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Partie 33


-C'était dur ? me demande Cassio en récupérant le sac que je lui tends.


Je secoue la tête de gauche à droite. Avec toutes les informations de Tina, je pensais que ça allait être pire, mais au final, je n'ai reçu que quelques coups d'œil de la part d'un policier. Sûrement qu'il me trouvait à son goût.

Enfin bon, rien d'inquiétant, heureusement pour moi, je m'attendais à beaucoup plus pire !


-De toute façon, je savais que tu n'allais pas te faire prendre, annonce Cassio en ouvrent le sac, je voulais juste te faire peur.


Comment ça il savait que je n'allais me faire prendre ?! Il voulait juste me faire peur ? Mais comment savait-il que je pouvais avoir peur puisqu'il n'était pas là lorsque Tina m'a racontée les dangers des transactions de colis bihebdomadaires ?


-Ces panelheiro sont des incapables. T'es une enfant, jamais ils ne t'auraient attrapée, explique t-il en déposant des paquets de drogue sur sa table.


Pour une raison qui demeure inconnue, le fait que Cassio dise que je ne suis qu'une enfant me blesse légèrement. Non pas que je prétende être une femme, mais de sa bouche, c'est pourtant si blessant. Je baisse instinctivement la tête vers le sol et me gratte la nuque.


-Je ne suis pas con quand même. Je ne préfère pas me risquer de perdre des kilos de drogue à cause de toi, dit-il en relevant des yeux furtifs vers moi.

-Alors pourquoi m'as-tu chargée de cette mission à Salvador de Bahia ? dis-je en haussant le ton.


Aussitôt, je réalise ma bêtise. Je sers les lèvres et détourne les yeux de son regard qui, à présent, me fusille. Merde, c'est sorti tout seul! Mais j'ai la nette impression que ma petite remarque ne l'a pas vraiment atteint. Enfin si, mais pas suffisamment pour qu'il me plante une balle dans la tête. Un silence lourd et pesant s'installe.


-C'est différent, déclare t-il au bout de quelques minutes, d'une voix calme et posée.


Je lève un sourcil en remarquant que non, il ne s'est pas énervé contre moi. Et j'avoue profiter de cette situation qui ne se présentera pas deux fois.


-Deux de tes hommes sont morts à cause de moi, je laisse échapper, tournant par la même occasion le couteau dans la plaie.


Je le fixe à présent, et j'ai l'impression de me sentir forte. Oui, de tenir tête à Cassio, ça me rend forte, c'est fou ! De son côté, il n'a pas l'air de se soucier de ma présence alors qu'il aligne ses paquets de poudre. Cependant, je perçois sa mâchoire se contracter légèrement. Il relève la tête et plante son regard dans le miens. Et là, là je sus que je ne pourrai plus lui tenir tête. Ou plutôt que je n'ai plus intérêt à le faire. Malgré la peur et l'effroi qui me submerge, je frissonne en réalisant que ses beaux yeux clairs éveillent en moi une quelconque fascination. C'est tout moi ça, la grande fascinée du danger.

Cependant, je tiens son regard, bien que le miens ne soit pas aussi perçant et froid, voir pas du tout. Et nous restons ainsi, à nous contempler durant plus de trois minutes.

Mon dieu, je donnerai n'importe quoi pour détourner le regard. Mais le faire serait lui montrer qu'une fois de plus, la bonne vieille Thalya est faible, et que jamais elle ne saura hausser le ton une nouvelle fois. Non, jamais. C'est la première fois que j'ose ainsi soutenir son regard, il ne faut pas que je faille maintenant !


-C'est différent, articule t-il d'une voix suave et basse, vas t'en avant que je te donne une punition digne de ce nom.


Je le fixe, sans vraiment comprendre où il veut en venir et réalise au bout de quelques secondes qu'il fait allusion à une punition du genre «colis bihebdomadaire». Honteuse, je détourne le regard, les joues en feu. Je me risque d'un coup d'œil en son encontre et m'aperçois qu'un sourire pervers et abusé fend son visage. Il attrape mon regard, et mes joues s'enflammèrent d'autant plus.


-Sans arrières-pensées bien sûr, conclu t-il en éclatant de rire.


Je lève les yeux au ciel, et histoire de moins me ridiculiser, feigne l'hilarité. Je tourne sur mes talons, ouvre en grand la porte de sa casa et sors sans un mot.


Je ne veux pas rentrer chez moi, malgré l'heure matinale. Pour penser au regard de Cassio et à notre discussion toute la journée ? Non merci ! Alors sur ces pensées, j'entre sur la place du terrain et suis surprise de découvrir Bella en compagnie de Keïna, en pleine discussion.


-Salut, vous parlez de quoi ? dis-je en arrivant derrière elle.

-De ses petits boulots, répond Bella en m'adressant un sourire amical.

-D'ailleurs je vais devoir y aller si je ne veux pas arriver en retard. Thalya, on se voit tout à l'heure ? Il faut que j'aille revendre.

-D'accord, dis-je en lui tapant dans le dos.


Tandis que Keïna s'en va, je m'assois à notre place habituelle, Bella fait de même.


-Thalya, il faut que je te dise quelque chose, déclare t-elle après un silence.



~NDA~


Coucou tout le monde! J'ai mis cette suite pour vous faire plaisir et plus tôt que prévu étant donné que j'en ai postée deux hier! Je vous propose quelque chose de simple : Je poste plus rapidement que prévu la partie 34 si vous me rédigez un beau commentaire en donnant réellement votre avis sur l'histoire ou plus précisément sur cette partie si vous voulez! Bisou :)

La Favela du Crime - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant