La rentrée s'agissait pour moi d'un jour comme les autres. Les seules différences notables étaient que c'était une nouvelle année avec de nouvelles personnes et de nouveaux professeurs, mais en y regardant bien, si tu étais en troisième comme moi, les personnes qui étaient dans ta classe tu les connaissais déjà, pareil pour les professeurs. Donc il n'y avait rien de stressant à commencer une année scolaire et j'avais toujours pensé comme ça. Pour résumer, depuis toute petite la rentrée était un jour banal qui ne me faisait ni chaud ni froid.
Je regardais le paysage défiler devant mes yeux alors que j'écoutais calmement de la musique dans le fond du bus. J'avais beau avoir vu ce paysage des milliers de fois, j'avais toujours l'impression qu'il m'était inconnu. Je remarquais toujours des nouveaux petits détails que je n'avais pas remarqués la veille, tels qu'une fleur, ou encore une fissure dans un mur, mais surtout des ombres assez grandes, épaisses et noires, totalement imprévisible dont je m'amusais à essayer d'en trouver l'origine. C'était le moment de la journée que je préférais, personne ne me parlait, à part mes trois colocataires qui prenaient de temps en temps le bus quand elle n'avait rien à faire. Et puis il n'y avait aucun bruit, aucun son hormis la musique que je faisais jouer dans mes écouteurs. C'était pour cela qu'à chaque fois que le bus s'arrêtait, j'étais légèrement déçue, et ce jour n'échappait pas à la règle.
Je descendis donc du bus et pénétrai alors dans le grand hall du collège, celui-ci était à l'extérieur majoritairement fait de briques et de pierres, l'établissement paraissait assez ancien, mais le nombre incalculable de vitres et de bancs en métal qui l'entourait le faisait paraître plus moderne. Après avoir passé le grillage vert sapin qui était censé protéger de potentiels intrus et qui entourait totalement le bâtiment, je commençais à me diriger vers les tableaux affichant les classes, priant intérieurement pour ne pas me retrouver toute seule. Mais une fois entré dans la foule, je fus vite découragé, surtout après m'être prise quelques coups dans les côtes et le dos. Ma patience atteignit alors ces limites et je repartis pour me poser quelque part en attendant que la masse se dissipe. Je trouvai, par chance, des marchés vides menant au premier étage entre deux casiers et m'y installais.
Je détestais réellement tout ce monde, que ce soient les gens qui se sautaient dessus ou ceux qui râlaient dans tout le hall, tout ça à cause de classe ce qui, en soit, ne changeais rien à tes habitudes, sauf si tu n'étais pas capable de t'y adapter, ce qui est, rappelons le, la clé de l'intelligence. Le sac posé à côté de moi sur la marche, j'étais perdu dans mes pensées, tellement que je n'avais pas entendu Noémie qui venait d'arriver devant moi.
— Putain Pandore, je te trouve enfin ! Ça fait vingt minutes que je te cherche ! Dit-elle essoufflée.
— Pourtant, je suis juste devant l'entrée. Répondis-je en haussant les épaules.
Elle replaça ses cheveux bruns coupés au carré derrière son oreille en se redressant. Ses deux mèches blondes à l'avant retombèrent alors devant ses yeux verts entourés de nombreuses taches de rousseur. Elle les regardait alors avec désespoir avant de souffler dessus bruyamment.
— Je vais finir par me les raser... Mais pour revenir au sujet de base-
— Tu as fait un nouveau TikTok ? La coupais-je en rigolant.
— Non, enfin si, mais ce n'est pas pour ça que je suis là. Et arrête de te foutre de ma gueule avec ça !
Noémie était une influenceuse avec plusieurs milliers d'abonnés sur Instagram, elle avait été découverte sur TikTok, et même si on ne dirait pas, elle travaillait dur pour avoir des vues, car, disons le franchement, ce n'était pas son intelligence inexistante qui allait faire le travail. Mais en réalité elle le savait, et elle en jouait beaucoup. Sur les réseaux, c'était mieux de passer pour une cruche un peu naïve que de montrer que l'on est réellement intelligente, c'était mieux pour les affaires. Je continuais de rigoler quand elle m'attrapa par le bras et me tira à travers le hall avec une telle force et une telle rapidité que j'eus à peine le temps de prendre mon sac. Ses converses, dont le haut était recouvert par un jean large, claquaient doucement sous ses pas. Après m'avoir traînée, elle me lâchait le poignet avant de croiser les bras sur sa poitrine.
— Vous avez fini de vous rouler des pelles vous deux ? Dit-elle en souriant légèrement.
Je me décalais légèrement pour pouvoir apercevoir Jade et Enzo, ma deuxième colocataire avec Noémie et mon meilleur ami. Malgré le style légèrement douteux de mon meilleur ami composé de jogging, de baskets et d'un horrible piercing à l'arcade, ses cheveux blonds en bataille, ses yeux bleu clair, et son mètre quatre-vingt ainsi que son caractère faisant penser à un nounours, avaient réussi à séduire Jade, une petite Portugaise aux cheveux lisses et noirs charbons et aux yeux bruns, qui était vice-championne de boxe française. Les deux formaient un couple assez étrange puisque d'un côté, on avait une fille élégante, avec un caractère assez strict et de l'autre, on avait un mec qui faisait le cassos des cités, même si, en réalité, c'était une crème.
Jade se détachait donc d'Enzo tout en continuant de jouer avec les mèches rebelles de ce dernier, elle le regardait avec un regard si amoureux qu'on comprenait très rapidement que ce couple était fait pour durer, et c'en était presque rageant pour les autres.
— Lili n'est pas encore là ? Demandai-je.
— Non pas encore elle est sûrement en train de draguer le premier mec venu.
— Ce n'est pas une charo pour rien celle-là !
Lili était ma troisième colocataire, en fait, elle était la dernière à être arrivée avec nous il y a deux ans maintenant. Alors, dès que quelqu'un s'intéressait à elle, elle se jetait dessus avant de le lâcher comme l'avaient fait les foyers dans lesquels elle avait vécu. En la regardant de plus près, on pourrait la croire heureuse, surtout qu'elle n'était jamais vraiment seule, mais ce n'était que des mensonges, un masque sous lequel elle se cachait pour qu'on ne lui pose pas de question et pour ne repousser personne. Car c'est bien connu, les gens malheureux repoussent, donc elle se cache. Mais ce n'est pas ce que nous faisons tous ?
— Tu as eu le temps de regarder ta classe ? Me demandait Jade en détachant ses yeux d'Enzo.
— Pas vraiment, y avait trop de gens.
— T'es avec moi ! Me dit Noémie en passant ses bras autour de mon cou. Y'a aussi Lili et... Jace.
Mon corps se figeait à l'entente de son prénom. Jace... C'était le gars qui avait partagé ma vie pendant des années, il avait été mon meilleur ami, puis mon mec, et maintenant, il n'était plus que mon ex. Il était devenu un souvenir auquel je repensais de temps en temps dans un élan de nostalgie passager. Pendant les deux ans qu'avait duré notre relation je n'avais pensé qu'à lui, et même après qu'il m'ait trompé, je n'avais pensé qu'à lui pendant des mois. Je l'aimais encore et il avait tenté de revenir plusieurs fois, mais j'avais toujours pensé que j'étais trop jeune pour me prendre la tête ou encore souffrir de cette façon. Après notre rupture, je m'étais mise à le haïr de toutes mes forces, et puis la haine avait fini par retomber, et il ne restait plus que mes sentiments qui n'étaient jamais réellement partis.
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Demon
ParanormalPandore est une jeune fille vivant avec ces trois colocataires dans un petit appartement près de son collège depuis que ses parents l'ont abandonné sans jamais donner de raison. Si on omet cela, elle vit une adolescence normale, partagée entre les c...