Partie 29
Les balles s'échangent entre les deux camps distincts. Des hommes tombent au sol du côté Rafael, d'autre du côté Cassio.
Étant actuellement un point de vue externe, je me retiens de crier «STOP» à quiconque m'entendra. Ces hommes se tuent au nom de leur chef. Un simple nom.
D'un froncement de sourcil, je chasse cette idée de ma tête et me retourne vers Bella et Tina.
-On va se charger des hommes qui sont cachés derrière les casas, suivez-moi, dis-je en me relevant discrètement.
Quelques minutes plus tard seulement, nous nous arrêtons, jugeant que notre place actuelle est suffisante pour toucher facilement les hommes de Rafael.
Cette pointe de panique constamment présente dans la gorge et dans l'estomac, je lance un regard entendu à Tina et Bella.
Les hommes de Rafael se mettent à fuir, car ceux de Cassio prennent de plus en plus d'espace. Au loin, j'en aperçois un qui force la porte d'une casa. Tina croise mon regard et sans même une parole échangée, comprend où je veux en venir.
Elle s'éloigne de nous afin de descendre cet homme, quant à Bella et moi, nous nous approchons un peu plus des rebords des casas pour pouvoir avoir un meilleur angle de vue.
C'est alors qu'un des hommes de Rafael s'écrit en pointant Bella du doigt qui s'est trop relevée. Et à une seconde prés, je l'attrape par le poignet et la tire brutalement en arrière, la forçant à s'allonger au sol.
Si la détonation n'avait pas retentit et si la balle ne nous aurait pas frôlé, je pense bien qu'elle m'aurait assassiné sur place.
D'un signe de tête et d'un fin sourire amical, elle me remercie tandis que je me rapproche un peu plus du bord pour jeter un coup d’œil à la situation.
Les hommes de Rafael ont des mitraillettes ce qui rend leur avancement plus facile. Ceux de Cassio ne sont muni que de fin pistolet.
En même temps, si on aurait été mi au courant de cette fusillade, on aurait pris la peine de s'armer correctement à la salle de rassemblement.
Je n'aperçois qu'à la dernière seconde, Bella, tirant sur un des hommes en dessus de nous. A moitié étonnée, force est d’admettre que je la respecte un peu plus pour ce courage qu'elle a eu d'abattre cet homme en une fraction de seconde. Non seulement j'aurai mal visé, mais malgré moi, j'aurai également hésité.
Au même moment, mon regard croise celui de Thomaz et en deux secondes à peine, il me rejoins sur le toit de la casa.
-Il n'y a plus personne, dit-il en me serrant dans les bras.
Bella, spectatrice, ne bronche pas. Cette étreinte est si inattendue !
Je soupire de soulagement en constatant que mon frère est bel et bien en vie, et j'enroule mes bras autour de son cou.
Il n'y a plus personne.
Mes pensées sont confuses, elles penchent entre déception et soulagement. Soulagement car le bruit des balles a cessé, et que nous sommes sain et sauf. Déception car, encore une fois, je n'ai tiré sur personne, alors que je le pouvais. J'ai remis cette action à plus tard, et au final, Bella s'est chargé de mon travail. La prochaine fois, je ferais mieux.
-J'ai eu peur pour toi... où est Calebe ? demande Thomaz en se reculant.
-Je ne sais pas, je l'ai vu fuir du terrain. Peut-être qu'il est à la maison, je réponds en tremblant.
J'espère qu'il n'est rien arrivé à mon petit frère, je m'en voudrai tellement !
-Allez voir, nous on s'occupe des corps, dit-il en tournant les talons.
-D'accord.
-Cassio ne va pas être content, murmure mon frère tandis que Tina nous rejoins.
Pour ça, Cassio ne va vraiment pas être content. Ils ont tué deux de nos hommes, et j'ai l'étrange impression que tout ça va me retomber sur le dos.
C'est moi que les hommes recherchaient, et je ne crois pas qu'il y ai eu seulement deux victimes dans notre favela. Tout ça pour dire que je me suis foutu dans un sacré merdier. Tout ça à cause de cette mission à Salvador de Bahia...
-Allons-y, dis-je, paniquée avant tout.
Quelques minutes plus tard, en faisant abstraction des corps ennemis au sol, Bella, Tina et moi arrivons enfin devant ma casa. Bella et Tina m'attendent à l'extérieur tandis que je rentre dans ma casa.
A l'intérieur, je ne trouve personne. Et c'est bouillonnante de rage et de panique que je sors rapidement de la casa.
-Il n'est pas là ! je m'écrie, les larmes aux yeux.
-Thalya ? s'enquit une voix dans notre dos.
Je me retourne et tombe nez à nez avec Calebe, ma mère ainsi que la mère d'Oliver qui descend rapidement les marches de sa casa. Ils étaient chez Oliver, comment n'y ai je pas pensé !
-Qu'est-ce que... commence ma mère avant de s'arrêter net.
Elle fixe à présent Bella, et sans même me retourner, j'en compris la raison. Mon Dieu, j'ai confié mon arme à Bella, et Tina lui a rendu la sienne. Elle est donc en possession de trois armes... devant ma mère. Je vais me faire tuer. Quelle honte.
-Qui est-ce ? poursuit alors ma mère.
Je me retourne et remarque que Bella n'a aucune arme sur elle, ou du moins, elle les a bien caché. Et j'ai la nette impression que lorsqu'elle a vu mon petit frère sortir en courant de la casa, elle s'est empressé de les ranger. Incroyable, je ne la connais pas depuis longtemps, mais pour elle, c'était la meilleure occasion de me pourrir l'existence.
-Une correspondante d'Amérique de Tina, je m'empresse de répondre, elle s'appelle... Patricia.
Bien évidemment que je n'allais pas lui dire qu'elle s’appelait Bella. Cette dernière a un physique assez avantageux et provocant pour en plus en rajouter. Ma mère se serait posé plein de questions. D'ailleurs, la dite «Patricia» me lance à présent un regard noir.
Ma mère s'approche rapidement de moi après avoir lancé un regard amical à Bella, et m'empoigne.
-Où étais-tu? J'ai faillis mourir de peur! s'écrie t-elle, les larmes aux yeux.
-Mama, quand nous avons voulu fuir après avoir entendu les coups de feu, on est tombées sur Thomaz... il nous a caché dans une casa et est revenu nous chercher 10 minutes plus tard lorsque tout était fini, je mens, telle une professionnelle.
Ma mère lâche mon poignet et prend la main de Calebe en lançant un bref signe de tête à la mère d'Oliver. De ce fait, elle entre dans notre casa et referme la porte sans m'adresser un mot.
Je pense que c'est parce que j'ai parlé de Thomaz. On peut dire que c'est une plaie qui ne se refermera probablement jamais...
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La Favela du Crime - Tome 1
ActionMorro da Babilônia est la plus grande favela de Rio de Janeiro. Thalya da Silva y vit. Et chaque jour, elle endure, ainsi que des milliers de moradores innocents, la présence du Premier Commando Militant, l'un des plus puissants cartels de drogue du...