Chapitre 12

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Je ne rêvais pas. Sous une barbe un peu plus longue et une musculature légèrement plus développée que dans mes souvenirs, il s'agissait bel et bien de mon oncle. Le même qui a disparu il y a de cela deux ans, m'abandonnant et me laissant complètement seul et livré à moi même. Le soulagement s'insinua dans mon cœur jusqu'à ce qu'une certaine amertume ne s'empare de moi. Il était là, en train de plaisanter tout naturellement avec l'un de mes camarades.

Je ne comprenais pas.

Comment pouvait-il me faire ça ? À moi, son neveu qu'il avait pris sous son aile pendant sept longues années. Le même qui l'avait cherché inlassablement jusqu'à presque mourir d'épuisement. Celui qui avait voulu se faire mal tant il regrettait et se sentait responsable. Et enfin, celui qui pleurait chaque soir dans l'espoir vain qu'il ne réapparaisse.

Ce jour était enfin arrivé. Pourtant cela ne se déroula pas du tout comme je l'aurai espéré...

Mon sang se mit dangereusement à bouillir dans mes veines. J'avais imaginé les pires scénarios pouvant lui être arrivé après sa disparition. Et surtout, je culpabilisais. Je m'en voulais car il avait disparu après être allé à la supérette m'acheter un gâteau pour mon anniversaire. Pendant toutes ces années, je repassais ce jour en boucle dans ma tête, regrettant de ne pas l'avoir retenu à la cabane. Pendant toutes ces années je m'inquiétais pour lui alors qu'il était là, au milieu du gymnase, riant comme si tout ceci n'était pas arrivé, comme si tout allait bien... et que je n'avais jamais existé.

Cela me fis mal, plus encore qu'un couteau en plein ventre. Et dieu sait que je savais de quoi je parle.

J'ancrai mon regard sur son visage et ses prunelles rencontrèrent les miennes. Il ne semblait même pas surpris. Un sourire lui emplit le visage mais de mon côté, le goût amer de ses retrouvailles me resta en travers de la gorge.

— Bonjour, dit-il calmement, je suis M.Turner, ton nouv-

Comment osait-il me faire ça ?

Pourquoi ?

Que lui avais-je fait ?

Je ne le laissai pas finir sa phrase. Le fait qu'il fasse semblant de ne pas me connaître me rendis fou de rage. Mon cerveau ne fonctionnait plus, tout ce que je voulais c'était lui faire ressentir la même douleur que j'éprouvais depuis deux ans. Je voulais lui faire mal comme moi j'avais mal.

J'avais perdu mes parents, ma soeur, ma maison, mes repères.

Je n'avais que lui dans ma vie.

Il s'était volatilisé.

Il m'avait laissé seul, complètement seul.

Je vrillai et marchai d'un pas vif vers lui. Tous les étudiants se reculèrent, me laissant le champ libre.

Mes oreilles bourdonnaient et mon cœur me faisait mal. Plus aucun son ne me parvenait. Un silence glacial régnait, seul le sang qui battait dans mes tempes résonnait en moi. Le décor devint flou, plus rien n'avait de sens. Les capacités accrus faisant de moi un lamia s'éveillèrent et l'adrénaline vint parcourir mes veines dans une allure folle. Les entraînements ainsi que les bons moments passés ensemble me revinrent en mémoire. Mais je les balayais. Je n'avais pas besoin de ça, pas maintenant. Tout ce que je désirais, c'était extérioriser ma rage, et si possible sur celui qui en était responsable.

Ouais, je vrillai barjot. Complètement barjo.

Les larmes me montèrent aux yeux. Un mélange de tristesse, de douleur et de ressentiments. L'adrénaline qui se déversait dans mes veines renfonçait mon impulsivité, les battements effrénés de mon propre cœur me rendaient malade. Mon côté lamia ne faisait qu'exacerbé mon mal-être.

Regard d'Ambre [BxB] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant