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Partie 41

Depuis petite déjà, je savais qu'un bonheur n'arrivait jamais seul. Qu'il emmenait dans son sillage la tristesse et qu'un cœur à l'origine tourmenté ne pouvait échapper à sa destinée. C'est ce à quoi nous sommes voués, nous, enfants de favelas, et croire en un beau lendemain était faire preuve d'une naïveté évidente.

Le trajet du retour se passa à merveille. J'avais l'impression que Caylan et moi formions un couple, et je me gardais de lui dire que je ne souhaitais pas rentrer chez moi. J'ai l'impression que je suis en plein rêve, et que mon retour à la favela serait comme un réveil brutal. Et si toute la «magie» s'envolait? Je ne préfère pas y penser, mais ça m'obsède, ça me colle à l'esprit comme un parasite.

Nous arrivons finalement au centre-ville de Rio de Janeiro, et après de longs sentiers de terre battue traversé, nous débouchons sur la petite place à l'entrée de la favela. Un coup d'œil vers le tableau de bord m'indique qu'il est une heure du matin, et pourtant, je ne suis pas du tout fatiguée. Je sors de la voiture, et l'air frais enveloppe mon corps comme une mère serrerait son enfant dans ses bras. Je lève les yeux au ciel tandis que Caylan sors de la voiture à son tour. L'absence d'arbre et d'immeuble m'offre une vue dégagée du ciel. Il est noir, rempli d'une multitude d'étoiles lumineuses, tranchantes, et en cette nuit, en cette journée, j'ai l'impression que c'est le plus beau tableau que je n'ai jamais vu.

-Tu comptes rester plantée là toute la nuit?

Ou comment briser le charme! Je me retourne vers Caylan qui a l'air de s'impatienter, et m'empresse de le suivre vers la montée de la favela. En silence, nous marchons, et très vite, l'endroit où nous devons nous séparer arrive. Gênée, et ne sachant que dire, je fais un pas vers le chemin que je suis censée emprunter, mais me retourne vers Caylan qui m'observe sans un mot.

-Bon bah, salut, dis-je, mal à l'aise.

Un sourire amusé se dessine sur son visage, et sans crier gare il comble le vide entre nous, pose ses mains dans le creux de mes reins et m'attire vers lui. Et je ne saurai dire si c'est lui ou si c'est moi qui ai fait le premier pas mais à la seconde qui suit, mes lèvres sont sur les siennes. Et c'est insoutenable. La chaleur grimpe à une vitesse ahurissante et je m'agrippe à ses épaules. J'ai envie d'être plus proche de lui, alors je colle un peu plus mon corps contre lui, il pousse un grognement de désir et me plaque contre le mur d'une casa. Ses lèvres quittent les miennes pour parcourir délicatement mon cou, je penche la tête en arrière et mes mains descendent sur ses reins. Une explosion se produit en moi, mon cœur manque de s'arrêter net tant il bat à une vitesse ahurissante, et mon corps se raidit lorsque les mains chaudes et pourtant gelée de Caylan s'introduisent sous mon large tee-shirt. Il parcourt chaque parcelle de ma peau, et mon cœur ne devient plus qu'une boule d'électricité. Mon désir se multiplie et mon ventre se tord de plus belle. Alors, ses mains se posent sur ma poitrine, et mon corps se paralyse. Mon cerveau se met à clignoter, à alerter chaque parcelle de mon corps que si je le laisse faire, que si je m'abandonne à ses bras, je pourrai peut-être le regretter. Je le regretterai sûrement, en vérité. Et comme un réflexe, j'attrape ses avants-bras et ai un mouvement de recul. Il compris instantanément la chose car il eu également un mouvement de recul, en fronçant légèrement les sourcils. La mine inquiète ou frustrée, il tente de me consulter d'un signe de tête, de comprendre la raison de ce geste et honteuse, je baisse la tête.

Même si je sais pertinemment que j'ai eu raison de faire ça, je ressens une certaine honte, une certaine culpabilité, et mal à l'aise, je tente de me justifier, de m'expliquer, mais tout ce qui sort de ma bouche n'est qu'une multitude de sons étouffés et de syllabes incohérentes. Je n'ose même plus le regarder.

La Favela du Crime - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant