

Je marche à l'aveuglette, à la recherche Cassio mais bien évidemment, il n'est pas encore là. J'entendis un coup de fusil et la seconde d'après, la place se vide. Les hommes et les filles partaient en courant, les enfants fermaient leur fenêtre et éteignaient leurs lumières. La musique s'arrête. Pour ma part, je cours à l'intérieur du café du Martinez - nommé ainsi d'après son ancien propriétaire décédé d'une maladie grave.

A vrai dire, il n'y a eu qu'un seul coup de feu. Je me demandais bien qui en était à l'origine. Je sors lentement du café et sur la place, je vois Casso arriver, torse-nu avec son éternelle mitraillette. Il est accompagné d'un autre homme et ne m'a pas encore vu.

- Qu'est-ce qu'ils ont tous? dit-il en affichant un sourire.

- Tu viens d'en buter un, Chefe, répondit l'autre.

- Et alors? répliqua-t-il en haussant les épaules, il me devait des thunes depuis plus d'une semaine.

Son ami imita son geste et analyse la place désertique. Cassio lève la tête et me repère avant de faire signe à son ami de s'en aller. Je me retrouve très vite seule avec le Chefe. Je suis juste devant la porte du café, Cassio me rejoint et s'arrête face à moi.