Chapitre 14 | Je déteste quand tu mens

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Viola redescendit quelques minutes plus tard, le gant en dentelle serré dans son poing. Elle fusilla sa sœur du regard.

« Tu veux m'expliquer ce que ça faisait au grenier ? »

Yra aurait dû tout avouer—ou du moins avouer lui avoir emprunté les gants—, mais une fierté mal placée l'en empêcha.

« Oh, tu as trouvé tes gants dans le linge sale ? » fit-elle innocemment.

Viola jeta un regard réprobateur à sa sœur. « Sérieusement Yra ? »

Raté. Yra se mordit la lèvre mais soutint son regard, son cerveau tambourinant contre ses tempes. Son mal de tête commençait à se transformer en migraine.

« J'en ai trouvé qu'un. » Viola secoua la tête, affligée. « Où est le deuxième ? »

. « J'ai—arg... D'accord. » Yra grimaça, abandonnant la comédie. « Je l'ai perdu. »

Viola leva un sourcil. Quand sa sœur prenait cet air autoritaire, Yra en oubliait presque qu'elle était sa cadette. Avec sa mâchoire angulaire et ses pommettes saillantes, Viola passait facilement pour plus âgée; Yra, elle, avait toujours les joues marquées par les rondeurs de l'enfance.

« Tu l'as perdu... où ? » demanda Viola en articulant chaque mot.

Yra haussa les épaules. « Ça me regarde. »

« Je crois que ça regarde surtout la propriétaire des gants, » rétorqua sèchement sa sœur.

Gina observait silencieusement leur querelle.

« La "propriétaire" en question n'a pas l'air d'en avoir grand-chose à faire. » Elle n'allait pas s'excuser, pas quand sa sœur lui parlait sur ce ton.

Viola fronça les sourcils et se rapprocha instinctivement de son amie. « Ne confonds pas sa gentillesse pour de la faiblesse. »

Yra ravala la remarque acerbe qu'elle avait sur le bout de la langue. Elle passa une main dans ses cheveux en soupirant. Gina n'y était pour rien dans cette histoire, elle était la seule à blâmer.

« J'ai eu besoin de gants pour la répétition avec la troupe de théâtre, » dit-elle à Viola avant de se tourner vers Gina. « Je suis désolée. Je pensais qu'ils étaient à Viola quand je les ai empruntés. »

« Quand tu les as dérobés tu veux dire, » corrigea Viola.

Yra lui jeta un regard d'avertissement, que sa sœur ignora royalement.

« Qu'est-ce que tu en as fait ? » La jeune fille porta le gant à son nez, qui se fronça sous l'odeur âcre.

Gina eut une moue interloquée. Yra pouffa de rire.

« Ça va ? » se moqua-t-elle. « L'odeur te plait, Cerberus ? »

Viola lui jeta un regard noir. « Si j'étais un chien à trois têtes, je t'aurais déjà arraché la tienne ! »

Elle attrapa Gina par la main et l'entraina de nouveau sur le canapé.

« Sérieusement Yra, tu aurais pu me demander avant de les prendre. Ça ne t'aurait pas tué. »

« Et manquer ta glorieuse imitation de la race canine ? Ça aurait été un sort pire que la mort, » ironisa Yra.

Provoquer sa sœur était si facile, elle ne pouvait résister à la tentation.

Les yeux de Viola s'étrécirent à l'insulte. « Tu peux te moquer, »—elle leva le gant entre elles, son autre main enserrant toujours celle de Gina—« mais je sens l'odeur du sa— »

Un Coeur d'Ombres et de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant