37. Ondine

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Je la sentais, proche, me suivant à la trace, je pouvais sentir son odeur, l'entendre, presque la toucher. Mes pas foulés le sol et les blés me giflait le visage. Les mains en avant, laissaient une trace de sang sur les plantes, indiquant ma position.

— Vas-t-en !

Je hurlais, je n'en pouvais plus, bientôt mes jambes ne m'obéiraient plus, mes pieds me faisaient mal et mes chevilles se tordaient un peu plus à chaque fois que mes pieds retombaient sur le sol craquelé. Le moment où je nus plus de forces arriva, en même temps que ma nausée, ma vision de la réalité était déformée par la peur, je ne savais pas où j'étais, à combien de mètres du camp, existait-il toujours ?

Ma robe me collait à la peau, mes jambes nus vacillaient sous le poids de mon corps, mes mains ensanglanté tremblaient, mon visage lacéré ne me faisait maintenant plus mal. Un léger voile de sang et d'eau coulait sur mon visage. La seule chose qui me préoccupait maintenant était l'Ombre, elle avançait, je la voyais, tournant autour de moi tel un fauve guettant sa proie. Tout à coup elle s'arrêta dans mon dos, j'étais vulnérable mais si je me tournais, allait-elle m'entendre ?

J'eu très vite ma réponse, un craquement me fit comprendre qu'elle venait de sauter. D'un coup je me retournais en élançant mes mains devant moi. Dès que je vis son visage, mon énergie se libéra et une cascade se déversa sur l'Ombre. Pris par surprise, elle se recula et tomba dans un ravin bordant la route. Je regardais aux alentours, espérant y voir de l'aide, mais un tel ascenseur émotionnel me retourna le ventre quand je me rendis compte que je ne connaissais pas cette route, et que j'étais perdue...

Au moment où je tournais la tête en direction du champ, une masse s'abattit sur moi et me fit tomber à la renverse. Je m'appuyais sur mes mains pour me relever mais l'ombre m'en empêcha.

Elle commençait petit à petit à resserrer ses doigts autour de mon cou, ma robe se déchire, laissant à l'air libre mon ventre. Aussitôt elle desserra ses doigts de mon cou, me laissant respirer et mit ses mains sur mon ventre. Le contact de ses mains froides fit réagir mes sens et plaçant mes doigts autour de ses bras, déferlait mon énergie contre elle. L'ombre prit alors ma tête et tapa de toutes ses forces contre le bitume. Je ne pouvais plus bouger, mon regard était fixe, je ne pouvais plus parler, seuls mes bras était encore intact et dans un dernier effort, je la transperçait de pic de glace, je pouvais l'entendre, ce fut le pire des cris, le cris d'un monstre venu des entrailles même de la terre. Je sentais le sang pulser dans mes tempes. Un étrange sifflement prit place dans mes oreilles et mes dents commençaient à s'entrechoquer.

Elle se pencha alors vers moi, son souffle chaud sur mon visage glacé, me faisant cligner des yeux plusieurs fois pour enfin voir ce qu'elle faisait, l'Ombre me tendit un papier et tomba. Au lieu de sentir son corps mort sur le miens, je ne sentis qu'une brume, noire, chaude et douce qui s'envola, emportant mon ennemi.

Au prix d'un ultime effort, je tendis les bras devant moi et déplia le papier pour lire le message.

Je vois que tu as fait mieux qu'un lac...

Un son rauque sortit de ma gorge. Plus qu'un rire, c'était une plainte. J'allais mourir là, toute seule, sans mes amis, sans ma famille, sans mes repères. Cette impression de solitude me submergeait un peu plus chaque seconde, ces mêmes secondes qui me rapprochaient un peu plus de la mort. Tout avait commencé après le décès de ma sœur. A son souvenir, une larme roula contre ma joue et vint se mélanger au mélange de sang et d'eau dans mes cheveux. Mes parents, suite à ça, m'avaient tout donné, j'avais été la fille la plus heureuse, certainement plus qu'Alix, ou même qu'Eoline, où étaient-ils en ce moment même ? Où étaient-les autres, ceux qui m'avaient tant aidés durant ce mois apocalyptique. Ils me manquaient.

Ma dernière pensée fut à ma sœur, si belle, si élégante, si morte. Au moment où la fin était imminente pour moi, j'eus l'impression de la voir descendre du ciel, ses longs cheveux blonds au vent, les même que maman, elle me prit délicatement la main et m'emmena avec elle, dans ce royaume si lointain, dans ce royaume, de paix.

THE S.E.V.E.N.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant