La Favela du Crime - Tome 1

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Partie39

Voilà plus de vingt minutes que nous roulons, et je ne sais pas où nous allons. Après s'être séparé de mes bras, Cassio ne m'a adressé aucun regard, aucune parole, et je nage dans le doute depuis tout à l'heure. Sa main est serrée sur le volant, dans l'autre, il tient une cigarette.Ses sourcils sont froncés, pour ne pas changer, et lorsque nous sommes à l'arrêt, il se contente de balancer sa tête en arrière et de relâcher sa fumée. La curiosité me ronge, et je me redresse sur mon siège en soupirant.

-On va où? Je demande finalement.

-A Magé, j'ai des affaires à régler.

-Tu ne devais pas aller à Sao Paulo ?

-Comment tu sais ça, toi ?

-Tina me l'a dit.

Il hoche la tête en tirant une nouvelle taffe de sa cigarette et penche la tête en arrière, puis finit par me regarder, les yeux plissés.

-J'ai envoyé quelqu'un d'autre là-bas, Magé est plus important.

-C'est loin?

-Putain, t'as fini avec tes questions ? S'énerve t-il en jetant sa cigarette par la fenêtre.

Je sursaute de peur et détourne le regard vers l'extérieur. Je n'arrive pas à me retirer de la tête l'image de Cassio tirant sur l'homme au visage tatoué, et je n'ose pas lui en parler. Il s'énerve déjà lorsque je lui parle d'une ville, qui sait ce qu'il fera. Je serre dans mes mains l'ourlet du tee-shirt blanc que Cassio m'a passé juste avant qu'il ne démarre la voiture. Il l'avait en plus dans son coffre, au cas où m'as t-il dit. Discrètement, je tente d'humecter le col et une odeur de savon et de tee-shirt neuf me caresse les narines. Avec une odeur de sueur et de menthe, ça se rapproche de celle de Cassio. J'écarquille les yeux en réalisant que je connais son odeur. Je détourne la tête.

Le temps passe, plus de trente minute où personne ne parle. Je n'ose regarder Cassio, mais au bout d'un certain temps, j'ai l'impression de sentir son regard sur moi. Je détourne la tête vers lui et le surprend à me dévisager. Il roule à plus de 130 km/h et il me regarde. Quoi de plus normal ?

-Sil te plaît, regarde la route, dis-je en empoignant ma ceinture des deux mains.

-Tu sais, t'as pas à être gênée parce que je t'ai embrassé, dit-il en ignorant ma demande.

-Je ne suis pas gênée, je mens en soutenant son regard.

-T'es gênée comme ça quand tu couches avec les mecs ? Demande t-il, une pointe de curiosité dans la voix.

-Je ne couche pas avec les mecs ! Je m'écrie, indignée.

-T'es plutôt meuf ? Ricane t-il.

-C'est faux, je répond en levant les yeux au ciel.

Il rigole une nouvelle fois et je ne peux m'empêcher de le suivre, tant la mélodie qu'est son rire me charme. Mon cœur se serre et je me pince les lèvres. Cassio se penche sur le côté et sort un paquet de cigarette de sa poche. Il en tire une qu'il met dans sa bouche et se fouille la poche, à gauche, puis à droite. Il me désigne son briquet sur le tableau de bord, face à moi. J'avais oublié qu'il l'avait posé là.