Chapitre 2-2

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— Je vais te dire franchement, tu pourrais tirer ça n'aura aucun effet sur moi. Me disait-il en se relevant légèrement. Tu peux même me la mettre en pleine tête ça ne changerait rien.

— Une balle dans la tête te ferais rien ?

Mon cerveau se mit à réfléchir, son comportement me montrait qu'il ne mentait pas, il n'avait aucune peur sur son visage, dans sa voix ou dans sa façon de réagir, et la façon dont il avait posé l'arme sur le côté sans même la surveiller me montrait qu'il n'en avait réellement rien à foutre. Je me disais que maintenant, vu la situation dans laquelle je mettais mise, j'étais dans la merde, je me tournais donc en tirant le plus rapidement possible sur la rebelle qui m'avait brûlé la cheville. À peine avais-je tiré que le rebelle qui était assis à coter en face de moi m'arracha l'arme des mains avant de m'immobiliser contre le mur avec sa main restante. Je savais pertinemment que je venais de me mettre dans une situation délicate, cependant mon futur sort ne valait rien comparé à la satisfaction de voir la meuf tomber au sol en appuyant ses mains contre ses côtes. Ma satisfaction était immense, au moins si elle, ou il, me tuait, je me serais défendu et j'en aurais blessé un.

Le rebelle en face de moi soupira bruyamment et releva légèrement son masque, laissant entrevoir le bas de son visage, du menton jusqu'au-dessus de la lèvre supérieure. Il me fit un léger sourire, comme si ce qu'il s'était passé quelques secondes plus tôt n'avait aucun impact sur lui ou même la personne sur qui je venais de tirer et me dis, dans le plus grand des calmes :

— Tu ne rends pas les choses faciles, tu sais ?

Je m'apprêtais à lui répondre quand il sortit une petite seringue d'une de ses poches, je commençais alors à me débattre du mieux que je pouvais en lui donnant des coups de pied, en le mordant et en le frappant de toute part. Il sembla en avoir marre et, comme si ma force équivalait à celle d'un moucheron, il attrapa mon bras, vérifia qu'il n'y avait pas de bulle d'air dans la seringue et me la planta dans une de mes veines à l'avant-bras. Je me retournais vers Enzo, il était mon seul espoir de m'en sortir, mais je fondis en larmes quand je le vis au sol, brûlée de la tête au pied sur tout le côté droit avec cette fille juste en face, droite, ce tenant les cotes a l'endroit où je lui avais tiré dessus. Cette fille, c'était un monstre, un vrai, elle n'avait pas besoin de masque, et je suis sûr qu'elle n'avait même pas besoin de flammes qui sortent de ses mains pour en être un.

J'essayais tant bien que mal d'essuyer mes larmes et de me lever pour aller l'aider, mais j'en étais incapable, mes membres s'étaient alourdis et je n'arrivais pas à garder ma tête droite, et en plus je ne sentais plus rien, que ce soit ma brûlure, qui s'étendait, je crois, de ma cheville jusqu'à la moitié de mon tibia ou le coup de couteau que je m'étais prise dans la cuisse. Je ne sentais tellement plus mon corps que je ne m'étais pas sentis tombé à terre sur le côté. Le seul point positif que je pouvais encore trouver, c'était que j'étais toujours consciente, et même si je galérais à garder les yeux ouverts, je pouvais encore voir ce qu'il se passait.

Je pouvais donc encore voir le rebelle assis en face de moi ce lever, poser son arme sur la table, là où il l'avait posé quelques instants plus tôt, se mettre dos à moi et avancer jusqu'au milieu de la pièce avant de jeter ce qu'il me semblait être son masque. Les autres rebelles semblaient se préparer et se collaient contre les murs pour une raison qui m'échappait. Et d'un coup, tout le monde fut propulsé aux quatre coins de la pièce, la vingtaine d'élèves qui s'étaient cachés sous les tables furent, eux aussi, propulsé et j'en vis certains déjà entourer d'une flaque de sang. Je me vis moi-même partir, en fait, je vis surtout le sol s'éloigner de moi avant de revenir à toute vitesse, comme si j'étais tombé. J'essayais encore de voir ce qu'il se passait, mais du sang commençait à couvrir ma vue et mes pensées se faisaient de plus en plus floues, embrumées, et n'avait plus aucun sens. Je fermais les yeux sans pouvoir les rouvrir malgré mes efforts et perdis peu à peu le peu de sens qui me restait jusqu'à que même mes pensées ne s'éteigne.

Des flashes, c'est tout ce que j'avais à partir de là, mon monde ne tournait que comme ça. J'étais sûrement quasiment tout le temps inconsciente, mais j'avais parfois des moments de conscience où je clignais deux trois fois des yeux avant de m'évanouir de nouveaux. À chaque fois, je ne voyais pas grand-chose, je me voyais dans les bras de quelqu'un en train de courir, puis dehors, et puis à la fin, il faisait tellement sombre là où j'étais que je ne savais même plus si j'avais les yeux ouverts ou non.

Donc quand je me suis réveillé, pour de bons cette fois-ci, je me demandais si j'étais morte ou pas et c'est en essayant de m'étirer, quand je me suis cogné et que je me suis rendu compte que je n'avais pas la place pour, que je réalisais que j'étais bel et bien vivante, mais enfermée. J'essayais alors tant bien que mal de me libérer de l'endroit où j'étais avant d'abandonner, j'étais trop faible pour faire bouger quoi que ce soit. Je me mis ainsi à respirer, en tentant d'être le plus calme et silencieuse possible pour savoir où es ce que j'étais. Le bruit de voiture que j'entendis rapidement me mit la puce à l'oreille, j'étais dans un coffre. Je me mis donc réellement à paniquer, j'étais enfermée dans le coffre d'une voiture, qui devait sûrement appartenir aux personnes de tout à l'heure en plus. Et comme si ce n'était pas fini, ma douleur à la cuisse et à la cheville se réveilla, et ça me faisait tellement mal que je priais presque pour que l'on me drogue de nouveaux.

Quand je sentis la voiture s'arrêter pour de bons et le coffre s'ouvrir après ce qui me semblait être une éternité, je pleurais presque et la douleur était insoutenable. Je me forçais néanmoins pour me lever et descendre du coffre, tout ça pour tenter de fuir dans une manœuvre désespérée, cependant ma jambe n'était apparemment pas d'accord puisqu'elle lâcha sous mon poids me faisant m'écrouler au sol dans un grand fracas puisque dans ma chute, j'avais entrainé quelqu'un. Je reconnus le rebelle de tout à l'heure, puisque celui-ci avant remis son masque sur le haut de son visage, mais le bas était toujours visible. J'essayais de me relever, mais je n'y arrivais pas, une autre fille qui n'était pas là même que celle sur qui j'ai tiré, m'aida à me relever doucement en me soutenant comme elle pouvait.

Je regardais ensuite autour de moi, tentant comme je pouvais pour me retrouver et espérant reconnaître l'endroit. Mais je me trouvais dans ce qui semblait être une vielle usine ou entrepôt abandonné, les murs était gris et fissuré avec des trous par endroit et le sol en béton était, lui aussi, fissuré, mais en plus incroyablement sale. L'endroit était, contre toute attente, très éclairé puisqu'il y avait de grandes fenêtres et que certaine partie du plafond s'était effondré, laissant entrevoir un second étage sans toit, mais avec plein de verdure. Je retournais mon attention sur le gars qui était toujours au sol, mais cette fois-ci en position assise.

— Putain... Plus lourde tu meurs. Râlait-il en se relevant à son tour et en retirant son masque.

Une fois son masque retiré, ses cheveux court, boucler et brun qui dépassait de sa capuche tombaient sur son front, juste devant ses yeux vert pomme. Il avait une tête assez gentille avec ces taches de rousseur, le genre de tête où tu te dis que même si cette personne essayait, elle ne pourrait jamais être méchante ou crédible en cas de dispute. Cependant, ce n'était pas la même chose pour son sourire, rien que de le voir ce sourire, j'avais une envie puissante de le gifler juste pour qu'il disparaisse, c'était un sourire de petit con par excellence. Le pire, c'est qu'il semblait avoir un peu près mon âge, voir peut-être un peu plus vieux, ce qui augmentait encore plus mon envie de le claquer.

Les autres retirèrent tous leur masque, y compris les deux filles, et je pus rapidement voir qu'ils étaient cinq, deux filles et trois garçons dont celui qui venait de retirer son masque. Les deux gars partirent rapidement pour aller je-ne-sais-où pendant que celle sur qui j'avais tiré était toujours appuyée contre le mur. Le gars aux yeux verts s'approcha ensuite de moi en retirant sa capuche et commençait à me parler, et je me rendis compte à quel point, même sa voix était insupportable.

— Bon, j'espère que tu ne vas pas tenter de t'enfuir hein ? Je secouais la tête. Tant mieux ! Continuait-il avec un faux sourire avant de reprendre sérieusement. Tu vas aller avec Allison, elle va soigner tes blessures et te monter où tu vas dormir. Après, on se retrouvera là pour que je t'explique. Ça évitera que tu tentes de nous empoisonner cette nuit.

— Ce n'est pas ce que je comptais faire, ce n'est pas vraiment la meilleure des idées contre vous je pense. Répondis-je.

— C'est bien, t'es maligne au moins ! S'exclamait-il avec le même faux sourire qu'il avait quelques secondes auparavant.


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