32. Thomas

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Le lendemain, je fus réveillé par un bruit. Je regardais Alix, lui aussi venait de se lever. Nous sortîmes de la tente en vitesse, persuadés que quelqu'un avait un problème, à peine avais je mis le nez dehors, que je sentis un contact froid contre mon visage. L'Ombre se tenait devant moi, ses yeux grands ouverts et son souffle froid emplissait mes narines. Elle ouvrit sa bouche et, pleine de haine, me cria : meurt !

Je sortis en courant, la poussant sur le côté et partais en direction des autres tentes. Ce que je vis me fis stopper net, nous étions tous réunis, tous les sept, dos à dos, en face de nous se tenaient des ombres, il n'y en avait donc pas qu'une. Nous avions chacun une Ombre, nous suivant, au moindre mouvement, au moindre moment, elles avaient toujours été là.

Elles étaient responsables de notre malheur, de ce qui nous arrivait, de notre état, et surtout, de là où nous étions, c'est-à-dire, nul part...

Je me mis en position de combat, les mains en avant, les pieds bien ancrés dans le sol, les paumes tournées vers l'Ombre. Puis d'une voix hésitante lui criais :

- Que voulez-vous ?

- Meurt !

- La ferme !

Cette situation était impossible, nous nous apprêtions à combattre notre ombre, notre propre reflet. De plus, je ne connaissais pas encore l'étendue de mon pouvoir, tous les sept, nous étions perdus.

Je me tournais légèrement sur ma droite et regardais les autres, eux aussi semblaient perdus, apeurés, mais ils n'en montraient rien. Eoline tenait dans sa bouche un grand couteau, ses mains s'illuminaient d'éclairs. Diego commençait à avoir les yeux blancs, avec horreur je remarquais que sa peau devenait blanche et squelettique. Il était soudain vidé de vie mais c'était son pouvoir, et il savait sûrement ce qu'il fallait faire.

Ondine, aidée de Lucas, créait une brume épaisse qui nous recouvra très vite, nous ne voyions plus mais nos ennemis ne connaissaient pas le terrain. Je sentis une éclaboussure, Ondine commençait à attaquer, elle s'écarta du groupe et prit en chasse son adversaire. Le mien se jeta sur moi, il eut l'effet de surprise, je tombais en arrière, sous le choc, je ne me relevais pas, je sentis alors que l'Ombre me transperçait la jambe avec son doigt. Pris de panique, je me concentrais de toutes mes forces et un puissant tremblement de terre retentit, il ouvrit une faille et l'Ombre et moi tombâmes dedans.

Au-dessus, la bataille faisait rage, je voyais des choses voler, des Ombres passer, des vagues de chaleurs m'atteignent. Je me relevais en m'appuyant contre la paroi, j'étais tombé à une dizaine de mettre sous la terre, des fils électriques dépassaient de la paroi, des racines et des pierres jonchaient le sol.

Voyant que l'Ombre s'apprêtait à remonter à la surface, je levais les bras vers le ciel et entendis un craquement, un énorme chêne vint se placer au-dessus du trou. L'Ombre me vit alors, je ne voyais que ses yeux mais à son regard, je sus qu'il n'y aurait pas de survivants et que la bataille était perdue d'avance.

Je ne pouvais plus faire marche arrière, si je la laissais sortir, elle irait tuer les autres, voir Alix mourir sans pouvoir agir me serait intolérable.

Une bouffée d'espoir s'immisça dans mon corps. J'avais une chance de la battre. SI je me concentrais bien, et que je ne paniquais pas, que tous mes mouvements étaient calculés et qu'elle faisait ce que je voulais, alors je pourrais la battre et sauver les autres.

Je chassais toutes craintes de ma tête et me mis en position de combat, mon adversaire en fit de même. Tendant mes mains le long de mon corps, je m'élançais dessus l'Ombre et des racines vinrent s'enrouler autour de mes poignets, je donnais alors un puissant coup de poing dans son nez et retombé à ses pieds. Un bruit me fit lever la tête, elle cracha et du sang noir en sortit, elle m'attrapa alors par le cou. Paniqué, je sentais ses doigts sur mon cou, se resserrer, petit à petit. L'air commençait à me manquer. J'appelais de nouveau les racines, elles encerclent les bras de l'Ombre l'obligeant à me lâcher. Malheureusement, elle resserra encore plus son étreinte et mes pouvoirs diminuaient en même temps que mon souffle. Bientôt, les racines tombèrent, dans ma tête, une voix cria : Bats-toi !

Dans un dernier soupir, je me concentrais de toutes mes forces, je sentais une énergie puissante m'irradier le corps. Passant par tous les membres de mon corps, la douleur était insupportable, j'avais l'impression qu'on me brûlait de l'intérieur. Quand je ne pus plus contenir cette énergie, je poussais un cri tellement puissant, qu'une fois fini, je m'évanouissais.

Quand je me réveillais, je ne vis pas l'Ombre, ma tête me faisait horriblement mal et de ma jambe coulait beaucoup de sang. Mon cou était douloureux, un énorme hématome le recouvrait. Une branche vint me ramasser et je me couchais dessus. Je regardais mes mains, elles étaient vertes, comme si un néon était sous ma peau. Mon corps me brûlait toujours mais la douleur était supportable.

La branche me déposa au cœur du chêne, là, plusieurs racines m'encerclèrent. Le cocon devient alors vert et apaisé, je m'endormis.

Au-dessus, la bataille faisait toujours rage, j'entendais le cri de mes amis, mais ici, j'étais en sécurité, et il fallait que je reprenne des forces pour pouvoir en finir avec les Ombres.

THE S.E.V.E.N.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant