33. Diego

50 12 36
                                    

La brume m'entourait, je ne voyais pas à un mètre devant moi. 

Soudain, je sentis un mouvement sur ma gauche, je sortis l'arme qu'Eoline m'avait prêté et me préparait à tirer. Je vis alors Eoline sortir de la brume, elle me vit aussi et me prenant par la main, se mit à courir.

Une fois en sécurité, elle me lâcha la main et l'a mit dans sa poche avec un frisson.

— C'est bizarre de toucher un squelette...

— Désolé

— En tout cas, je vois que tu sais te servir d'un fusil, j'ai failli avoir un trou à la place des yeux ! Un peu à cran non ? Rigola Eoline.

— On est juste en train de se faire attaquer par des Ombres, plus fortes et plus expérimentées que nous.

— Allez, arrête de parler et suis moi !

Elle partit en direction de la route. De là, nous surplombions la bataille. Un immense chêne était installé au milieu, de son centre, une vive lumière verte l'éclairait.

— Tu penses que c'est Thomas ?

— Oui, je l'ai vu tomber, j'espère juste qu'il s'en sort...

Les autres étaient introuvables dans cette épaisse brume, de temps en temps, un endroits était éclairé par des flammes ou la brume devenait plus fine et on voyait alors une Ombre, prête à attaquer.

Je regardais la bataille qui se déroulait sous mes yeux, notre camp avait été dévasté. Les tentes étés déchirées, les tables renversées, les meubles cassés, les provisions perdus. Les arbres prenaient feu, de l'eau inondait tout, des objets volés, c'était un vrai chaos.

Je sentis soudain un mouvement sur la droite, Eoline me montra la brume qui s'avançait en contrebas, elles arrivaient. Eoline s'éleva dans les airs et une Ombre sortit de la brume, je l'évitais, alors qu'elle s'élançait vers mon amie.

Une autre arrivait, je la sentais, son odeur m'imprégnait. Mon œil droit était mort, je pouvais donc la voir à travers la brume, j'avais un accès direct au monde des morts. De l'autre, je pouvais savoir ce qu'il se passait dans le monde réel. Je l'a vit courir droit sur moi, me concentrant, j'appelais un mort, celui d'un champion de boxe dans la force de l'âge. Il sortit alors de son monde, il lui fallut un micro temps d'adaptation avant qu'il comprenne qui je lui ordonnait d'attaquer. 

En attendant, j'allais chercher un couteau et une corde. Si je voulais la tuer je ne pourrais utiliser que la corde, après tout, elle était déjà morte, non ?

Un doute me submergea, et si nous étions perdus d'avance ?

Et si le dernier espoir de la terre mourrait maintenant ?

Et si nous devions mourir pour mettre fin à tout ça...

Quand je revins, mon boxeur n'était que poussière et l'Ombre ne se tenait plus là, je me retournais dans tous les sens, malheureusement je n'avais pas vu que j'était dos à elle. Elle en profita pour se jeter sur moi et me transperça. Le souffle coupé, je regardais mon ventre, sa main et son avant bras sortaient tachaient de sang, de mon sang. Quand elle sortit son membre de mon ventre, je tombais à genoux, j'avais l'impression de cracher mes poumons, mes mains compressaient mon ventre, mes idées se bousculaient en même temps que ma vision.

L'ombre s'accroupit devant moi et ouvra ses yeux, à l'intérieur, je vis le visage de mes parents adoptifs, en pleurs. Elle n'aurait jamais dû faire ça, elle venait de me redonner ce que j'espérais tant, de l'espoir.

Je prit alors l'Ombre par les épaules, elle ne bougea pas, et dans un dernier effort lui murmurais :

— Tu aurais dû partir...

Au même moment, je laissais mon énergie sortir. Je vis alors les yeux de l'Ombre s'agrandir pour finalement disparaître. Je sentais mon corps brûler, me dévorer de l'intérieur. Mes mains perdaient toute chair, il n'y avait que mes os, pourtant, je n'étais pas dans le royaume des morts, mais j'allais bientôt le rejoindre.

Je regardais alors autour de moi, les mondes réel et irréel se mélangeaient dans un chaos sans fin, je voyais chaque côté de tout, aussi bien de la nature que de mes amis, mais ce qui me fit réagir fut Thomas, je percevais sa présence sous l'arbre, sa partie morte prenait le dessus, bientôt, il disparaîtrait.

Je rampais jusqu'à son abri. Je passais par un trou mais l'arbre m'en empêcha, l'arbre faisait vivre Thomas, mais pour combien de temps encore ?

Je ne pouvais plus rien faire pour lui, seule son âme savait encore quoi faire.

Je continuais alors de ramper vers un endroit plus en sécurité, à l'ombre d'un arbre, là je m'y adossais. Si mon corps, ma chair me faisait mal, il suffisait alors que je n'en ai plus, hors, dans le monde des morts, j'arrivais à vivre sans peau ni organes, mais dans celui des vivants, mon état se dégraderait...

Il fallait que je le fasse, pour sauver les autres, pour moi, pour Eoline... 

THE S.E.V.E.N.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant