35. Alix

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Je partis en courant, autour de moi, la route et les champs s'étendaient à perte de vue. Je fuyais, tel un lâche j'en avais conscience, mais je ne voulais pas mourir, je ne voulais pas souffrir, alors je courais, sans m'arrêter, sans un regard pour mes amis.

J'avais pris cette décision où impuissant, j'avais vu Thomas se faire ensevelir, à ce moment, tout mon courage s'était envolée avec l'espoir de le revoir.

Qu'allaient devenir celui que je considérais avant comme un inconnu et qui maintenant était tout pour moi ?

Je me retournais, personne ne me suivait, j'étais hors de danger, les autres étaient plus forts que moi, je n'étais donc d'aucune utilité pour eux, hormis un poids.

Je repensais à mes parents, ils m'avaient toujours répété que je n'étais rien, que je jamais je n'aurais dû exister, à cette grande école où ils avaient voulu m'inscrire et que j'avais refusé, où impuissant, j'avais assisté à mon entrée dans ce lycée, au milieu de petit riches prétentieux, qui descendaient à la place de leurs parents, et à côté moi, qui n'était même pas capable de penser selon mes besoins et mes envies, et qui n'en ai toujours pas capable...

— Alix !

Je me retournais en sursaut, mais à la place de l'ombre se tenait Ondine, les mains recouvertes de sang, les habits brûlé, ses beaux cheveux blond étaient maintenant gris et détrempé, ses yeux bleus devenus rouge, rouge de colère, et cette fureur, je le compris vite, était dû à mon départ si soudain.

Elle s'avança vers moi, essuyant ses mains pleines de sang sur sa robe, s'arrêta devant mon visage et me gifla.

— Je sais...

— De quoi, que t'es un minable, que Thomas attend que tu le sauve, que les autres sont en train de mourir, tu le sais ça ?

Je ne répondis pas, je savais qu'elle avait raison, ils avaient tous raison, de penser ça, même moi je le pensais.

— Pourquoi es- tu parti ?

— Vous n'avez pas besoin de moi...

— Qui t'as dit ça ?

— Mes parents me répétaient tout le temps ça...

— Où sont-ils maintenant ?

— Plus là...

— Bien, le chapitre des parents étant clos, tu peux venir nous aider ?

— Je ne suis pas sûr de vouloir...

— Ah bon, parce que tu crois que nous on veut se faire transpercer et mourir dans d'affreuses conditions ? Alors je ne te le répéterai pas une deuxième fois, tu viens nous aider ou...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, deux Ombres sortirent du champ de blé et nous sautèrent dessus.

Ondine esquiva la sienne et partit en courant dans le champ, suivi de son adversaire. La mienne était plus rapide, elle m'attrapa par le col et se plaça derrière moi, puis tirant de toutes ses forces commença à m'étrangler.

Je déchirais mon tee shirt et une fois dégagé, lui donnais un cou de coude dans le visage. Déstabilisée elle tomba en arrière, j'en profitais alors pour à mon tour, me jeter sur elle. D'une main je la plaquais contre le sol en la tenant fermement par le cou, de l'autre, je la tapais, libérant toute ma force que j'avais toujours contenu, au plus profond de moi même.

Au moment où elle arrêta de bouger, je baissais ma vigilance et je sus très vite que ce fut la plus grosse erreur de ma vie. De ses deux mains elle me plaqua au sol. Ses jambes me bloquaient les bras et ses mains serraient mon cou avec tant de fougue que j'allais manquer d'air dans quelques secondes.

Mes larmes commençaient à couler, mon corps à se convulser et mon visage à se raidir. Je pouvais sentir son haleine me souffler sa haine, son sang tomber sur moi, brouillant ma vue, se mélangeant à mes larmes.

Dans un dernier effort je tentais de la repousser mais comme ma tentative fut vaine, mes mains se contractèrent, je fermais les yeux, me concentré et tout d'un coup, je fus propulsé dans les airs.

Je tombais quelques mètres plus loin, mon dos écorché me faisait mal mais j'étais bien trop content de pouvoir respirer à nouveau. J'en profitais alors pour transporter jusqu'à moi des centaines de branches épineuses, puis, avec mes dernières forces, transperçaient l'Ombre.

Fier de moi, je l'observais agonisé, ses yeux me foudroyaient et mon sourire s'agrandissait.

Une fois son corps disparu, je me trainais jusqu'au champ de bataille avec pour espoir de revoir Thomas.

THE S.E.V.E.N.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant