Boum.
Boum.
Boum.
Son cœur tonnait si fort dans sa poitrine que chaque battement se répercutait entre ses oreilles comme des coups de tambour.
Le journal avait disparu.
Yra serra et desserra ses doigts moites, tentant d'éclaircir son esprit. Elle serpenta entre les tables, scrutant avec d'un regard aiguisé les besaces des clients, cherchant parmi eux son sac marron. Un homme avait pris place sur la scène, et jouait un air de jazz avec son saxophone.
Le regard d'Yra s'illumina. Son sac était là, sur les genoux d'un homme trapu aux bras aussi gonflés que les petits pains qu'avait fait cuire Viola ce matin. Il mâchouillait paresseusement un cure-dents en reluquant une demoiselle, assise trois tables devant lui. Yra fonça vers lui, à l'image d'un taureau qu'on aurait provoqué en agitant sous son nez une nappe écarlate, et s'empara de la besace avant qu'il n'ait eu le temps de la voir venir.
« Hé ! » L'homme l'attrapa violemment par le bras en se levant. Il était si grand qu'Yra manqua de se faire mal au cou en voulant l'affronter du regard — et elle était loin d'être petite elle-même. Il agrippa le sac et tenta de le reprendre d'un geste sec, mais Yra refusa de lâcher prise. « Tu crois aller où comme ça ? Jouer les détrousseuses, c'est pas fait pour les jolies filles comme toi. »
« C'est pas fait pour les tocards dans ton genre non plus, mais ça ne t'a pas arrêté, » cracha Yra en tirant la besace vers elle. « Rends-moi mon sac ! »
Le regard de l'homme passa sur son corps, sur ses courbes que sa cape laissait deviner. Il lui adressa le genre de sourire qui lui donnait envie de se frotter la peau avec une éponge à récurer, pour faire disparaitre la sensation écœurante qui rampait sous son épiderme.
« Je vais te rendre beaucoup plus que ça. »
Il resserra ses doigts autour du bras d'Yra et l'attira violemment à lui. Il était trop fort pour qu'Yra puisse lutter contre sa poigne ; elle projeta son genou vers l'avant, profitant de l'élan qu'il lui avait procuré.
Son coup atterrit pile là où elle l'avait voulu — sur le point le plus sensible entre les jambes de l'homme massif. L'homme jura d'une voix éraillée, et la relâcha pour prendre en coupe son organe blessé, le visage rouge et tordu de douleur. Yra n'attendit pas qu'il se remette de l'attaque et détala vers la sortie avant de l'auberge, disparaissant dans la foule qui avait commencé à quitter les tables pour danser sur la musique. Viola devait déjà l'attendre dehors.
« Yra ? Qu'est-ce qui se passe ? » La voix de Ian résonna derrière elle alors qu'il poussait les gens pour se rendre jusqu'à elle.
« Rien. » Elle posa sa main sur la poignée, mais Ian lui saisit le bras.
Elle réagit au quart de tour et le repoussa avec véhémence. « Si un seul homme essaie encore de m'attraper comme ça, je vais faire un carnage ! »
Ian leva les mains de façon pacifique, « Pardon, désolé. Je ne voulais pas — »
Elle eut un soupir court. « Ça va, ce n'est pas de ta faute. Je suis juste énervée à cause de ce débile, là-bas, qui a essayé de me voler mon sac. »
Elle pointa du doigt l'homme, qui semblait s'être remis de son coup et fouillait la foule du regard. Elle ferait mieux de partir avant qu'il ne la repère.
« Ton sac ? Je croyais qu'il était avec Grace ? »
Il lui fallut une seconde pour comprendre ce qu'il avait dit.
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Un Coeur d'Ombres et de Lumière
Fantasy« Faire confiance à un Immortel c'est comme tendre ton cou à un lion; tu peux espérer qu'il ne fera que le renifler, mais tous ses instincts lui hurlent d'y planter ses crocs. » Yra déteste la magie presque autant qu'elle se déteste elle-même. Marqu...