Nous sortîmes donc de mon bâtiment et nous rejoignîmes le point de rendez-vous, le grand parking à l'entrée de l'arène, celui-ci était imposant et était totalement recouvert par la pierre et les poutres métalliques pour la soutenir. La voiture de Liam vint alors se garer à la va-vite sur la place à côté de celle de Téo, ne manquant pas de lui arracher le rétroviseur. Téo, qui venait d'arriver derrière nous, soupirait bruyamment en fronçant les sourcils et en grattant sa tête rasés de près avant de passer ses mains devant ses yeux bruns avant d'avancer vers Haiden qui venait de sortir du côté conducteur de la voiture. Les autres arrivèrent peu après et sans un mot d'échangés nous montions dans chacune des deux voitures. Je me retrouvais ainsi avec Téo et Raphaël à l'avant puis Gabriel à l'arrière avec moi puisque tout le monde avait jugé bon de séparer d'Enzo et Jace.
Affalé contre le siège, je décidais de dormir, car je n'avais pas pu me reposer comme je l'aurais dû avec tout ça. Surtout qu'avec toute cette réflexion sur le fonctionnement du plan, j'étais finalement encore plus fatigué que je le pensais.
Mes yeux semblaient ensuite se rouvrir dans un endroit qui m'était totalement inconnu, au-dessus d'une falaise au ciel grisâtre, avec un vent qui semblait assez fort pour arracher les arbres de la forêt environnante. Je savais pertinemment qu'à ce moment-là je rêvais, ça m'arrivait assez rarement, mais ça n'était pas la première fois que ça se passait. À chaque fois, je me réveillais dans un nouvel endroit, avec un ciel qui indiquait qu'un orage allait bientôt pointer le bout de son nez, et une voix douce que j'associais à la troisième voix que j'avais entendue lors d'un trajet en voiture plusieurs années plus tôt.
Cette fois-ci c'était un peu différents, contrairement à d'habitude où j'entendais juste sa voix sans savoir à qui je m'adressais, là il y avait une femme d'un peu près mon âge juste devant moi. Quand je la vis, je ne pus m'empêcher de trouver qu'elle me ressemblait étrangement. Elle avait la même forme de visage que moi, légèrement carré, avec les mêmes cheveux châtains et des yeux qui tirait plus vers le gris que les miens. Sa peau était cependant plus pâle que la mienne, à tel point qu'elle en semblerait presque malade. Elle s'approchait alors de moi avec un petit sourire et passa sa main sur ma joue en soupirant d'une voix triste :
— Tu m'as vraiment manqué tu sais.
— Je sais. Répondis-je simplement. Tu me l'as déjà dit il y a quatre ans. Mais... Qui es-tu ?
Pour une raison que j'ignore, je me sentais bien avec elle, c'était comme s'il y avait une partie qui manquait et qui, tout d'un coup, était revenue. J'avais l'impression d'être en totale sécurité et en confiance avec elle alors que je ne connaissais même pas son prénom.
— Je suis Lumina. Disait-elle en rigolant légèrement. C'est normal que tu ne puisses pas te rappeler de moi, tu ne te rappelles même pas qui tu es.
Je la regardais avec incompréhension, elle qui remettait en cause mon identité lorsque je n'avais aucun souvenir passé avec. Je savais qui j'étais, et je l'ai toujours su. Donc pourquoi me dire l'inverse ?
— Co... Comment ça ? Demandais-je troubler.
Elle se contentait de me sourire une nouvelle fois en se reculant, elle posait alors ses deux mains sur mes joues avant d'approcher ma tête de la sienne jusqu'à ce que nos deux front se touchent. Un flash me couvrait soudain la vue me faisant fermer les yeux, quand je les rouvris, il n'y avait plus rien. Plus de falaise, plus de ciel, et plus de Lumina, elle avait disparu. Tout ce qu'il restait était une mélodie dont les paroles me semblaient vaguement familière et où les notes semblaient sortir de nul-part. On aurait dit une vieille berceuse que ma mère me fredonnait quand j'étais petite, elle était très lente et avait quelque chose qui avait le don de m'apaiser dès que je me sentais au plus mal, ce qui arrivait souvent. D'ailleurs, dans mes souvenirs ma mère adorait jouer, elle était toujours accompagnée d'un air de piano. Et quand elle appuyait sur la dernière note, elle se plaisait à me dire que "la meilleure des musiques n'est pas celle que l'on entend, mais celle que l'on ressent".
Dès que l'entendait chanter, j'arrêtais ce que je faisais et accourais dans ma chambre pour pouvoir l'écouter, c'était le seul moment où je pouvais y mettre les pieds, outre le moment du coucher. Elle avait une magnifique voix, sûrement la plus belle que j'ai pu entendre, avant qu'elle ne m'abandonne bien sûr. À l'époque, je ne comprenais pas les paroles, et même en y repensant, je ne les comprenais toujours pas, elle me disait que c'était une langue très ancienne que plus personne ne parlait, ce à quoi je lui demandais de me traduire les paroles, elle ne répondait alors jamais et me sortait de ma chambre avant de refermer la porte.
