Chapitre 7-3

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— Assis toi. Me disait-elle en tirant une des deux chaises.

Je n'opposais alors aucune résistance et m'assis sur la chaise calmement, j'avais pensé que tenter quoi que ce soit serait juste dangereux pour moi et les autres. Je savais aussi que si j'étais là, c'était pour une raison, donc autant savoir ce qu'il voulait exactement.

Jared arriva et s'installa en face de moi, me regardant de telle manière que j'avais l'impression qu'il essayait de connaître chacune de mes pensées, de contrôler chaque parcelle de mon âme. Cette pensée me fit frissonner, pouvait-il les lire ? Maintenant qu'il était devant moi avec une luminosité correcte, je pouvais voir distinctement à quoi il ressemblait. Malgré le fait que les vampires avaient par nature le physique qu'ils avaient ou auraient dû avoir, vers vingt/vingt-cinq ans, lui paraissait un peu plus vieux, plus proche de la quarantaine. Ces yeux étaient cernés de façon à ce qu'on avait l'impression qu'elles étaient même incrustées sur son visage. Ses cheveux blond, plaqué à l'arrière avec quelque mèches rebelle, était terne et ses yeux gris malgré l'amusement qui si lisait devait surement être plus vif dans sa jeunesse.

— Bon commençons, parlons affaires. Commençait-il. Vois-tu, tu es puissante et célèbre grâce à tes fameux combats dans l'arène.

— Et donc ?

— Et donc j'aimerais que tu rentres dans mon armée, si tu acceptes tu auras le titre de générale.

— Pourquoi faire ? Si vous avez déjà une armée, une personne de plus ou de moins ne devrait pas changer, surtout que vous avez surement des généraux bien plus expérimentés. L'expression sur son visage changea l'espace de quelques millisecondes, mais c'étaient des millisecondes de trop. À moins que vous n'en ayez pas ? Non, ce n'est pas possible... Je m'approchais de lui et posais mes deux mains sur la table. Vous n'avez plus de contrôle dessus.

Sa réaction a ma dernière phrase montrait que j'avais vu juste, son armée ne devait plus lui obéir pour diverses raisons.

— Bien vu... Admit-il. Je vais être honnête, effectivement je conduis cette armée depuis un bon moment maintenant et j'ai remarqué que leur dévouement était moins... Fort. Et j'ai besoin d'eux pour ce qui va suivre, t'avoir à leur tête le rendront peut-être plus confiants et au pire ça renforcera mon autorité.

— Comment ça "ce qui va suivre" ?

Il se leva de sa chaise et s'en écarta un peu, comme si depuis tout à l'heure, c'était le moment qu'il attendait.

— Faire en sorte que toute l'humanité connaisse notre existence. On se fait martyriser par des petits humains qui savent à peine utiliser une arme alors que si on s'y mettait, on pourrait totalement les supprimer de la planète, qui finalement, s'en porterait sûrement mieux. Mon but n'est pas de les supprimer, mais de les asservir et de les torturer comme ils ont fait avec tant d'autres avant toi ou moi. J'ai vu les siècles passés et rien n'a changé alors il est tant que je le fasse.

— Je comprends votre point de vue, disais-je, mais vous croyez vraiment qu'après avoir tué Blake et Gabriel je vais vous aider ? Et les asservir et les torturer ? Sérieusement ? Donc pour changer les choses vous leur faites subir ce qu'ils nous ont fait ? Comme si échanger les rôles allait arranger quoi que ce soit.

— Dois-je comprendre que c'est un non ?

— Oui. Je ne vous aiderai pas.

— Tu oublies trois choses, la première est que j'ai encore tes amis et que si j'ai envie d'en éventrer un il n'y a rien qui m'en empêche. La deuxième est que tu es prisonnière, tu n'es pas en position d'accepter quoi que ce soit. Et la troisième... Ce n'est pas moi qui aie tué Gabriel, c'est toi.

C'était pour moi comme un coup de massue qu'il venait de m'asséner. Dans le fond, il avait raison, c'est moi qui l'avais tué. Si j'avais été plus forte, si j'avais pu résister, rien de tout ça ne se serait passé. Cependant, même si je me sentais coupable, ce n'était pas moi qui l'avais tué, c'était lui. C'était lui qu'avait pris le contrôle et qui m'avait forcé à faire ça. Le seul coupable que je m'autorisais à voir, c'était lui.

— Très bien, la première, c'est que tu as beau avoir mes amis, tu ne les tueras pas puisque sinon tu n'as plus aucun moyen de pression sur moi. Tu veux que je t'aide et tu sais qu'en les tuant je ne le ferais pas puisque je n'aurais plus rien à perdre. Et même si tu en tuais un ou deux tu sais que dès que je serais avec ton armée, la première chose que je ferais, c'est la retourner totalement contre toi. La deuxième est qu'actuellement, c'est toi qui as besoins de mon aide, serte je suis prisonnière, mais n'oublie pas qui a besoin de qui. Et la troisième... Tu es celui qui l'a tué.

— Tu as raison sur presque tout. Enfin bref, je vois que le minimum de respect que tu pouvais avoir pour moi a disparu. Puisque c'est ainsi, on va procéder autrement... La torture ça te tente ?

— Quoi ?

Le mot avait à peine eu le temps de sortir de ma bouche que Jessica arriva derrière moi et tenta de me frapper violemment l'arrière du crâne. J'esquivai de justesse, savant que ce même coup n'aurais pas pu fonctionner une deuxième fois. J'allais alors répliquer en tentant de projeter ma magie sur elle comme je sais si bien le faire, sauf que là rien ne sortit de moi, là où il aurait dû s'enrouler autours de mes bras avant de la transpercer. Je regardais mes mains avec incompréhension, ne comprenant pas ce qu'il venait de se passer. Cela faisait maintenant plusieurs années que j'arrivais à contrôler ma magie, et ce genre de sort simpliste ne m'avais jamais fait défaut depuis. Un violent coup dans le dos me projeta alors contre le mur pendant que j'étais toujours déstabilisé. Et même si j'avais réussi à mettre mon bras devant mon visage, empêchant mon corps de cogner totalement contre le mur, l'impact de mon bras contre ce dernier avait causé une impressionnante fissure.

J'essayais alors de me relever, mais la douleur que je ressentais sur ma colonne vertébrale m'en dissuada. Au fond j'enrageais, il était hors de question que je me sois fait battre de la sorte. Et pourtant le résulta était sans appel, j'étais incapable de me relever.

— Ça ne sert à rien d'essayer de te battre, me murmurait alors Jared en s'approchant de mon oreille, c'est exactement la même magie que j'ai utilisé pour te faire tuer le deuxième petit démon.

À ses mots, j'avais presque les larmes aux yeux. Même si je ne voulais pas pleurer, mon sentiment d'impuissance se faisait de plus en plus fort, insupportable. J'avais l'impression que c'était la fin, que j'allais finir prisonnière ici pour toute ma vie. Mon arrogance de tout à l'heure m'avait quitté et il n'en restait plus rien. Je ne répondis donc pas ce qu'il venait de me dire, déjà par ce que je n'en avais plus la force, mais aussi par ce que je n'avais rien à y redire, il avait gagné.

DemonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant