Demon

Chapitre 4-1

Quelques années se sont écoulées depuis la dernière fois que j'avais vu Haiden et les autres, et je dois avouer que j'avais été trop m'occuper pour y penser. Même si au début j'étais plutôt mal de m'être fait abandonner, j'avais fini par relativiser et à me dire qu'il ne fallait pas oublier qu'ils m'avaient quand même kidnappé, et que finalement j'avais juste repris ma liberté. En y repensant, j'ai fait pas mal de choses en quatre ans, et en appelant Axel je n'aurais jamais pensé en découvrir autant sur mes pouvoirs ou sur tout le monde caché qu'avait érigé tous ceux qui avait des pouvoirs. En effet, maintenant je faisais partie de ce monde caché, j'en étais même devenu une actrice importante dans le domaine du divertissement en devenant une des meilleures guerrières dans l'arène souterraine d'Athéna. J'habitais donc gratuitement dans les appartements dédiés aux combattants les plus valeureux et grâce aux payes que je recevais après chaque combat, la nourriture et les soins ne posaient aucun problème, j'avais même de quoi partir en vacances à l'étranger tous les trois mois si je le voulais.

— Donc, après que vous avez appelé l'informateur, que s'est-il passé ?

Je me concentrais alors sur la journaliste en face de moi, venu pour m'interviewer sur mon parcours, passant d'inconnu à troisième dans le classement général, juste avant mon combat pour atterrir à la première place. Elle était très grande et de ses yeux blancs me regardait à travers mon masque noir et rouge, cachant mon visage par sécurité. Je commençais ainsi à lui raconter, me replongeant moi-même dans cette histoire qui me semblait si lointaine.

— Après lui avoir demandé de l'aide, il m'a emmené dans un des bureaux de l'arène réservé aux manageurs. C'est d'ailleurs là que j'ai rencontré Raphaël, un détraqueur aujourd'hui mon meilleur ami, et Téo son manageur, un métamorphe qui est devenu aussi mon manageur par la suite. Ce qui faisait que Raphaël et moi on s'entendait aussi bien, c'était notre intérêt commun pour les missions. La plupart des combattants arrêtaient d'en faire une fois qu'il faisait des combats réguliers, mais pas nous. On aimait la sensation que nous procurait l'adrénaline lors d'une infiltration et ce qu'on ressentait quand on se faisait prendre et qu'il devait manipuler le temps pour pouvoir arranger les choses. C'étaient des petites choses comme ça qui rendait impossible pour nous l'idée même d'arrêter. Ensuite, quand j'ai fait mon premier combat pour voir si j'étais assez puissante pour être dans ceux programmés à la télé, j'ai apparemment ébloui les spectateurs, ce qui fait que je me suis rapidement retrouvé à la télé avec un masque sur mesure que je n'ai pas quitté depuis. À partir de là j'ai rapidement monté dans le classement, même si j'ai échoué parfois. Puis j'ai commencé à faire des partenariats et à œuvrer pour des causes qui me tenaient à cœur.

Après lui avoir raconté ceci, elle replaça ses cheveux blond et bouclé derrières ces oreilles percées avant de me reposer plusieurs questions sur lesquelles j'avais déjà des réponses toutes faites grâce à Téo. Après une bonne demi-heure, elle me posa une question qui me prit de court.

— Et la veste derrière vous, d'où vient-elle ?

— La veste ? Je me retournais vers la veste couleur sable accroché à un porte-manteau dans le salon. C'est une veste que m'avait donné des amis à moi avant... Je ne pourrais pas m'en séparer.

La journaliste regardait le logo au dos de la veste, elle sembla vouloir faire un commentaire, mais s'y résigna et changea de sujet. Une bonne heure après, c'était enfin terminé, et après m'avoir souhaité bonne chance pour le combat à venir elle sortit de chez moi accompagner des cadreurs. Je me remis à regarder la veste, je pensais très peu aux années qui avaient précédé mon arrivée à l'arène, ils me manquaient un peu quand j'avais du mal à dormir le soir, ce qui devenait de plus en plus récurent, mais comme je n'avais gardé contact avec personne je n'y pensais plus et il n'y avait personne pour m'y faire penser.

Raphaël entra soudainement dans chez moi en claquant la porte et en déboulant dans le salon d'un air trop enjoué pour que ce soit réellement une bonne chose.

— Devine qui a une mission ! Je répondis un petit "nous ?" avant qu'il continue sous mon regard interrogateur. Actuellement on a une grosse mission qui nous attend, genre, la plus grosse qu'on ait jamais eu ! Il sembla se retenir quelques secondes pour faire durer le suspense. On va aller sauver des enfants dans les bâtiments du M.S.G avec un autre groupe surpuissant !

— Surpuissant, c'est-à-dire ? Et elle est quand cette mission ?

— Quelque temps après ton combat contre le numéro un. Et quand je te dis puissant... Apparemment leur chef pourrait te battre sans soucis.

On faisait souvent des missions avec d'autres groupes, mais c'était plutôt rare de se retrouver avec un groupe qui avait un niveau supérieur au nôtre. Par contre, c'était courant de rencontrer des gens plus puissants que moi puisque généralement, ils avaient autre chose à faire que bosser en tant que combattants dans une arène, mais ça me faisait toujours bizarre de m'associer avec et non de le combattre.

— T'es au courant que je ressors d'un gros combat, je ne serais sûrement pas au top de ma forme.

— Peut-être, mais ce sera une mission d'infiltration et de sauvetage, vu l'équipe, je pense que la moitié de ta force sera suffisante, en plus dans le pire des cas, je te couvrirais.

Je soupirais me demandant si c'était réellement une bonne idée, après le combat, quelle que soit l'issue, il me faudra certainement plusieurs semaines pour retrouver pleinement mes capacités. Étant un démon, j'avais la chance d'être forte, mais cette magie abimait et épuisait totalement mon corps donc je ne pouvais pas négliger mon temps de repos. Cependant, avant que je n'ai le temps de dire quoi que ce soit, le temps se stoppa et deux ombres, l'une noirâtre, l'autre blanchâtre, apparurent devant moi. J'étais habitué maintenant à ces apparitions constantes de ces formes à l'allure si féminine et douce, à l'antipode de celle qui apparaissait quand je m'énervais de trop et qui était créé à cause des particules noires qui remplissait alors l'air. Ces deux ombres, celle aux couleurs blanches s'appelant Nyx et l'autre Stria, étaient presque devenues des guides, m'aidant dans mes choix quand celui-ci était important et ceux malgré les longues périodes sans apparition. Elles se justifiaient en disant que c'était selon la période de l'année et selon le placement de la lune et du soleil. Mais malgré tout cela, il me restait toujours deux voix dans ma tête qui m'aiguillaient, elles aussi, l'une appartenant je pense à mon démon et l'autre que je n'arrivais toujours pas à attribuer. De toute façon, à la fin du mois, je n'entendrais plus les deux gardiennes jusqu'à l'année prochaine, alors autant ne pas s'attarder dessus.

L'ombre blanche s'approcha de mon oreille et me murmura d'accepter son offre d'une voix saccadée. Je soupirais donc une seconde fois pendant que le temps revint à la normale. Raphaël frissonnait, en tant que détraqueur, il se rendait compte des arrêts de temps que provoquaient ces ombres et je l'avais mis au courant de leurs existences pour éviter qu'il ne me harcèle de question comme il en avait l'habitude quand il sentait que je lui cachais quelque chose.

— Elles t'ont dit quoi ? Me demandait-il avec excitation.

Ce qui se passait avec mes pouvoirs lui échappait totalement, il ne comprenait pas, pour lui ça les rendait extrêmement intéressant et la moindre chose qui sortaient de l'ordinaire l'intéressait au plus haut point.

— Elles m'on dit d'accepter... Soufflai-je en souriant légèrement.

— Oui ! S'écriait-il. C'est un signe, cette mission va nous rapporter grave ! Je vais prévenir Téo !

Et c'est ainsi que Raphaël disparu de mon champ de vision avec une rapidité insoupçonnée pendant que je regardais avec étonnement à travers la vitre ou je le voyais déjà sortir de mon bâtiment. Je souriais alors, me disant à quel point j'avais de la chance de l'avoir, mais ma joie redescendit rapidement quand je me rappelais du combat qui m'attendait le lendemain.