19. Diego

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Ils étaient maintenant deux à avoir été victimes d'une attaque. Il y avait une autre personne, nous épiant, jours et nuits, sans relâche, et dès que l'un de nous était seul cette ombre passait à l'action

Thomas reprenait des forces et Ondine dormait encore. Nous étions le matin, ce qui ne me rassurait guère car chaque attaque avait eu lieu vers cette heure.

Thomas nous avait tout raconté, les sensations, l'ombre, la terreur.

Quand je tournais la tête je vis Eoline, elle me regardait, je m'approchais d'elle et la pris par les épaules :

"- A partir de maintenant, reste sur tes gardes. Je n'ai pas l'impression que cette ... ombre veuille nous tuer mais d'après les paroles de Thomas et l'état d'Ondine, ça a l'air de faire plutôt mal. Fais attention à toi, ok ?"

Elle ne me répondit pas, elle enleva mes mains de ses épaules, me tourna le dos et partit vers notre tente. Je l'ai suivi, à distance, sans faire de bruit. Elle était en train de mettre ses habits de camouflage. Une fois habillée, elle prit ses deux couteaux et elle sortit. Elle partit en direction du ruisseau, mais après quelques mètres elle s'arrêta et dit :

"- Pourquoi tu me suis ?

- Comment sais-tu que je suis là ?

- Tu n'es pas très discret, et puis simple déduction, tu m'observes sans cesse...

- Ecoute, je ne veux que votre sécurité et...

- Non, tu veux ma sécurité et sous prétexte que tu m'as vu pleurer, tu penses que je suis trop faible pour me débrouiller seule ? Tu penses que j'ai besoin d'être couvée et chouchouter car je suis seule ? Tu ne me connais pas alors laisse moi tranquille !"

Je m'approchais d'elle lentement, une fois face à elle, je voulus prendre ses mains mais elle me repoussa et fronça les sourcils. Elle se recula d'un pas et sortit un des couteaux de son étui accroché à sa ceinture :

- Ne m'oblige pas à te couper les doigts, par pitié arrêtes de me toucher ! Et pour la dernière fois : laisse-moi tranquille !"

Une fois sa phrase terminée, elle partit en courant vers la forêt, je me lançais à sa poursuite mais je dus me rendre à l'évidence; elle allait plus vite que moi et je venais de me perdre dans un endroit qui m'était inconnu.

Malgré le soleil qui se levait, l'intérieur de la forêt était plutôt sombre. Je me tournais, essayant de trouver le moindre repère...

Derrière moi, une branche venait de se casser, comme si quelqu'un venait briser ce silence. Je me retournais, lentement, restant en alerte.

Une fois que je fus complètement retourné, je sentis de longs doigts s'accrocher à mon cou et me serrer. Pris de panique je tentais de crier, mais aucun son ne sortit de ma bouche. Je me débattais mais les doigts se resserraient.

La silhouette qui me tenait, me souleva puis me lâcha brutalement. Elle prit ma tête de ses deux mains et la colla contre son propre visage. Je ne voyais maintenant que ses yeux, je ne pouvais plus bouger, j'étais paralysé par la peur. Ses yeux étaient telles deux billes noires avec un léger scintillement dedans comme si tout ça l'amusait. J'eu à peine le temps de murmurer un "- Mais tu es qui ?" que je me sentis aspiré au fond de ses yeux.

La douleur était atroce, j'avais l'impression qu'on m'arrachait la peau. Puis tout s'arrêta et tout fut calme, il faisait noir. 

Soudain, comme si j'étais au cinéma, je fus le spectateur de ma vie. Elle défilait devant mes yeux, je n'étais pas dans mon corps, j'étais à la place de mes parents. Ce film était celui de leur mort. Je pouvais tout ressentir, les balles me traversant, le couteau me coupant, absolument tout. Je pouvais ressentir la moindre crainte, soucis, peurs. Ce film horrible passait en boucle devant moi sans que je ne puisse rien faire.

Au bout d'un moment interminable et rempli de souffrance, l'ombre me lâcha, se retourna et partit en courant. Ma dernière pensée avant de m'évanouir fut pour Eoline, restée seule dans cette forêt...

THE S.E.V.E.N.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant