Chapitre 9-1 (Jared)

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Par delà les rives, dans un manoir près d'un petit village aux allures lugubres de la vieille Angleterre, vivait une famille de vampires où un événement heureux venait d'égayer la journée. Leur enfant venait de naître.

Une femme aux longs cheveux d'or regardait le nourrisson avec douceur, jouant avec sa petite main potelé du petit doigt. Médeïa avait cette tendresse naturelle en elle qui en attirait plus d'un, mais ce n'était rien comparé à la tendresse qu'elle donnait à son unique enfant. Avant de devenir une vampire, la jeune femme ne pouvait concevoir d'enfant, alors en tenir un entre ses magnifiques bras blancs était un rêve pour elle.

— Il s'appellera Jared, décréta-t-elle, et il sera appelé à de grandes choses.

Le père, qui semblait beaucoup plus froid, mais qui avait réussi à séduire la jeune Médeïa, pris sa femme dans ses bras. Harden avait déjà 175 ans lorsqu'il avait rencontré Médeïa, il était descendant d'un ancien clan de vampires éteint depuis plusieurs dizaines d'années déjà. Ces vampires étaient reconnaissables grâce à leurs pouvoirs différents des autres clans et aussi par certains attraits physiques, comme une énorme marque en forme de démon dans le dos et des cheveux plus noir que n'importe qui. Leurs pouvoirs, contrairement aux autres, étaient majoritairement mentales et non physique. Il passait par le contrôle des esprits et des corps, ainsi que diverses manipulations dont Harden ne connaissait même pas encore l'étendue. Lui, sa femme et son fils avait beau être les derniers représentants de son clan, il n'avait jamais aimé se battre, au contraire de ses frères et sœur aujourd'hui décédés. Il préférait une vie calme, loin des terres familiales françaises.

Toute envie vengeance l'avait quitté depuis qu'il avait rencontré Médeïa, à moitié morte sur la route de pavé londonien. Ses cheveux baignaient dans le sang et elle regardait le ciel d'un regard absent. Elle était encore en vie, mais mourante, une de ses "amies" l'avait poignardée dans le dos en sortant de chez elle pour une histoire d'homme. Harden c'était sentit attiré vers cette femme au regard bleuté, il ne pouvait pas la laisser là. Alors, il l'avait ramené chez lui, l'avait transformé puis l'avait soignée. Au début, la jeune blonde avait eu du mal à s'y faire, elle avait refusé d'avaler quoi que ce soit pendant deux bonnes semaines, jusqu'à ce que la faim la force à manger. Elle avait fini par accepter ce qui lui était arrivé et avait même commencé à développer des sentiments à l'égard d'Harden, dont elle ne pouvait plus se passer.

— Il fera mieux que de grandes choses. Répondait-il.

Elle lui souriait à pleines dents avant de se concentrer de nouveau sur son fils. Oui, il allait accomplir ce qu'aucun autre vampire ne pourrait faire. Elle le savait.

Les années passèrent alors à une vitesse hallucinante. Jared était un petit garçon plein de vie qui était comme son père, pacifiste. Jamais il n'avait connu les combats et les violences entre les vampires, typique de la France, de l'Espagne et de l'Autriche par exemple. Et c'est comme cela qu'il grandit, à l'image de son père, intelligent et calme, et celle de sa mère, douce et aimante.

Cependant, au beau matin de ses dix-neuf ans, Jared n'aurait jamais pu penser ce qui était arrivé. Il s'était levé de son lit et était descendu de sa chambre en direction de sa chambre pour trouver ses parents et leur souhaiter le bonjour comme il le faisait depuis son plus jeune âge. Mais il ne les trouva pas, il ne trouva que les meubles du grand hall retourné et fracassé, noyé sous le sang de personnes qui semblaient être sorties. Il s'empressa d'aller dehors, ses longs cheveux ondulés comme sa mère flottant dans l'air. Il avait une mauvaise impression, quelque chose clochait et il le savait. Il avait l'intuition de sa mère et il en était fière. Mais ce n'était pas le moment pour des pensées aussi futiles, ses parents étaient peut-être en grand danger.

Il sortit le cœur battant et appela ses parents, mais personne ne répondit. La seule réponse qu'il eut après quelques minutes fut le rire gras d'un vampire grassouillet qui devait bien avoir plusieurs centaines d'années. Il tenait dans ses mains la tête qui avait été retirée du corps d'Harden, gisant à deux pas de Jared. Il ne savait comment réagir, s'il devait se battre, fuir ? Peut-être que sa mère était encore en vie.

Alors, il partit en direction de la forêt derrière le manoir qui l'avait vu grandir. Si sa mère avait fui quelque part, alors elle devait être là. Médeïa connaissait la forêt comme personne, c'était presque comme sa deuxième maison. Elle passait son temps à cueillir des herbes et des champignons, elle disait souvent que si elle pouvait quitter ces terres pour vivre dans la forêt elfique, elle le ferait sans hésiter. C'est pourquoi elle ne pouvait que se cacher là, il avait bien regardé, il n'y avait que son père au sol, et même si sa mort le dévastait, il n'était sans doute pas trop tard pour sauver sa mère.

Il arriva dans la forêt le souffle court, il connaissait très bien la forêt lui aussi, mais il était poursuivi, il ne pouvait pas perdre de temps. Il se faufilait entre les arbres le plus rapidement possible, essayant de perdre cet homme qui ne le lâchait pas. Sa mère avait dû se diriger vers le grand arbre, un après aussi vieux que son père qui, même s'il ne surplombait pas la forêt, était enchanté de façon à perdre tous les passants. Sa mère avait tellement arpenté ces forêts qu'il était impossible qu'elle se perde, elle retrouvait toujours son chemin. Quant à lui... Il aviserait.

Une fois arrivé au grand arbre, il tomba au sol, à genoux devant le corps ruisselant de sa mère dont la peau était encore chaude.

— Jared, fils d'Harden et dernier descendant du clan d'Elevïr. Ton espèce doit être exterminée.

Il leva son bras crochu vers le jeune garçon, prêt à le tuer, mais il ne l'abattit jamais. Jared avait usé de magie. Il détestait la violence, mais pourtant il excellait dans la manipulation des corps et des masses, il était bien plus fort que son père. C'est pourquoi contrôler le corps de ce vieux vampire qui ne connaissait que nourriture et alcool n'avait rien de compliqué pour ce vampire encore en pleine forme physique et avec un don inné pour la magie. D'un geste de main, il réduisit le cœur de la bête en cendre et laissa tomber son corps sur le sol mou et chaud de la forêt.

Ce fut la première personne qu'il tua. Il avait beau regarder encore et encore le corps sans vie, il ne ressentait aucune empathie. Il se demandait s'il était vraiment aussi pacifiste qu'il le pensait et se mit à penser qu'il pourrait encore tuer si l'occasion s'en présentait. Même s'il avait une répulsion à tuer des humains ou des êtres d'une autre espèce, il voulait tuer des vampires pour se venger et asservir les autres. Il n'allait pas laisser se faire tuer et n'allait pas non plus laisser le meurtre de ses parents impuni.

Il allait tous leur faire payer. 

DemonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant