La Favela du Crime - Tome 1

36

Partie 36.

Un spasme me prend à l'entente de cette voix rauque. Je me retiens de le fixer et observe les deux garçons d'un œil ennuyé. Les deux, au vu de sa silhouette imposante se lancèrent des regards entendu et s'en allèrent sans réclamer leur dû. Je me retrouve alors seule avec Cassio et me force à ne pas l'observer. Du coin de l'œil, je remarque qu'il s'assoit près de moi, à même le sable brûlant. Je me retiens de lui dire qu'il va se brûler le derrière.

Mon pouls s'emballe alors que son bras frôle le miens. Sans même le vouloir, je me retourne vers lui, malgré moi, l'analyse rapidement de la tête au pied. Il n'est vêtu que d'un short noir et des goûtes d'eau ruissellent le long de son torse. Son torse basané qui en passant est vraiment... musclé. Sans m'attarder dessus, je devine ses abdominaux tracés et le rouge me monte aux joues. Un corps pareil pour un tel comportement, quel gâchis. Je plonge alors mon regard dans le siens, l'air gêné. Je repère cette fine goûte rouler le long de cette petite cicatrice au dessus de sa lèvres supérieure.

Il a sans doute remarqué que je faisais une analyse complète de sa personne car il pousse un petit rire, l'air amusé. Mon Dieu, quelle honte ! Je pense que je ne m'en remettrai jamais. Je détourne le regard, et m'aperçois qu'au loin, Kamille nous lance des regards curieux et... haineux ?

-Qui te dis que je ne voulais pas leur parler ? je laisse alors échapper sans le vouloir.

-T'es trop petite pour les garçons, me répond t-il en souriant.

Comme s'il venait de se rendre compte que j'étais également en maillot de bain, il m'observe à son tour. J'aurai bien fait ne serais-ce que la moindre remarque pour l'arrêter dans sa «contemplation» mais disons que je suis comme paralysée. Mon pouls s'emballe tandis qu'une lueur désireuse et chaude traverse son regard. Un frisson me traverse. Je me redresse lentement, plaquant mes jambes contre mon corps en me raclant la gorge.

-Je retire ce que j'ai dit, déclare t-il en arborant un sourire pervers.

-Arrête ! je laisse échapper, complètement paniquée.

-Quoi?

-Arrête de me regarder comme ça.

-Comment ? dit-il en approchant son visage du miens, la voix plus grave que d'habitude.

Son regard pourtant clair et froid devient sombre et chaud. Une lueur de désire traverse son visage et mon cœur bat à tout rompre. Mon Dieu, qu'est-ce qu'il me fait ?

-Comme ça, je murmure, mes yeux plantés dans les siens.

Et là, quelque chose d'unique se passa, quelque chose de rare et d'étrange. Durant ce qui me semble être une éternité, le regard de Cassio ne quitta pas le miens, et j'eus l'impression que tout, tout autour de moi, s'était effondré. Son regard froid qui habituellement m'inspire la crainte, m'est impossible à déchiffrer. Et pourtant, il me donne envie d'aller plus loin. Il me donne envie de franchir cette barrière invisible qui nous sépare l'un de l'autre. Je réalise peu à peu que son visage s'approche irrémédiablement du miens, et alors que je m'apprête à fermer les yeux, prête à goûter ces lèvres pleines et tracées, prête à vivre ce court instant qui m'est uniquement destiné, quelque chose disparaît dans son regard et il se racle la gorge en se reculant rapidement, comme s'il ne s'était rien passé.