Regard d'Ambre [BxB]

Chapitre 10

J'attendis que la personne soit assez proche pour pouvoir réagir. Des mains se posèrent subitement sur ma taille et je retins de justesse un cri. Ne me laissant pas démonter, je me retournai brusquement prêt à affronter mon assaillant. En un mouvement du poignet, le petit couteau que je venais de sortir de ma manche, se retrouva sous sa gorge.

Je ne fus pas surpris de découvrir Alex, un sourire espiègle scotché sur les lèvres. Il ne semblait même pas étonné de mon brusque mouvement. Puis je compris, une légère pression se faisait sentir contre mon abdomen et je perdis instantanément mon sourire. Ce foutu vampire tenait également une lame.

Bordel, il m'attendait ou quoi ?

Nous nous regardions en chien de faïence et je sentais malgré tout l'anxiété grimper en moi. Je ne ressentais pas une once de frayeur émaner de son être. Il était beaucoup trop confiant pour sa propre sécurité. En un mouvement du bras je pouvais l'égorger.

Mais je n'en étais pas capable.

Et c'était ça qui risquait de me tuer un jour. Parce que je sais que mon opposant lui... n'hésitera pas.

— As-tu peur... Swan ?

Il se lécha les lèvres alors que son regard se faisait plus intense, accélérant les battements de mon cœur.

— De toi ? Non.

Bien sûr, c'était un mensonge. Et au vu de son sourire, il le savait.

De plus en plus stressé, je réfléchis activement à une idée pour me sortir de là. Je n'étais donc pas en mesure de le lui faire le moindre mal. C'était tout simplement au-dessus de mes forces. Je ne le pouvais pas, je n'étais pas comme ça putain ! Je ne blessais pas les gens, je les sauvais ! Et puis, tout ce qu'il savait faire c'était proférer des menaces sans jamais les mettre à exécution. Il ne m'avait jamais brutalisé jusqu'ici, juste profondément effrayé à plusieurs reprises. Mais ce n'était pas suffisant pour que j'entaille sa peau.

À son regard un peu trop perçant, je sus qu'il m'analysait. Le trouble intérieur qui m'agitait se fit plus intense. Car d'un autre côté, si je lui montrais ma peur il en profiterait. Je ne devais surtout pas lui laisser croire qu'il avait l'avantage. C'était toujours moi qui avait ma lame sous sa gorge, je ne devais pas l'oublier.

— Fait bien attention à ce que tu feras, me prévient-il en appuyant la pointe du couteau contre ma chaire. Je peux facilement guérir mais je ne pense pas que ce soit ton cas et surtout, s'exclama t-il, son sourire s'agrandissant, je sais que tu n'oseras pas me blesser.

J'exerçai une pression sur sa trachée comme pour le contredire et sa peau se mit subitement à rougir. Un petit grésillement et une légère fumée ne tardèrent pas à apparaître.

De l'argent, c'est vrai.

C'est comme si je venais de le marquer au fer rouge.

Je le vis serrer la mâchoire mais il ne bougea pas. Choqué de ce que je venais de lui infliger, le regret m'envahit aussitôt et j'éloignai rapidement ma lame de son cou, priant pour qu'il en fasse de même. Puis sans que je ne me contrôle, mes doigts vinrent frôler sa blessure. Je n'eu pas le temps de la toucher qu'il emprisonna ma main dans la sienne. Son mouvement était si vif que je n'eu pas le temps d'esquisser un seul geste.

Un sourire faussement compatissant ne tarda pas à se dessiner sur ses lèvres. Avec soulagement je le vis néanmoins éloigner le couteau et le ranger dans sa poche. Je me pensais sauvé mais en une fraction de seconde, il échangea nos positions. Je fus à mon tour plaqué au mur et sa large main s'enroula autour de mon cou. Affolé, je posai vivement ma paume sur la sienne. Ma respiration devint hachée et précipitée et une onde de panique me traversa. S'il resserrait ses doigts, je ne donnais pas cher de ma peau.