La Favela du Crime - Tome 1

37

Partie 37

-Putain de merde, c'était quoi ça ? Murmure Tina tandis que nous sortons de l'eau pour nous asseoir sur le sable chaud.

Ça ? C'était Cassio. Après s'être longuement embrassé, il m'a intimé de rejoindre mes amies, et a quitté la plage, me disant juste qu'il a des choses à faire. Putain, elle a raison. C'était quoi ça ? Ce n'était pas Cassio. Le Cassio que je connais ne m'aurait jamais embrassé d'une telle manière. C'était doux et passionné, en totale opposition avec son véritable caractère.

Je me contente de hausser les épaules car si j'ouvre la bouche, aucun son n'en sortira. Tremblante, je replie mes jambes sur moi mêmes et les entoure de mes bras. J'ai la chaire de poule ! Mon Dieu, cette proximité, cette chaleur, ce baiser, cette langue, je donnerai cher pour y goûter de nouveau. Je n'arrive toujours pas à...

-Thalya ! S'écrie Keïna en me secouant le bras.

-Quoi ? Je chuchote en sursautant.

-Quoi ? Tu te fou de notre gueule ? T'étais entrain de faire l'amour avec Cassio sur...

-Tais toi, toi, intervient Tina en éclatant de rire, sérieusement Thalya, qu'est-ce qu'il s'est passé? Après ça, ne vient pas me dire que tu n'es pas raide dingue de lui !

-Je... je commence, mais incapable de poursuivre, je me passe la langue sur les lèvres dans l'espoir d'y retrouver l'odeur chaude de Cassio.

-Elle a perdu la tête, elle ne sait plus quoi dire, ricane Keïna.

-Tu verrais la tête à Kamille, elle est toute rouge cette connasse, glousse Tina.

D'une oreille distraite je les écoute, mais l'information n'atteint pas mon cerveau. Qu'est-ce que ça signifiait, ce baiser ? Ces paroles ? Ce regard ? Se joue t-il de moi ou est-il vraiment sérieux ? Cassio a toujours été comme ça, dragueur, joueur et pervers, mais là, là c'était différent. Comme s'il tenait à moi, comme si ce moment partagé était unique. Je n'arrive toujours pas à m'en remettre. Les endroits où sa peau m'a touché me brûle et une fièvre me prend, je dois avoir les joues toutes rouges. Quand à mes mains, je les revois s'accrocher sauvagement à son dos, et...

-Tu viens ? Tout le monde est parti, m'informe l'une de mes deux amies.

Je relève la tête et réalise que la bande n'est plus là. Je suis vraiment perdue dans mes pensées.

*

Allongée dans mon lit, je ferme les yeux et me repasse en boucle la scène. C'était magique, tout simplement magique. Digne des plus grands films. Et je n'arrive toujours pas à poser le doigt sur ce spasme qui me prend à chaque souvenirs de ce baiser, ni sur ces battements de cœur rapides qui surviennent à l'évocation de son nom. C'est absurde, je ne dois pas être la première fille à qui il fait ça, à qui il procure ce genre de sentiment, et pourtant, je ne peux m'empêcher de sourire niaisement.

*

Voilà quelques jours que je ne vais plus au terrain, que je ne sors plus de chez moi d'ailleurs. Seule Tina et Keïna sont passées à la maison pour prendre de mes nouvelles, j'ai prétendue avoir une fièvre horrible et des mal de ventre insupportable. En vérité, j'ai juste peur de croiser Cassio. C'est vrai, c'est ridicule, mais depuis ce baiser et ces quelques mots «Tu es à moi», j'ai peur de le voir, et de découvrir ce qu'on est devenu. Même si ce «on» n'a jamais vraiment existé. Est-ce qu'il fera comme si de rien était ? Ou au contraire, sera t-il plus gentil ? J'ai peur de le découvrir, oui. Mais le fait de me dire que lui, à l'heure actuelle, doit s'en foutre complètement de moi, ça m'anéantis. C'est étrange, ce ressenti...