THE S.E.V.E.N.

24. Lucas

Eoline était encore sous le choc, elle n'avait jamais eu connaissance de ses dons et ne s'en était jamais servi.

Midi approchait et malgré le soleil, le vent était plutôt froid.

Pour nous réchauffer, j'allais avec Thomas vers la forêt pour trouver du bois et pouvoir faire un feu.

Une fois dans la forêt la température baissa, les arbres cachaient les seuls rayons de soleil, les tapis de mousse avaient gardé l'humidité de la nuit et les fleurs se réveillaient petit à petit. Le ruisseau, coulant entre les racines des arbres, reflétait la cime des arbres.

Les racines sortaient du sol, cherchant la liberté après un dur hiver. On pouvait sentir la sève, coulant le long des troncs d'arbres. On entendait le bruit des branches, craquant sous nos pas.

Il fallait trouver le plus de bois pour le feu mais le vent, la neige et la nature n'avaient laissé aucune trace de bois sec, indispensable pour faire un feu. Au bout d'une heure de recherche, un tas de bois insuffisant venait d'être ramassé, Thomas s'accroupit et commença à murmurer des paroles inaudibles à mes oreilles.

- Je savais pas que tu priais toi ! Tu demandes à dieu des brindilles ? Dis à dieu qu'il aurait dû nous aider plus tôt et...

- Lucas ?

- Oui ?

- Tu vas te taire !

- Pfff, de toute façon ça ne sert à rien, on va mourir de froid, j'ai la chair de poule.

Au moment où il ferma les yeux, une voix s'éleva dans la forêt, Thomas sourit, il comprenait cette langue, la langue de la nature. Autour de nous, j'avais l'impression que chaque arbre parlait, murmurant des conseils à mon ami.

Après un moment d'attente et d'écoute, Thomas plaça ses mains au-dessus de notre petit tas de bois, il bougea ses lèvres et sous mes yeux ébahis, le tas tripla de volume, passant de petites brindilles à rondins de bois.

Le retour au camp fut silencieux, il souriait toujours et était dans un état de bien être et d'apaisement, jamais je ne l'avais vu aussi détendu.

Une fois au camp, nos compagnons nous regardaient, on pouvait lire de la surprise sur leur visage, Eoline allait mieux et son visage était redevenu rose, la première à se lever fut Ivy, elle nous sauta dans les bras, manquant de nous faire tomber, nous et nos bûches.

- Mais où étiez-vous ? On a entendu une voix venant de la forêt, on pensait que vous étiez en danger, c'était peut être l'ombre qui vous avez enlevé...

- C'est Thomas, il parlait aux arbres, je sais ça peut paraître étrange mais je les entendais, il m'était impossible de les comprendre mais leurs paroles me traversaient le cœur, me faisant vibrer tout entier.

- Thomas, tu vas bien ? Et toi Lucas ?

- Moi oui, mais je pense qu'il est encore sous le choc, c'est la première fois que ça lui arrive...

- C'est comme ça qu'il a eu toutes ces bûches ?

- Oui, il faut le voir pour y croire !

- Je vais aider Thomas à se reposer, en attendant, préparez le feu.

Je balayais l'herbe et mis de la terre pour ne pas la faire brûler. Une fois les pierres installées en cercle et mon bois posé en chapiteau, il ne manquait plus qu'une étincelle.

Le dernier briquet était fini et notre pierre à silex était usée. Il fallait que je trouve comment faire du feu mais depuis ma dernière expérience, je l'avais en horreur, chaque étincelle me rappelait la souffrance que j'avais endurée.

Aucune technique pour faire du feu ne marchait et dès qu'une flamme apparaissait, un coup de vent l'éteignait aussitôt.

Je voulus prendre une bûche pour la lancer sur mon feu, je n'en pouvais plus et je perdais mon temps mais au moment ou je la serrais contre ma paume, elle prit feu, paniqué, ma main ne pouvait pas s'ouvrir, je me préparais à crier suite à une grande douleur mais je ne ressentis rien.

Une sensation de bien-être m'enveloppa, j'étais bien, je n'avais plus froid et me sentais en sécurité.

Je n'entendis pas les cris d'Ivy, me disant de lâcher le bois, je ne vis pas Eoline bouger, je posais doucement la bûche dans mon tas et il s'embrasa aussitôt.

A ce moment, je m'assis et restais là à contempler le feu, mon feu, celui que j'avais créé, avec mes mains.