J'ai beau avoir très peu de souvenirs avec elle, ma mère a toujours eu ce quelque chose d'apaisant qui n'appartenait qu'à elle. Et même quand elle m'a mise dehors, elle avait cet air scotché sur le visage qui semblait me murmurer que tout allait bien se passer. Contrairement à mon père, je n'arrivais pas à la détester, même lorsqu'elle me forçait à faire toutes les choses les plus flippantes de la Terre, je ne pouvais pas la haïr. Et si je me disais à chaque fois que cet air ne collait pas à sa personnalité, je me suis rendu compte plus tard qu'en réalité, c'est surement grâce à tout ça qu'elle semblait si réconfortante, puisque, avec tout ce qu'elle a vécu, il n'y a plus rien maintenant qui puisse la tracasser au point de déformer son visage.
— C'est le seul indice que je puisse te donner... Me disait-elle avant que sa voix ne disparaisse totalement, me ramenant illico dans la réalité.
Contrairement aux autres fois, je me réveillais calmement sans aucune sueur froide ou sursaut quelconque. La voiture était dans le calme le plus complet, me laissait entendre le bruit de la pluie s'abattre sur le toit de la voiture. Téo conduisait pendant que Raphaël dormait et que Gabriel regardait par la fenêtre en écoutant de la musique avec ses écouteurs. Quand il vit que j'étais réveillée à mon tour, il me tendit son écouteur, je pris alors le petit objet sans fil noir et le mit à mon oreille, me faisant sourire presque instantanément quand je reconnus la musique qui se jouait. Il s'agissait de Meteor Shower de Cavetown, ma musique préférée depuis des années maintenant. Je le regardais alors avec des grands yeux surpris qu'il aime lui aussi cette musique et changeait de siège pour pouvoir me rapprocher de lui et discuter sans réveiller Raphaël qui dormait sur le siège juste devant moi.
— Tu aimes la musique ? Me demandait-il.
— Je l'adore, c'est de loin ma musique préférée.
Il me regardait avant de me dire qu'il aimait beaucoup cette musique, mais que ce n'était pas sa préférée. Une fois la musique terminer, il mit Luci d'Izaid, une musique que je ne connaissais pas, mais qu'il qualifiait comme génial, avant de préciser que c'était sa musique préférée et que c'était normal que je ne connaisse pas puisqu'il s'agissait d'un petit rappeur. Le fait qu'il défendait son artiste préféré avec tellement d'ardeur, je trouvais ça trop mignon. Il semblait absorbé par tout ce qu'il disait au point que sans connaître cet artiste, je ne pouvais que le trouver formidable.
— Ça m'étonne que tu aimes autant la musique, m'exclamai-je, tu n'as pas l'air de quelqu'un de très musical.
— Il y a beaucoup de choses qui t'étonneraient tu sais. Me répondit-il avant de poursuivre devant mon air interrogateur. Par exemple... Ça peut paraître con mais... J'adore lire. Je sais que ma vie pourrait en être un livre avec tout ce qu'il se passe mais... Ouais j'aime bien ça.
— Ah, en fait, non, ça ne me surprend pas tant que ça. Je pars du principe que tout le monde peut aimer lire s'il trouve le bon livre.
Il me souriait avant de poursuivre la conversation. Cela m'étonnait de voir à quel point il y avait des choses intéressantes à savoir sur lui, sur sa vie, sur ce qu'il aimait ou pas ou encore sur son addiction étrange au café que je n'avais alors jamais remarqué. Il y avait quelque chose dans sa façon de parler qui rendait tout intéressant et passionnant, à tel point que j'avais envie d'aimer tout ce qu'il aimait. Je lui racontais ensuite un peu ma vie et mes goûts, qu'il semblait lui aussi écouté avec attention, et recherchant sur internet les adversaires que j'avais combattus ou les titres de musique que je lui donnais. Il regardait même les combats, ce qui me gênait légèrement, surtout quand il me regardait en souriant lorsque j'arrivais à gagner par miracle. Il y avait quelque chose chez lui qui avait changé, il n'avait plus rien à voir avec le Gabriel que j'avais connu, il était beaucoup plus gentil et... agréable. J'aimais beaucoup cette nouvelle facette de lui. En fait... Je pense que je l'aimais beaucoup.
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Demon
ParanormalPandore est une jeune fille vivant avec ces trois colocataires dans un petit appartement près de son collège depuis que ses parents l'ont abandonné sans jamais donner de raison. Si on omet cela, elle vit une adolescence normale, partagée entre les c...